Religion

HOMÉLIE : VEILLÉE PASCALE 2015

(Gn. 1, 1-2,2 ; Ps. 103 (104) ; Ex. 14, 15-15,1 ; Is. 55, 1-11 ; Rm. 6,3-11 ; Mc. 16, 1-7)

« Ne soyez pas effrayées »

Cette parole révèle une situation effroyable et dramatique qui fait peur. Les visiteuses du tombeau sont doublement effrayées. Non seulement qu’elles ne trouvent pas le Christ dans le tombeau, mais à l’intérieur, un jeune homme leur parle : « Ne soyez pas effrayées ». Ce n’est donc pas un profanateur. Il est le messager qui console, qui rassure, qui donne espoir. Cependant, la cène du tombeau vide nous renvoie à celle du début de la création : « La terre était vide ». Et comme le vide attire des occupants, les ténèbres planaient sur la surface de la terre. Rien de ce qui est n’est ni vu, ni connu. A l’époque de l’exil en Egypte, les fils d’Israël étaient comme plongés dans les ténèbres de l’éloignement de la terre d’Abraham, la terre où Dieu brille par sa présence au milieu de son peuple. Israël veut retourner habiter sur les traces d’Abraham. Avec Moïse, le moment est enfin arrivé. Le peuple doit partir. Mais, au bord de la mer, les fils d’Israël se trouvent bloqués. La mer constitue pour eux un grand obstacle. Ils crient vers Dieu. Mais Dieu ne veut pas sauver le peuple sans que celui-ci ne participe à sa propre libération.

« Que les fils d’Israël se mettent en route »

Dieu, qui a pris l’initiative de sauver le peuple, sollicite sa participation : « Que les fils d’Israël se mettent en route ». Quand ils se sont décidés de se mettre en route, Moïse a frappé l’eau de la mer avec son bâton. Un chemin est apparu en pleine mer. Il n’y a plus d’obstacle. Le peuple n’a qu’à s’y engager pour laisser derrière lui, ce qui le retenait captif : l’armée de Pharaon qui incarne le mal. Des nations en guerre, des peuples sur lesquels pèsent les menaces terroristes, des réfugiés, des sans-abris ont perdu tout espoir. Ils vivent avec la mort dans l’âme. Ils pleurent. Ils crient. Ils attendent un sauveur. Notre peuple est de ceux-là. Il dort sur les ruines de ce qui était son village, son champ, la richesse de son sous-sol. Le peuple dort sur les ruines de l’héritage que lui ont laissé ses ancêtres. Il dort sur les ruines de son pays. Comme Israël au bord de la mer, le peuple se trouve bloqué après les vaines tentatives de la Communauté Internationale, des médiations étrangères, des transitions successives. Il tâtonne. Il ne trouve pas une issue. Il peine, tourne sur lui-même. Il a la tentation de tout abandonner, de croiser les bras, de s’asseoir, et d’attendre le salut qui lui viendrait d’ailleurs.

« Il est vivant »

Un salut auquel le concerné n’est pas participant, même nécessaire, reste extérieur, et avec des risques de devenir une aliénation. Les visiteuses du tombeau au matin de Pâques savent désormais que le crucifié est ressuscité. Il est vivant. Les paroles de l’Ange leur ont ouvert les yeux et les cœurs. Elles ont retrouvé la joie de vivre. Elles n’ont plus peur. Qu’elles se mettent en marche pour aller informer les disciples. Que ceux-ci à leur tour se mettent en marche pour honorer le rendez-vous de Galilée. Que tout Israël se mette en marche pour témoigner de la résurrection en terre païenne. Et que les centrafricains se mettent en marche pour faire preuve de leur détermination à reconquérir la paix et l’unité afin de renaître comme peuple et nation. Mais, il faut au peuple un Moïse qui marche à sa tête. Il lui faut l’ange au vêtement blanc qui lui rappelle la pureté. Que des fils du peuple donnent la preuve de leur amour pour le peuple en dégageant des résolutions consensuelles pour la paix et le vivre ensemble au Forum National pour la Réconciliation. Que les dirigeants fassent preuve de leur amour pour le peuple en organisant des élections libres et transparentes. Alors, le peuple ressuscitera.

Des ténèbres du chaos initial, Dieu a fait briller la lumière ; de la brume, les visiteuses du matin de Pâques ont entendu la parole d’espérance. Toutefois, de la division et de la haine, le peuple centrafricain attend écrire « la victoire de la paix et du vivre ensemble qu’il aura conquise lui-même. Le peuple attend ressusciter. Le peuple veut vivre.

Pascal TONGAMBA

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