Tribune de A.Pakoua

AUX COMPATRIOTES ET LECTEURS

Par Adolphe PAKOUA

Chers compatriotes et lecteurs,

Dans un point de vue publié le 8 décembre dernier dans Lesplumesderca, je vous faisais partager ma décision d’observer un temps de silence par rapport à l’examen et à l’analyse de la vie politique centrafricaine, temps pendant lequel je me réservais de faire le moindre commentaire, la moindre analyse. Beaucoup d’entre vous, que je ne citerai pas et qui se reconnaîtront inévitablement, m’ont demandé de revenir sur cette décision car notre pays traversait une période très difficile, qui nécessitait l’apport de tous, pour entrevoir un lendemain meilleur.

Ne pouvant demeurer insensible à une telle sollicitation, je me permets aujourd’hui de rompre un tant soit peu ce silence, pour vous remercier et exprimer ma très sincère gratitude à ceux qui ont pris leur temps pour m’écrire afin de me convaincre de continuer à prendre part dans les débats d’idées pouvant nous permettre, à nous tous, de faire les choix judicieux pour notre pays.

Peut-être que certains auraient voulu que cette trêve se prolongeât le plus longtemps possible, mais il n’y a que les sourds qui ne peuvent pas entendre l’appel au secours qu’on leur adresse.

Cependant, loin de prendre votre appel comme un appel au secours mais une franchise de votre part de savoir que les échanges sur les sujets relevant des problèmes de notre pays, doivent atteindre et rester à un niveau correspondant aux urgences et aux priorités de l’heure, je puis répondre à cet appel, pour apporter ma contribution à ce que nous pouvons produire de mieux, pour sortir notre pays de ce chaos immonde qui plie nos populations dans une misère qui ne saura jamais nous dire comment l’appeler.

Aussi, au moment où certains candidats sillonnent le pays à vol d’oiseau pour aller chercher des populations à qui ils n’ont jamais daigné rendre la moindre visite pendant les moments les plus sombres de leur histoire, c’est la rage au cœur que j’écris ces lignes.

La démagogie commence exactement ici. Il est vrai que le temps de la campagne électorale est très court pour donner aux candidats l’occasion et le temps de faire le tour du pays.

A l’époque coloniale, il n’y avait pas de pistes d’atterrissage pour transporter les colons d’une ville à l’autre, d’un village à un autre. Ceux-ci se faisaient transporter à bouts de bras dans un « tipoy » et avaient ainsi l’occasion de connaître les réalités des villages, des forêts, des savanes, des montagnes et des rivières du pays.

Bref, ne demandons pas à nos candidats de revenir à l’époque coloniale, mais demandons leur ce qu’ils auront appris de leurs périples, à part prononcer quelques discours mielleux, secouer quelques mains, porter dans leurs bras des enfants malfamés, ou se plier en signe de compassion devant la maigreur d’une vieille femme ou d’un vieillard handicapé.

L’insécurité qui règne dans le pays est exactement la même que celle que vivent nos parents dans les villages. En plus, de savoir que certains présidents une fois élu(s) ou arrivé(s) au pouvoir par le biais des armes, n’ont jamais daigné bouger de Bangui pour aller rencontrer les populations des provinces, que penser des marchands de charme qui seront rois demain ?

Un homme politique n’est pas seulement un homme avec le verbe à la bouche et des actions en tête. C’est aussi un homme de courage. Et le courage, c’est aussi descendre au niveau du peuple, pour ressentir ses joies, ses tristesses et ses peurs, quel que soit l’endroit où il se trouve, quelles que soient les difficultés à surmonter pour aller le rencontrer.

J’aurais aimé voir nos candidats aller de Carnot à Berbérati en voiture, pour qu’ils se rendent compte eux-mêmes de la réalité de l’état des routes dans l’arrière-pays. J’aurais aimé qu’ils aillent là où se trouvent les « partitionnistes », ces sauvages qui ont pris en otages nos frères et sœurs de l’est et du sud-est, pour leur dire de vive voix que ce pays est un et indivisible.

Au lieu de cela, on choisit les solutions de facilité pour produire des images et remplir les pages des réseaux sociaux afin de montrer à tous, la manière avec laquelle on conquiert le peuple, on gagne les élections.

Chers compatriotes, la campagne pour l’élection présidentielle est un leurre, nous le voyons bien, nous le savons bien. Les images qu’on nous montre servent à nous tromper. Elles sont les images d’une belle voiture à la peinture refaite et dont le moteur est en panne.

C’est pour cela que nous devons tout faire pour garder notre bon sens, faire le moment venu le choix le meilleur, l’unique, car nous n’avons plus droit à l’erreur, et les choses ne doivent plus être comme avant.

Je ne vous conseillerai pas de manger ce qu’on vous donne, de boire ce qu’on vous sert, de prendre l’argent qu’on vous donne car quelque part cette nourriture, ce vin et cet argent peuvent vous faire perdre le bon sens, pour faire de vous les esclaves demain. Et si vous acceptez tout cela, alors soyez assez forts pour vous dire que vous n’aurez, après coup, aucun compte à rendre à qui que ce soit.

Le pays a besoin de votre conscience, tout comme l’ont besoin vos frères et sœurs à côté de vous ou loin de vous.

Alors, le 27 décembre prochain 2015 et le 31 janvier 2016, faites votre devoir de citoyens, en sachant que nous n’avons plus droit à l’erreur.

Le Centrafrique doit vivre, son peuple aussi.

Adolphe PAKOUA

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Un commentaire

  1. Vous avez tout dit mon vieux! L’ insécurité c’est avant les campagnes. Au moment des campagnes il n’ y a plus ce problème, car ceux qui, durant des années connaissent plus le chemin qui mène de chez eux pour l’aéroport Bangui-mpoko pour assister aux réunions l’international de merde découvre subitement que le vrai pouvant les conduire vers ce pouvoir qu’ils convoitent tant se trouvent auprès de ceux qu’ils ont négligé durant cette crise. Contrairement à vous monsieur Adolphe PAKOUA qui leur déconseille de ne pas accepter ce que ces escrocs leur offre comme cadeaux empoisonnés, moi par contre je leur demande de bien se servir de ces prétendus cadeaux à satiété et s’ il en faut en abuser, car à cause de ces hommes politiques inconscients, nos compatriotes de l’arrière pays sont privés depuis deux des produits de première nécessité. Si ces politicards croient que c’est en offrant une poignée de sel ou quelques morceaux de savon qu’ils vont acheter la conscience de nos parents pour les voter qu’ils se trompent. Pour finir mes chers compatriotes, manger ce que l’on vous offre, buvez à satiété ce que l’on vous serve, mais dans l’isoloir faites appel à votre conscience de citoyen qui a beaucoup endurer de souffrances à cause de ces voyoux au col blanc. D’ailleurs ce qu’ils croient vous offrir sont les produits de vos labeurs qu’ils ont détourné des années durant et qu’ils vous redonnent! « E te e gnon et kpe e voté zo ti be ti e! »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page