Mots contre maux de rjpm

LA VALSE DE MME SAMBA-PANZA DANS JEUNE AFRIQUE

Qu’on se l’avoue, l’interview du 08 Avril 2014 de Mme Samba-Panza fait réellement débat et elle mérite d’être passée au crible de la critique objective.
A dire vrai, cette interview permet de mieux appréhender les orientations politiques de la présidente durant cette transition. Il va sans doute dire qu’elle nécessite une analyse minutieuse voire un décryptage approfondi. Tout compte fait, il est aisé d’admettre que la présidente était dans une bonne posture et sa prestation fut convenable. D’un côté, elle a su développer tous les points qui ont fait l’objet de son interview; de l’autre côté, elle était restée droit dans ses bottes tout en arborant la mine d’une thésarde appliquée qui mettait inlassablement en exergue son passage à la Sorbonne. Tout porte à croire que la présidente était déterminée à faire feu de tout bois ce jour-ci dans l’unique but d’infléchir la position des Centrafricains, qui sont encore indécis au processus de la transition en cours, afin qu’ils mutualisent toutes leurs énergies pour la reconstruction nationale. Pendant la séance des « questions-réponses », il se dégage cinq (5) points cruciaux qui méritent une audience publique devant le tribunal de la raison.

1- La refondation radicale des forces armées centrafricaines…

Cette approche suscite à l’évidence un débat houleux de nos jours dans la Centrafrique profonde à telle enseigne qu’on n’a point besoin de placer un thermomètre pour  prendre une quelconque température. A la question : « Les forces centrafricaines ont été désarmées. Faut-il revenir là-dessus » ? Mme Samba-Panza a répondu : « Les FACA constituent un autre problème. Leurs éléments ont été sélectionnés sur des critères essentiellement ethniques. Or nous voulons mettre sur pied une armée républicaine et représentative de toutes les régions ».
En annonçant que les FACA constituent un autre problème, la présidente vient  visiblement de lancer le débat autour des hommes en treillis. Devant un tel constat, la tentation de prendre une position hâtive est grande. C’est dans cette optique que nous relançons le débat en ces termes : Comment la présidente envisage-t-elle la refondation radicale des forces armées centrafricaines? Compte-t-elle enrôler d’autres soldats ? Que ferait-elle des anciens soldats ? N’est elle pas entrain d’ajouter une autre crise à celle qui a complètement divisé le pays? Une chose est sûre, le pavé est jeté dans la mare…Libre à vous !

2- De la date butoir de son mandat…

Au regard de la question : « Quitterez-vous le pouvoir en février 2015, date prévue pour la fin de la transition » ? La présidente réplique : « Je suis légaliste. Je respecterai mes engagements à savoir tenir le délai de douze mois qui m’a été imparti. Maintenant, si, sur le terrain, il est objectivement impossible de tenir ce délai à un ou deux mois près, il appartient aux forces vives de la nation de le dire. Je ne prendrai aucune initiative pour prolonger ce mandat, mais, j’accompagnerai le processus jusqu’au bout ».
Devant un tel engagement, il est souvent difficile de commenter les propos d’une sommité nationale. D’un ton déclamatoire, la présidente a affirmé qu’elle respecterait ses engagements à savoir tenir le délai qui lui est imparti. Cerise sur le gâteau ! Les mots de la présidente sont clairs, précis et bien agencés. En un mot, cette interview était juste une aubaine pour que la présidente puisse acter le principe de son retrait à la tête de la magistrature suprême au moment opportun.

3- De la crédibilité du scrutin alors que les Centrafricains d’obédiences musulmanes sont à l’étranger…

De cette question : « Est ‘il possible d’organiser un scrutin crédible alors que nombre de vos concitoyens musulmans sont à l’étranger » ? La présidente rétorque: « Il n’y a pas d’élection parfaite…Le déploiement d’une opération de maintien de la paix doit permettre de stabiliser le pays pour parvenir aux élections ».
De prime abord, la présidente parait très affirmative. En faisant une telle déclaration, n’est elle pas entrain d’emboîter le pas à l’Autorité Nationale des Élections (ANE)?
Sommes toutes, il faut admettre que la question du journaliste est imbibée de pièges. On n’identifiera jamais les électeurs en fonction de leurs obédiences. Seulement, il est impérieux que les autorités de la transition favorisent le retour de tous les Centrafricains sans exception qui sont à l’étranger.

4- De la distribution abusive des passeports centrafricains par la Seleka…

La question fut posée à la présidente Samba-Panza en ces termes: « On dit que la Seleka a généreusement distribué des passeports centrafricains. Va t-il falloir faire un tri entre vos concitoyens » ?
Cette question fondamentale met en exergue le problème d’identité nationale qui mérite d’être traité en profondeur. Quasiment tous les Centrafricains attendaient des éclaircissements de la présidente sur cette importante question. La positive attitude aurait voulu qu’elle donne une orientation nationale à ce sujet. Il n’est un secret pour personne que plusieurs nationalités utilisent à tour de bras les passeports centrafricains. De ce fait ! Peut-on connaître les mesures drastiques que les autorités de Bangui ont prises pour élaguer ces passeports de la circulation? Tous les étrangers qui détiennent de nos jours un passeport centrafricain ne réclameront-ils pas à l’avenir un droit au chapitre?

5- Sur l’arrestation de Bozizé et de Djotodia…

Sur cette question, la position de la présidente était réellement tranchée. Bozizé sera arrêté. En revanche, Djotodia n’est nullement poursuivi par la justice centrafricaine.
Le moment n’est ‘il pas venu de rendre justice aux victimes ? Quand est-ce que  les auteurs de crimes odieux seront poursuivis ? La présidente pense-t-elle que la responsabilité de Djotodia n’est pas engagée dans cette crise? Est-elle entrain de se transformez en défenseur de Djotodia le criminel ? Acheminons-nous vers une justice au faciès? Djotodia n’aura donc commis aucun crime ?

LesPlumesdeRCA, résolument engagé aux cotés du peuple, criera encore et toujours JUSTICE au nom des sans voix. Il nous faut pour cela simplement des mots contre ces maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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