EN VEDETTE

NOS « KOGARA » CES CHERS HIBOUX

Mon téléphone s’est mis à bourdonner, un jour, en fin de matinée au bureau. Je vois s’afficher le nom de mon cousin Simplice. Je décroche et ai droit à l’habituel : »Luis Filipo” par lequel il a l’habitude de m’apostropher.
Moi: Bonjour yaya! Comment ça va?
Lui: Très bien merci
Et après les salamalecs d’usage, il en viendra à la raison de cet appel. Il est en effet question des obsèques d’un oncle prévues pour le lendemain. Les funérailles et toute la logistique qui entoure ce genre de cérémonie n’ayant jamais été simple chez nous, il me fait donc savoir que des retrouvailles sont de rigueur le soir même pour une mise au point concernant certains aspects. Notamment celui des contributions financières.
C’est ainsi que le soir, bien qu’ayant quitté le bureau tardivement, je vais très rapidement passer à la maison déposer mes effets et me rendre illico presto à la veillée. Quand le grand frère convoque, on répond présent !
Les veillées funéraires sont de véritables  » festivités ». C’est le lieu indiqué pour des retrouvailles. Soyez assurés que vous rencontrerez celles et ceux de votre parentèle que vous n’avez pas vu depuis l’époque de Mathusalem. Ça chante, ça danse, ça rit, ça pleure, ça se chamaille à en veux tu en voilà!
Les veillées mortuaires servent aussi de point de rendez-vous des jeunes tourtereaux qui profitent de la circonstance pour tromper, dès qu’ils ont la moindre ouverture, la vigilance de leurs géniteurs ou tuteurs. Et lorsque l’endroit est trop exigu, la rue du quartier est d’office annexée aussi longtemps que durera le deuil. Du moins jusqu’aux obsèques. Ce fut le cas pour les veillées de notre oncle en question.
Quelques minutes après mon arrivée, je tombais sur une discussion des plus enjouées entre mon jeune cousin Alban et certaines de nos nièces. Il me fallut quelques minutes pour comprendre qu’il les invectivait en riant parce qu’elles voulaient prendre des chaises en plastique pour aller les installer plus loin, dans un secteur des plus sombres de la rue, pour recevoir leurs « visiteurs ».
Nous étions tous morts de rires devant la fureur des filles et l’insistance de l’oncle, taquin à l’extrême, qui leur demandait pourquoi elles ne voulaient pas qu’on fasse connaissance avec ces visiteurs. Tout en riant, il leur dira qu’il allait leur en faire voir de toutes les couleurs et assumait le fait, comme elles le disaient, qu’il était « choni bè », autrement dit de mauvaise foi. Une chose est sûre, ces kogara anonymes allaient être exposés que ça leur plaise ou non !
Près d’une quinzaine de minutes plus tard, il accostera un des aînés de la famille en lui disant qu’il y avait nécessité d’éclairer certains recoins plutôt sombres de la place mortuaire pour éviter que les chaises louées pour la circonstance ne disparaissent. L’autre, ignorant les réelles motivations répondra qu’il y avait un projecteur de disponible et éventuellement assez de câble de fils électrique pour éclairer la zone en question.
Éclat de rires général de tous ceux qui étaient aux alentours. Nous ferons comprendre au frère que ce n’était pas pour des raisons de « sécurité » ou autre qu’Alban s’agitait de la sorte. C’était juste qu’il voulait embêter les « hiboux » calfeutrés dans le noir !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Un projecteur des plus puissants qui soit fut braqué sur la zone des ‘’ oiseaux de nuit’ dont certains avertis au préalable avaient déjà discrètement levé l’encre. Mais pas tous… Ceux-ci, non plus, ne firent pas long feu après leur “exposition”.
Les filles ne décoléraient pas contre leur jeune koya Alban, qui lui, était hilare et les narguait. L’ambiance qui prévalait faisait plus penser à une réunion de famille nocturne qu’à une veille d’obsèques…
Quelques jours plus tard, lors de la dernière veillée, j’étais en train de discuter à l’entrée de la rue avec mon jeune cousin Willy. Il n’y avait plus de projecteur. Il faisait donc plutôt sombre. Un couple sorti de la rue et nous dépassa. Ils sortaient manifestement de la place mortuaire. Mon cousin de me dire que c’était la nièce J. qui raccompagnait son « hibou ».
L’appellation avait fait jurisprudence au sein de la fratrie.

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