Chronique de GJK

RCA : INTERPELLATION DU GOUVERNEMENT PAR LE CNT…PASSERA OU NE PASSERA PAS ?

Depuis plusieurs jours, Bangui la capitale de la RCA est une ville morte. Le moins que l’on puisse dire, c’était jusque-là, la seule ville du pays qui semblait encore respirer. Du reste, s’il vous arrive de chercher à comprendre ce qu’il s’y passe et comment on en est venu à retomber de nouveau dans cet engrenage de violence et de paralysie totale, chaque Centrafricain ou groupe de Centrafricains, vous donnera sa version des faits. Des différentes tentatives d’explications, vous comprendrez – ou ne comprendrez certainement pas – qu’ainsi des actes les plus banals tel que le meurtre d’un citoyen lambda – au demeurant devenu un acte aussi insignifiant, anodin que quotidien -, a pu déclencher des représailles qui elles, auraient poussé des Séléka à réagir contre des antibalaka qui ont encore tué un musulman que ses frères ont vengé en attaquant des chrétiens que des éléments des FACA cherchent à protéger en s’en prenant à des antibalaka qui pillent du côté des quartiers du sud de Bangui… et patati patata etc…un pays de fous !

Le pire c’est que – pour chercher à en savoir plus -, toutes les fois qu’on essaie de remonter au niveau des autorités du pays, celles qui sont censées nous diriger et aider à sortir la RCA de son bourbier, la confusion s’ajoute à la confusion. De là, on ne sort pas plus informé ou même au contraire plus « bête », si ce n’est alors, plus révolté que jamais. Tout est sens dessus-dessous. Les dirigeants eux-mêmes ont leur groupe de séléka et d’antibalala qu’ils entretiennent.  On ne sait même plus qui fait ou veut quoi ! Qui est pour ou contre qui ! Qui vole ou ne vole pas ! Un pays de m… !

Et dans tout ça c’est le Centrafricain qui peut continuer de mourir. Ceux qui ont le pouvoir de tuer peuvent continuer tranquillement à boire du sang et « Ce n’est quand même pas la faute des nations unies si, dans cette ville, chaque fois qu’on attrape quelqu’un, on le tue et on le dépèce ». Dixit Babacar Gaye, Général hédoniste et jouisseur s’il en est, affairiste distributeur des armes, et soit disant chef de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine, MINUSCA. Nous reviendrons sur la quasi inutilité ou l’affairisme des fonctionnaires internationaux en RCA dans une prochaine tribune.

Quoiqu’il en soit, je me demande ce que nos autorités de la transition – celles de l’exécutif et du parlement -, veulent-elles finalement faire de la Centrafrique et des Centrafricains ?

Aujourd’hui, il est clair que la question du don angolais est à l’origine de bien de blocages dans le pays. Je ne parlerais même pas de l’image extérieure de la Présidente elle-même. Et c’est maintenant que ces mots de Nzapayéké à Jeune Afrique – N° 2791 – sonnent plus forts que jamais : « Cela fait fait longtemps que la Centrafrique, par le comportement de ses fils et filles, a perdu le droit au respect de la communauté internationale ».

Encore une fois, s’agissant du don angolais, j’insiste, persiste et je signe avec le Président du Conseil National de transition, Alexandre Nguendet : « Le peuple a le droit de connaitre la vérité sur les moyens gracieusement mis à la disposition de notre pays par les partenaires et pays frères ainsi que de la gestion qui en résulte. »
Et ce ne sont pas les tergiversations et les intimidations de Samba-Panza et de son gouvernement qui pourront convaincre du contraire.

A mon avis, c’est aujourd’hui sur cette question du don angolais et de l’interpellation que le peuple qui soutient Nguendet dans cette démarche l’attend également et fermement au « tournant ». Et les Centrafricains ne feront pas du tout cadeau au CNT ou lui feront plutôt payer cash, une quelconque reculade ou un « traitre – parjure ».

Du côté du gouvernement et notamment pour Samba-Panza et Kamoun, s’ils tiennent absolument à échapper à l’interpellation du CNT – dont il sont par ailleurs très mal placés pour remettre en cause la légitimité -, il ne leur reste plus qu’à trouver la forme qu’il leur conviendra, pour reconnaître publiquement et « simplement » la faute de gestion – somme toute « pardonnable » -, pour ce qui est de la partie du montant du don angolais non versé au trésor.
Tout compte fait, les arguments avancés jusqu’ici, pour forger la ligne de défense du gouvernement, s’effritent et tombent un à un comme je l’ai déjà dit ailleurs, et voudrais le rappeler ici :

1-    Quand Samba-Panza dit : « S’agissant des appuis reçus de l’Angola, nul ne parle de mon implication personnelle ayant abouti à la signature du prêt de plus de 10 milliards de francs CFA pour la réhabilitation et la restructuration de nos forces de défense et de sécurité, en cours de finalisation. Nul ne parle des négociations en cours pour la construction des logements sociaux, pour la reprise de certaines sociétés à pertes de vitesse pour relancer le secteur privé et développer des opportunités d’emplois en faveur des jeunes. Nul ne parle des appuis multiformes reçus de ce pays frère venu à notre secours dans un élan de solidarité africaine. »

Moi qui comprends difficilement les choses, je me pose simplement la question de savoir : la Présidente veut-elle par là nous faire comprendre que le milliard litigieux lui a servi « d’honoraires » pour ces différentes prestations ?

2-    Quand Samba-Panza dit : « Tous se focalisent de manière malsaine sur la gestion d’une partie du don Angolais correspondant à un milliard de francs CFA. Il s’agit de fonds politiques utilisés en partie pour assurer la sécurité du pays, défendre la politique du chef de l’Etat, comme dans tous les pays du monde. Il n’est en effet pas imaginable de ne pas laisser certains fonds à la libre disposition du gouvernement. »

Moi qui comprends difficilement les choses, je me pose simplement la question de savoir : Kamoun le Spécialiste international des finances publiques, peut-il nous dire si les fonds politiques sortent-ils ordinairement du trésor ou non ? Et si oui, quand l’argent public n’emprunte plus le circuit normal, parle-t-on oui ou non de détournement de deniers publics – peu importe l’usage qui en est fait ?

3-    Quand Samba-Panza dit : « Par pur esprit de transparence, le moment venu, je donnerais les éléments de réponse sur l’utilisation de ces fonds spéciaux qui a permis le fonctionnement a minima de l’Etat et l’apaisement de certaines forces vives et groupes armés. Beaucoup seront surpris de voir la longue liste des bénéficiaires de ces fonds dont ceux qui crient au voleur en ce moment. »

Moi qui comprends difficilement les choses, je me pose simplement la question de savoir : Le moment n’est-il pas arrivé ? L’heure n’est-il pas venue ? L’interpellation ne sert-elle pas à cela ? Je crains qu’à force de d’attendre qu’il ne soit trop tard pour convaincre le peuple de votre bonne foi.

4-    Quand Samba-Panza ou les membres du gouvernement disent :« Nguendet veut nous interpeller ? Qu’il nous dise ce qu’il est advenu des 250 millions de Sassou-Nguesso » !

Moi qui comprends difficilement les choses, je me pose simplement la question de savoir : N’est-ce pas le même Nguendet, qui, dans le même discours où il a annoncé l’interpellation du gouvernement disait « Aussi, je ne manquerai pas de mettre en place une commission de contrôle de la gestion des ressources financières du Conseil National de Transition pour qu’il fasse l’audit des comptes de l’institution assorti d’un rapport. Après quoi, la Cour des Comptes sera invitée à faire son contrôle de routine. »
Commençons donc par l’interpellation du gouvernement devant le parlement et puis nous passerons, si vous le voulez bien à l’interpellation du parlement devant le gouvernement !

5-    Quand Samba-Panza ou les membres du gouvernement disent « vous avez détourné le don taïwanais, le don japonais, le don argentin…le don venu du ciel…nous aussi nous détournons 1 milliard du don angolais; on est tous des voleurs ».

Moi qui comprends difficilement les choses me pose simplement la question de savoir : Pourquoi partout où l’auteur du « tableau de comptabilité chimique : Récapitulatif de la Gestion de la deuxième tranche du don angolais », le respectable Joseph Mabingui, l’actuel Directeur de Cabinet à la Présidence, pourquoi donc dis-je, partout où il passe, les dons trépassent ? N’était-il pas à l’époque des dons cités, et même un moment Secrétaire Général à la Présidence du défunt Kolingba ? Peut-être faudrait-il qu’on aille plus loin pour chercher à savoir s’il n’y aurait pas une espèce de « malédiction du vieux et les dons faits à la RCA » ?

Sékou Touré disait : « On ne peut pas construire une nation en s’enfermant dans la confusion ». De grâce, messieurs les excellences conseillers à la présidence, messieurs les membres du gouvernement et autres conseillers à la communication, je vous en prie, arrêtez de vous ridiculiser ainsi aux yeux de vos enfants qui vous regardent !

Tout compte fait, amis lecteurs et chères lectrices, connaissez-vous la dernière, conçue et mise en oeuvre par les éminences grises, grands penseurs et stratégistes de la présidence et de la primature ?

Ni plus ni moins, CORROMPRE, ACHETER LE MAXIMUM DE CONSEILLERS, afin que le CNT n’atteigne pas le quorum requis pour que la séance d’interpellation du gouvernement puisse avoir lieu.

N’eût-été la simple obligation morale de décence à laquelle je me suis astreint dans certains cas, je vous aurais livré ici même, la liste de certains conseillers déjà contactés, et précisé les circonstances et conditions dans lesquelles des propositions leur ont été faites. Mais d’ores et déjà je préviens : J’avance de plus en plus vers le point où je serai bien incapable de me retenir, comme dirait l’autre : « Il est des circonstances qui imposent de ne pas craindre de déplaire, de ne pas chercher à complaire, de ne pas se taire, lorsque ce qui est en cause relève du devenir d’un peuple. »

D’après les informations suivies ce matin sur RFI, le président du CNT aurait laissé entendre que si mercredi 15 octobre 2014, le CNT ne devait pas se réunir dans le cadre de cette interpellation qui fait frémir le gouvernement, il devra prendre ses responsabilités. C’est entendu et demain c’est déjà aujourd’hui.

Ce qui est sûr, le peuple Centrafricain qui, malgré leur mode de désignation imparfaite, s’est engagé à payer gracieusement des Conseillers nationaux censés le représenter, devra leur demander sans plus attendre des comptes.

Décidément, la Centrafrique rend fou. Et des centrafricains, effectivement fous, tiennent à rendre fous, ceux qui ne sont pas du tout fous, et ceux qui ne sont pas encore totalement fous.

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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2 commentaires

  1. Bravo pour le travail remarquable que vous accomplissez. Vos articles sont remarquablement documentés. Ce n’est ni RFI, ni Jeune Afrique qui ont une vraie connaissance des réalités centrafricaines

  2. Vous êtes entrain de rendre un grand service aux Centrafricains qui recherchent nuit et jours la voie et moyen de sortie de la RCA de cette crise qui paralyse tout Centrafricain et ceux qui habitent le sol Centrafricain. Est ce pour plaisir de vous lire et ne pas prendre conscience? Je vous prie de ne pas seulement dénoncer les choses, mais de proposer également la voie de sortie du gouffre dans cet enfer. Merci pour vos révélations écrites. Pasteur NIFEDO….!

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