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CENTRAFRIQUE : POLÉMIQUE AUTOUR DU COMITÉ TECHNIQUE DU FORUM DE LA PAIX

Par RJPM

Depuis la publication du décret portant  nomination des membres du Comité Technique du  forum de Bangui, la tension semble montée d’un cran au sein des forces vives de la nation. La polémique ne cesse de s’enfler sur la nomination de quelques personnalités comme membres dudit Comité. Des voix s’élèvent, notamment dans les milieux politique et associatifs, pour dénoncer la nomination de certaines personnalités. Même le Conseil National de Transition et certaines formations politiques appellent ouvertement la présidente Samba-Panza à réaménager son décret en recomposant le comité d’organisation du forum.

Malgré tout, la présidente de la transition continue de multiplier les rencontres avec toutes les personnalités centrafricaines désireuses de contribuer à la tenue effective du forum. Mais cette polémique n’est-elle pas juste l’arbre qui cache la forêt? Cette polémique ne cache t-elle pas l’arrière boutique des ambitions démesurées de certaines personnalités politiques centrafricaines? Jusqu’à quand celles-ci cesseront-elles de prendre le peuple en otage? Pour mieux comprendre ce qui se trame depuis un certain temps sous le ciel orageux de la Centrafrique, suivez nos regards.

Le jeu ambigu de la classe politique centrafricaine

C’est un secret de polichinelle qu’en République Centrafricaine, chaque formation politique regarde le pays à travers sa petite fenêtre. Ainsi, face à un tel psychodrame, il serait difficile que la classe politique centrafricaine fasse salle comble contre les ennemis de la paix. On aurait souhaité que celle-ci s’érige en une force de proposition pour que le pays amorce enfin une sortie de crise apaisée. Si cette classe politique était unanime, elle aurait proposé un plan national de sortie de crise aux autorités de Bangui. Surtout lorsque l’on sait qu’elle regorge de compétences distinctives.

Hélas ! La plupart des leaders politiques du pays se battent seulement pour occuper un portefeuille ministériel ou un poste juteux. Cette désopilante attitude pousse chaque parti politique à voir régulièrement minuit devant sa porte. C’est d’ailleurs pourquoi ils se tirent réciproquement dans les pieds. Nombreux sont ceux qui  ne pensent en ce moment qu’au fauteuil présidentiel tout en ayant conscience que très peu de candidatures seront réellement retenues. En sus, certains prétendants à la magistrature suprême militent en catimini pour le report des élections. Ils n’hésitent pas un seul instant à faire entendre leur voix en hauts-lieux. Semblerait-il qu’un prétendant à la magistrature suprême, qui voyait pourtant le pouvoir à sa portée, aurait demandé le report des élections lors de la récente rencontre des anciens ministres et autres leaders centrafricains à Rome. D’autres candidats souhaiteraient diriger la troisième transition.

On apprend d’une source que d’autres font de la surenchère pour intégrer le gouvernement ou occuper un poste dans les sérails au lendemain des pourparlers de la paix. Dans ce jeu ambigu de la classe politique centrafricaine, l’on doit retenir cinq (5) facteurs clés :

  1. La désunion de la classe politique,
  2. La classe politique, vecteur du panier de crabe national,
  3. La valse d’égo des leaders centrafricains,
  4. La satisfaction de l’intérêt personnel et égoïste de certaines personnalités politiques,
  5. La fuite en avant de certains prétendants au fauteuil présidentiel.

En combinant ces cinq (5) facteurs clés, on peut admettre sans se tromper que certains leaders politiques ne ménagent pas leurs efforts pour torpiller l’actuel processus de paix. Doit-on comprendre que les artificiers de la troisième transition ont déjà lancé les hostilités ? Qu’en est-il du pouvoir de Bangui ?

Le  pouvoir de Bangui

Plusieurs fois contestées, les autorités de Bangui ont visiblement décidé de faire des efforts pour jouer collectif, mais malheureusement elles peinent encore du fait des nombreuses décisions prises sans concertation préalable. A première vue, on pourrait jeter l’opprobre sur le pouvoir de Bangui, or, il est difficile que l’on obtienne un consensus au sein des forces vives de la nation à cause de leur désunion. Vous comprendrez pourquoi l’on ne cesse de recenser des séries de couacs et de vitupération protestataire à chaque étape cruciale de la transition. Comme cela se fait sous d’autres cieux, les autorités de Bangui ne pouvaient-elles pas éviter la polémique sur la mise en place du Comité Technique du Forum de la paix en nommant par exemple la troïka des dignitaires religieux (Grekoyamé, Kobiné et Nzapalainga) à la tête de  la structure organisationnelle du dialogue ? A partir du moment où certaines personnalités politiques et associatives récusent la nomination de Jean Jacques Demafouth…Que faire alors pour sortir le pays de l’impasse?

Dépassement

A l’heure actuelle, la Centrafrique est à un tournant décisif de son histoire. Le peuple n’en a cure des valses d’égo et des querelles inutiles des hommes politiques centrafricains. Certaines fines bouches disent que s’ils n’ont pas réussi à changer le vécu quotidien des Centrafricains pendant des décennies, ce ne serait pas en quelques mois de transition qu’ils le feront. Aujourd’hui, il est grand temps que chaque leader puisse faire un dépassement de soi.
Devant l’embrouillamini dans lequel le pays nage, l’immobilisme n’a guère droit de cité. Toutes les forces vives de la nation devront faire bloc derrière les autorités de la Transition pour sortir le pays de l’ornière. Bien que la présidente ait pris un décret très polémique et sans consultation des différents acteurs sociopolitiques, il est inadmissible que certains vieux briscards de la vie politique fassent des mains et des pieds pour bloquer la machine de la transition.

Fort de tout ce qui précède,il serait souhaitable que la présidente fasse une recomposition partielle du Comité d’organisation du Forum en y adjoignant la troïka des religieux. Une présidence collégiale (Grekoyamé, Kobiné, Nzapalainga, Demafouth) pourrait décrisper le climat délétère qui règne actuellement dans le pays et de cette façon personne ne perdra la face dans cette guerre d’égo et de positionnement. Il n’y a que les mots pour débloquer la machine transitionnelle et combattre tous les maux qui empêchent une sortie apaisée de la crise.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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3 commentaires

  1. Très bonne proposition pour mettre fin au hurlement des un et des autres. On n’est fatigué, c’est quand on se trouve au tournant de notre histoire que nos leaders entament leur guerre de Cession de propriété Centrafricaine quel malheur ?

  2. Il n’y a pas de demi -mesure synonyme de RABIBOCHAGE; Samba-Panza doit purement et simplement abroger les trois décrets litigieux dans l’intérêt du pays qui devrait primer sur tout autre intérêt …trêve de NÉPOTISME…

  3. Un texte pertinent et qui mérite d’être complété par ce qui suit:
    -CSP n’est que l’avatar de tous ces vampires et autres croque-morts qui nous ont dirigé et qui font feu de tout bois pour continuer de vampiriser les centrafricain.
    -La nomination de proches à la tête de l’organisation d’un dialogue attendu et salvateur pour les centrafricains n’est que la perpétuation de l’esprit de cour avec ses lâchetés qui forme l’ADN des gouvernants et autres politiques.
    -La plupart des politiques ne veulent pas d’un vrai dialogue qui risque de les mettre à nu et ruiner leur carrière, ce qui fait de ceux la des allies objectifs de CSP.
    Ce qui reste, c’est le bannissement de tous ces vendus bien avant le terme de cette transition de tous les malheurs sinon le peuple n’aura d’autre choix que de devoir se battre pour ses droits et pour ses remparts.

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