Analyses et réflexions

L’ÉDITO GJK : ET SI CE N’ÉTAIT TOUT SIMPLEMENT PLUS POSSIBLE

Par GJK

Lorsque l’anti-égérie de la RCA Samba-Panza, ancienne « Gbia ti kètè ngoï » ( Présidente de la Transition) de ce pays, à raison certainement d’une parole non tenue ou d’une côte mal taillée entre elle et son successeur, s’abandonne à ses épanchements incontrôlés, se dégonfle lamentablement, et s’en va publiquement à confesse à propos du rôle négatif qu’elle se serait attribué dans le jeu de la très « démocratique » présidentielle centrafricaine, l’on est tous consternés, mais vraiment consternés parce que chaque jour « on tue, on meurt en Centrafrique …silence ! » (Vincent Mambachaka). Alors presque aussitôt, on court ouvrir sa bible pour emprunter au Livre de la Genèse (4 :10), ces mots retentissants qui traduisent à la fois, indignation et condamnation :

« Qu’as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. »

Mais avant de poursuivre, osons convenir de ce que notre propos n’est point. Ici, ni tentative de remise en question d’une légitimité jamais contestée et donc définitivement acquise. Là, ni propension à vouloir faire croire que si tel eût été élu, toute la face de la R.C.A aurait changée. Même si de toute évidence, cette face aurait été moins maltraitée et défigurée.  Que de  laides entailles et de balafres infamantes à présent!

Aussi, que l’on veuille bien souffrir et accepter que nous ayons la faiblesse – et même le droit – de faire nôtre, ce que Mambachaka, dans un style ciselé a su exprimer à travers sa « Lettre ouverte aux dirigeants démocratiquement élus et à nos acteurs politiques » :

« Voilà plus d’un an sous les feux des armes et la violence, nous Centrafricains nous sommes levés, pour aller vous élire, parce que vous avez pris des engagements devant nous :
Qu’on ne nous massacrera plus,
Qu’on ne nous tuera plus,
Qu’on ne violera plus nos femmes,
Que nos enfants ne tomberont plus et iront à l’école,
Qu’on ne fuira plus dans la brousse,
Qu’on regagnera nos cases, nos villages, nos maisons,
Qu’on ne fuira plus dans les pays voisins,
Que ceux qui sont partis reviendront…

Et nous avons cru.
Stop, vous ne protégez pas mon peuple !

Voilà pourquoi je ne dors plus. Je ne peux plus me taire. »

Aussi claire que l’eau de roche, aussi simple à comprendre que cela !

Tout bien considéré, entendez-vous seulement ces voix qui de leurs cris insistants, sourdent à l’horizon opaque et traversent les nuits noires remplies de brouillards épais ? Ces voix, et ce n’est pas rien, expriment la colère, l’indignation et les sentiments de révolte d’un peuple meurtri et excédé, qui n’en peut plus de souffrir. Alors de grâce chers dirigeants, faites silence. Ravalez vos arrogances et vos appétences; arrêtez vos goinfreries; éloignez-vous de toutes vos avidités éhontées; et surtout, ôtez-vous de votre autisme et sortez de votre mutisme. Peut-être ainsi seulement, saurez vous lire et comprendre enfin le signe indien. Le message venu des profondeurs, les appels que lance le « peuple d’en-bas », ces appels dis-je, bientôt rien ni personne de toute évidence, ne saura ni les étouffer, ni les contenir. Mieux, quand c’est de l’épicentre même de la souveraineté présidentielle et du fond de la « mangeoire du pouvoir » à laquelle ils sont conviés à prendre part, que des langues commencent à se délier, pour asséner quasi ouvertement quelques vérités et parler du désarroi qui s’installe dans les rangs du pouvoir, l’inquiétude du peuple s’explique donc, et doit en retour être pris très au sérieux. On est mal à l’aise, vraiment mal à l’aise de s’engager à parler sereinement au nom de ce pouvoir pour le défendre disent aujourd’hui certains, quant d’autres sur un ton dépité, lancent haut et court: « seul Dieu a la réponse ».

La vérité semble-t-il, c’est qu’il n’y aurait en réalité plus  rien, rien qui soit vraiment défendable du côté de l’exécutif. Du coup, tout concourt à faire gagner du temps, et surtout à le faire gagner autant que possible, dans l’espoir de continuer encore et toujours, à s’en mettre plein les poches, question d’assurer des lendemains qui déchantent.

En somme, il y’a des signes qui ne trompent jamais. Et la Centrafrique en la matière regorge énormément de pythonisses et autres diseurs de vérité, qui voient à présent, comment le fossé s’agrandit, et s’installe le désamour entre le peuple et ses principaux gouvernants, un peuple qui de plus en plus, manifeste sa profonde désaffection, au point de se laisser de jour en jour bercé par les paroles  remplis de sagesse du chansonnier :
« Il faut savoir quitter la table
Lorsque l’amour est desservi
Sans s’accrocher, l’air pitoyable
Mais partir sans faire de bruit »

Sur l’autre registre commun, que penser et dire en fait, de ces leaders politiques de la majorité présidentielle connus pour leur perversité sans limites, et dont la seule vocation est de prospérer sur les malheurs des Centrafricains ? Quant aux margoulins de l’opposition servile – point besoin de citer des noms ils se reconnaîtront -, il est tout de même désespérant de constater que leurs seules prouesses politiques à ce jour, se résument en un silence que personne ne leur a imposé. Profil bas, et rasant à longueur de journée les murs du palais de la République, leur rêve et unique baroud d’honneur, est de conquérir le maroquin dévolu à l’indéboulonnable Sarandji le Chef du gouvernement, ou à l’un de ses ministres.

Dès lors comment ne pas se désoler – à une ou deux exceptions près -, de cette aphonie foudroyante et contagieuse, qui se métastase dangereusement et s’attaque à  toutes ces voix autorisées, des voix que l’on aurait aimé tant entendre s’élever, pour dénoncer et se plaindre avec vigueur, des atermoiements du gouvernement face aux atrocités qui se déroulent à la ronde dans notre pays ?

« On tue, on meurt en Centrafrique …silence ! ». D’où notre interrogation :

Et si ce n’était tout simplement plus possible ?

Plus possible d’arrêter les massacres,
Plus possible d’empêcher le génocide,
Plus possible d’éviter le siège de Bangui,
Plus possible de sauver la République de la partition,
Plus possible de souffrir tant d’injustice et d’impunités,
Plus possible d’arrêter les exodes
Plus possible de remettre les Centrafricains au travail,
Bref,
Plus possible de continuer d’accepter de subir et de survivre comme l’on survit actuellement en RCA !

Et l’écho d’une voix se fit entendre:  « Dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets! ». Du coup l’on se souvient – quitte à le dénoncer si l’on veut –, de ce terrible verdict prononcé naguère et qui doit résonner en ce moment dans les têtes et les oreilles : « on ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, voire qui a laissé faire ».

On peut toujours disserter, ergoter ou remettre indéfiniment en question la pertinence ou la légitimité d’une telle éventualité. Cela n’est que normal. Mais c’est faire semblant et méconnaître qu’au fond, notre pays à ce jour, reste toujours régenter par les mêmes « forces combinées » qui hier, ont contraint à l’exil le premier Président « légitime » de la transition centrafricaine. C’est pourquoi l’on comprend aisément, le sens et les raisons de ces  messages codés qui circulent de chancellerie en chancellerie, avec tous en filigrane, cette unique et inévitable question : Que faire quand rien ne se fait ?

Au demeurant, lorsque le peuple n’en peut plus de subir et de souffrir, il faut agir. Et agir,  c’est aussi avoir la décence de s’éclipser. C’est d’ailleurs ce que suggèrent les strophes ci-après , du très célèbre et inusable hymne du Wassoulou,  composé autrefois en l’honneur de l’Almamy Samory Touré !!!

Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus valeureux;
Si tu ne peux dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus courageux;
Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes;
Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur;
Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots.
Oh Fama! Le peuple te fait confiance, il te fait confiance parce que tu incarnes ses vertus.”

Et si ce n’était tout simplement plus possible de vous faire confiance, oh Grand Fama de Centrafrique!

GJK-Guy José KOSSA
L’Élève Certifié du Village Guitilitimö

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