Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : QUI SE SOUVIENT ENCORE ?

Par Adolphe PAKOUA

Qui se souvient encore des années « Sossolisso » ? Qui se souvient encore de ce trio magique qui avait fait trembler de frissons toute l’Afrique ? Qui se souvient encore de cette tournée qui avait vu des vedettes descendre à l’hôtel « Safari » pour endiabler le peuple ambianceur de Bangui, sur des rythmes époustouflants éparpillés dans les airs à coups de saxophone et de guitare aux sons aigus et perçants ?

Qui se souvient encore de cette pluie d’urine descendue du onzième étage du Safari à cause de la célébrité musicale d’outre-rivière ? Une humiliation délibérée et audacieuse parce que célébrité oblige !

Qui se souvient encore que ce genre d’attitude irrespectueuse est restée comme une bouteille tombée à la mer parce qu’il ne fallait fâcher personne ?

Qui se souvient encore que des hordes de sauvages sont descendus du Nord et de l’est pour semer la folie dans la tête des centrafricains, ngbaka comme mandjia, musulmans comme chrétiens ou animistes, population de l’est comme celle de l’ouest, du nord ou du sud ?

Qui se souvient encore qu’avant cette hécatombe, les centrafricains n’avaient jamais cherché à savoir qui était qui, qui croyait à qui ou à quoi, pour avoir une attitude belliqueuse envers quiconque ne croyait pas à la même chose ou au même Dieu que lui ?

Qui se souvient encore de ces gens qui ont consommé le miel, bu le lait de ce pauvre Centrafrique et s’en sont allés, sans jamais laisser la moindre trace matérielle en reconnaissance du bien qu’ils ont tiré du pays et de la générosité de ce peuple qui les a accueillis de tout cœur ?

Qui se souvient encore du serpent transi que vous réchauffez pour le sauver et qui vous mord en retour ?

Nous centrafricains chrétiens, musulmans ou animistes, nous devons nous en souvenir. Nous devons nous en souvenir car on nous a fait voir de toutes les couleurs, des couleurs qu’on nous a miroitées en nous faisant croire qu’elles étaient vertes quand elles étaient en réalité rouges, qu’elles étaient marron quand on nous demandait de les voir bleues.

Pour ma part, je ne voudrais plus qu’on m’amène quelqu’un pour me faire comprendre que sa musique est meilleure que le chant de mes ancêtres et que je dois m’exhiber au rythme de ses sons plus mélodieux que les airs de mon terroir.

Pour ma part, je voudrais me souvenir pour savoir que mon frère ou mon voisin, est la personne la plus proche qui pourra crier pour alerter le voisinage quand il verra que ma maison commence à prendre feu.

Et pour cela je fais confiance à celui qui fait confiance aux centrafricains, à celui qui se souvient et qui peut se dire, je sais ce que mon peuple a vécu et je ne veux plus de cela.

Aussi, pour ma part, le choix s’est clarifié de lui-même, je suis convaincu que Touadera est l’homme qui se souvient et qui cherchera à éviter à son peuple, le choix d’une orientation hasardeuse et désastreuse.

Ainsi, comme les centrafricains qui ont l’esprit fertile en créations, je « Touadère » pour le bien-être de ce pays.

Adolphe PAKOUA

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