Chronique de GJK

RCA : TROUBLE AU SOMMET DU POUVOIR, SILENCE DES PRÉTENDANTS A LA MANGEOIRE !

Il est des voix qu’on trouve d’instinct anormal de ne pas entendre, quand le destin du peuple se joue ainsi qu’il se passe depuis déjà d’interminables heures en Centrafrique : les voix de nos hommes politiques et des acteurs de la société civile. J’en reste vraiment comme deux ronds de flan ! Et si je me trompe, de grâce, accordez-moi l’excuse de l’ignorance, ce n’est qu’un défaut passager de connaissance propre à l’homme. Je vous promets de pallier immédiatement, – grâce à la mise à jour de mon logiciel d’information – le vide déplorable de mon éphémère inculture.

Mais si d’aventure j’avais raison, je le dis de suite, le silence de la classe politique et de la société civile centrafricaines, d’habitude si promptes à dénoncer les moindres erreurs de ses dirigeants, et à prendre la parole pour moins que cela, m’interpelle vivement. Ce silence, dis-je, est une bêtise sans appel, au regard des élucubrations morbides, et des tergiversations aux vapeurs inflammables, de ce pouvoir aux abois. Ce dernier en effet, se moque indéfiniment du peuple centrafricain, qu’il ne cesse de provoquer et de pousser malgré lui, jusqu’aux confins de sa tolérance.

D’ailleurs, où sont passés les hommes politiques ? Pourquoi se terrent-ils et se taisent-ils tous ? Je ne prétends ni savoir, ni comprendre, moins encore pouvoir l’expliquer. Je constate simplement comme vous tous, que personne ne veut prendre position ni pour, ni contre Samba-Panza de peur de…Diantre ! Mais peur de quoi ?

Croyez-moi, je vous en conjure, une chose est certaine. A l’heure où vous êtes en train de lire ces lignes, beaucoup de ces hommes politiques font exactement comme vous. Chacun s’informe, scrute, analyse mais surtout, attend et cherche à dénicher, dans les multiples publications, la réaction du premier « téméraire de la classe politique » qui osera parler du sujet brûlant : La nomination du nouveau premier ministre centrafricain. Dites vous bien, dès l’instant où un seul courageux osera rompre ce silence que je déplore, alors, ce sera aussitôt le début de la grande foire – susceptible de prolongation – des déclarations N°X d’un tel relative à ceci ; des communiqués N°Y d’un autre face à cela ; ou encore des lettres N°Z de tel groupement ou association dénonçant on ne sait quoi ! Pauvre Centrafrique, tu es loin de sortir de l’auberge.

Allons-nous dire que la désignation d’un Premier Ministre, en cette période si particulière de la vie politique de notre pays est d’une banalité à ce point négligeable ? Plus est, quand cette nomination pose de sérieux problèmes qui risquent d’embraser le pays ? Et si c’est le cas, autant dire – pour ne pas remonter plus loin -, que le forum de Brazzaville n’était qu’un événement politique sans importance ! Apparemment ce fut le contraire, puisque ces assises ont révélé pour une rare fois, que toute la classe politique et la société civile centrafricaines, pouvaient élever le ton et imposer le respect à leur égard.

Cependant, si l’on pousse plus loin l’analyse sur cette question du silence actuellement observé par les uns et les autres, l’on trouvera deux raisons fondamentales à cette attitude anti-patriotique :

  1. La conspiration de la mangeoire : Dans la course à la mangeoire – ainsi que l’on considère la gestion de la chose publique en RCA -, la plupart de nos hommes politiques, « mangeocrates » virtuels, ne se hasardent jamais, à dénoncer et condamner en des termes forts, clairs et précis, l’incurie de ceux qui sont encore au pouvoir. Tout simplement, parce qu’ils s’attendent à tout moment à ce qu’on leur fasse appel pour venir partager « la soupe ». Mais surtout, ces hommes politiques, par leur silence, voudraient à tout prix éviter que tôt ou tard quand ils seront au pouvoir qu’ils convoitent tant, les paroles et les condamnations qu’ils auraient éventuellement prononcées, ne se retournent contre eux. A ce niveau de ma réflexion, permettez néanmoins, chers lecteurs et lectrices, qu’au passage, je puisse saisir la présente occasion, pour saluer vivement et rendre hommage particulièrement au courage constant, de Joseph Bendounga, que chacun a le droit de considérer comme il entend. On a beau ne pas l’apprécier, mais il serait injuste de ne pas lui reconnaître la seule chose qu’on ne peut lui enlever : le courage d’exprimer ses opinions.
  2. La complicité du refus : Il est un fait presque évident, que la plupart des hommes politiques centrafricains et certains acteurs de la société civile, en refusant de s’engager ouvertement à occuper des postes qui leur sont proposés en cette période de transition, favorisent implicitement, la « promotion » de l’incompétence et la montée de la médiocrité. Une telle posture à mon avis, participe de ce que je me permets d’appeler la complicité du refus ou la complicité à l’envers. Elle se caractérise, par le fait de participer à rendre par sa non-participation « la mauvaise gouvernance » possible. J’incline franchement à croire, que si la transition actuelle bénéficiait du concours de la plupart des compétences qui lui manquent, peut-être aurait-on fait plusieurs pas dans la bonne direction du changement de certaines mœurs que l’on constate dans nos administrations.
    Ce qui prête à sourire, c’est quand on pense que parmi tous ceux qui refusent de participer à la transition et s’apprêtent à être candidats aux élections, il y’ a là un grand nombre de personnes qui n’atteindront même pas la barre de 1% des voix aux résultats définitifs des votes. Leur lot de consolation : le titre « honorifique» d’Ancien Candidat à la Présidence. Nous sommes bien en Centrafrique, vaste champ de tous les possibles.

En définitive, le silence assourdissant de la classe politique et de la société civile centrafricaines, semble attester de leur totale démission. Or, la nature a horreur du vide. Par ailleurs, et cela est bien connu, les conquérants dans l’âme, ont l’art d’apprivoiser le moindre espace gagné, offert ou ouvert ; de réclamer toujours plus d’étendue, afin de progresser franchement ou insidieusement, mais toujours résolument vers leur objectif : le pouvoir. Ce que la Séléka a très bien compris, s’y exerce présentement et s’ingénie absolument.

Au final, cette nébuleuse si crainte, parviendra-t-elle à avoir raison du silence de nos hommes politiques ? Quoiqu’il en soit, jetons nos regards sur la carte des territoires conquis, et observons au sommet de l’Etat la part belle faite aux insatiables « combattants » et sympathisants de la cause Séléka. En plus d’avoir la Présidence de la République, ces derniers jouent à se plaindre et à se prendre pour des « victimes », dans le but de s’accaparer le poste de premier ministre pour lequel aucun « poids lourd» de la classe politique n’ose s’engager. « Ö pays, mon beau peuple » !

Aussi, disons-le clairement, toutes les fois que la classe politique et la société civile se lassent, démissionnent et se dépassionnent de n’importe quel débat qui touche à la transition et engage l’avenir du pays, les conquistadors, eux par contre, en profitent pour se positionner, gagner du terrain et des terres.

Faut-il continuer ainsi à se fermer la bouche, se boucher les oreilles, et refuser de voir en face le danger qui cerne les centrafricains de toutes parts ?

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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Un commentaire

  1. Très pertinent coup de gueule.Mais comment voulez vous que ces politicards s’expriment.Ce ne sont que des figurant d’un psycho drame.La politique en RCA n’est qu’une scène de théâtre où ces pseudos acteurs vont et viennent.On se triture les méninges sur « qui sera le PM » mais vous êtes vous posés la question de savoir qui seront les futures ministres? Je parie ma tête qu’on reverra les mêmes, et bis répétita! Ainsi va la vie en RCA. Et pourquoi pas Joe Ben?

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