ÉCRIRE C’EST CUISINER DEUX FOIS DES MOTS…ET PLUS SI INSPIRATIONS !
Le savez-vous chères dames, chers messieurs, votre plus belle poésie, c’est en cuisinant que vous la composez !
Autant donc vous le dire : avant que de commencer à écrire, apprenez à cuisiner. Voici d’ailleurs le conseil judicieux d’un écrivain de mes auteurs préférés, Monsieur Dany LAFERRIERE de l’académie française :
« Il faut jeter les idées et les émotions sur la page blanche, comme des légumes dans une chaudière d’eau bouillante. Mais d’abord et surtout, on doit commencer à écrire même quand on ne sait quoi dire ». Extrait du livre « Je suis fatigué ».
En effet, les idées, les mots, et les phrases, sont à l’art d’écrire, ce que sont les ingrédients d’une bonne recette à l’art de cuisiner. Ici se trouve la source véritable de toute inspiration poétique et là commence la création littéraire.
Comme l’on achète les denrées alimentaires et fait ses provisions de nourriture, nous faisons tous régulièrement, notre petit marché d’idées, de mots, et de phrases. Ce sont ces bouts de papiers où l’on a griffonné à la hâte quelques mots, ces pages entières sur lesquelles l’on a développé quelques idées et jeté au fond d’un tiroir ou d’une « boîte à suggestions », ces carnets de notes usés qu’on garde soigneusement et trimballe avec soi depuis tant d’années. Tôt ou tard, ils participeront de notre bonne cuisine littéraire.
Du coup, écrire devient l’art d’assaisonner ou de coordonner des mots pour en faire des phrases délicieuses qui, mises ensemble bout à bout, mijotent, prennent de la couleur, émettent des sons, exhalent de bonnes odeurs, et in fine, deviennent ces mets substantiels, consistants et appétissants que l’on sert au lecteur sous forme de poèmes, nouvelles, romans, essais, chroniques et récits divers.
Mais que l’on se le dise ! Cuisiner, n’a jamais été une mince affaire ou une messe à faire, moins encore, une simple promenade de santé dans un jardin doré. Écrire non plus, n’est pas et n’a jamais été qu’une simple coquetterie d’intellectuel inachevé, en mal de reconnaissance ou de publicité. Ces deux exercices nécessitent plus que la simple volonté. Ils requièrent ingéniosité, disponibilité, ténacité, discipline, délicatesse, raffinement, performance et patience. Aussi, en matière d’écriture comme en cuisine, il faut savoir compter avec les ratés. Cependant on le sait, bien des recettes manquées ont été à l’origine de grands succès culinaires – sauce béarnaise, fromage roquefort, corn flakes… -, de même que certains écrits ont longtemps été ignorés avant d’être reconnu comme de véritables chefs-d’œuvre littéraires.
Tenez! Dans « Mûr à crever », l’écrivain FRANKÉTIENNE nous partage sa recette
« Je ne m’inquiète point de savoir ce que j’écris. Tout simplement j’écris. Parce qu’il le faut. Parce que j’étouffe. J’écris n’importe quoi. N’importe comment. On l’appellera comme on voudra : roman, essai, poème, autobiographie, témoignage, récit, exercice de mémoire ou rien du tout. Moi, je ne sais même pas. Pourtant ce que j’écris ne m’est pas étranger. Personne ne parviendra à dire beaucoup plus qu’il n’aura vécu. J’étouffe. J’écris tout ce qui me passe par la tête. L’important pour moi, c’est l’exorcisme. La libération de quelque chose. De quelqu’un. Peut-être de moi-même. »
Voilà qui s’appelle cuisiner les mots pour en faire des phrases qui deviendront …on ne sait pas …ou pas encore !
Et Dany LAFERRIERE – encore lui -, nous confie : « J’écris comme je vis » (Titre d’un de ses livres).
Quant à moi, je dis : J’ECRIS COMME JE CUISINE.
Peu importe si je cuisine bien ou non. Nicolas BOILEAU est là qui, chaque jour me souffle à l’oreille :
“Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajoutez quelquefois, et souvent effacez.”
Ainsi l’on apprend à faire de bons plats de mots.
Commentaires
0 commentaires