Chronique de GJK

CENTRAFRIQUE : L’INFANTILISME PERNICIEUX D’UN PAGNE PRESIDENTIEL AU POUVOIR

« Quelle mouche l’a donc piqué ? » me demandait encore hier après-midi un ami, au sujet du pagne imprimé à l’effigie de Mme Samba-Panza, « Dame de Paix ». Aucune idée !  Lui rétorquais-je. « Elle se croit sur un grand plateau de jeu de dame, poursuivit cet ami. Elle a l’audace d’essayer de placer ses pions, et d’aller toujours plus loin. Si elle réussit avec ce pagne, plus rien ne l’arrêtera jusqu’au triomphe final ». Lequel ? Continuons à faire semblant de ne pas savoir.

A y réfléchir, Mme Samba-Panza, vous en conviendrez, est tout, sauf aussi « innocente » qu’on serait tenté de le croire. Même dans une « républiquette sous perfusion internationale à forte dose », être « Présidente, Chef de l’Etat », rien que cela, c’est incarner avant tout, l’institution suprême la plus respectable et la plus digne. Qui oserait donc manipuler Mme Samba-Panza à sa guise et lui imposer son « marché » de pagne malvenu ? En admettant même l’hypothèse selon laquelle l’idée du pagne ne serait pas venue d’elle, j’incline à croire malgré tout, que les promoteurs mal inspirés de cette grossièreté nationale, ne pouvaient se permettre sa photo, et certains détails qui figurent sur le pagne, sans un accord préalable de Madame la « Présidente pour une Centrafrique réconciliée et unie ». Dans le cas contraire, les Centrafricains ont donc eu tort, de confier par le biais du CNT, leur destin aux mains de la « Fille-sœur-femme-épouse-mère-maman de Centrafrique ». A la limite, peut-on encore avancer que Mme Samba-Panza, n’a pas cru devoir prendre le recul nécessaire et suffisant, et donc qu’elle n’a pas sérieusement pris la  mesure de toutes les conséquences qui risquent d’en découler.

Dans un passé très récent, Mme Samba-Panza, fut membre actif voire très influent de la société civile centrafricaine, et « activiste » des droits de l’homme comme elle se définit elle-même. Comment alors, comprendre et tolérer qu’elle se soit  laissée aller, à des pratiques qu’elle fustigeait et dénonçait sans cesse ? Quelque chose qu’il faut absolument chercher à connaître, se serait-il passé depuis lors ?

Il n’est guère de bon aloi, de « creuser, fouiller et bêcher », dans la vie d’un être humain ; mais à ce niveau de responsabilité, rien ne peut être épargné au tenant du titre suprême. Par ailleurs, je ne suis pas du genre à prêter l’oreille aux « on dit » dont  personnellement, j’en ai beaucoup souffert. Ceci dit, je ne suis pas également du genre à « descendre en dessous » de la ceinture, quelle qu’en soit les raisons, une pratique que je laisse volontiers aux fossoyeurs de la dignité humaine. Cependant, il est des rumeurs, des bruits du « Km5 », à qui la réalité et le temps, finissent souvent par donner un petit air de vérité. D’office et volontairement, j’ai choisi d’écarter de mon champ d’analyse, toute argumentation ou tout procès en dictature contre Madame Samba-Panza, du moins, en ce qui concerne le présent sujet.

En revanche, retenant pêle-mêle certains griefs ci-dessous, et en partant de certains constats et postulats, à la limite « élémentaires », relevés depuis trois mois qu’elle est aux affaires, l’on arriverait à la pitoyable conclusion suivante :  Madame notre Présidente de la Transition, malgré ses expériences dans une autre vie et ses facultés intellectuelles qu’on ne saurait remettre en cause, souffrirait du syndrome de l’infantilisme pernicieux de ceux qui arrivent au pouvoir et peinent à faire rapidement la différence entre leur personne, les relations individuelles, et les charges de leurs fonctions. Tenez :

  • Il est parvenu aux oreilles de tous, que Madame Samba-Panza, du temps de l’exercice de ses fonctions de médiatrice officielle et officieuse à ses heures perdues, avait plusieurs fois eu affaire à Monsieur Djotodja, avec qui elle a gardé de bonnes relations. Ceci expliquerait-il cela : à l’arrivée de la Séléka au pouvoir à Bangui, Madame Samba- Panza fut désignée Maire ( Présidente de la Délégation Spéciale) de la Capitale par Monsieur Djotodja ; et à son élection par le CNT (Conseil National de Transition) aux fonctions de Présidente de la Transition, elle n’hésita pas à choisir dans son gouvernement qui on sait, – deux parents de Djotodja –  au nom des bonnes relations de jadis;
  • Toujours dans cet état d’esprit infantile empreint de légèreté, Madame Samba-Panza, n’hésita guère à nommer à sa succession à la tête de la délégation spéciale de la ville de Bangui, une amie de longue date et des parcours « sinueux » ;
  • Quant au gouvernement et aux différents services de la Présidence, comme elle-même l’a reconnu, Madame Samba-Panza, au mépris des moindres règles de décence et de prudence, s’était mise à distribuer des postes, en alignant, exactement comme on le fait sur un terrain de jeu, les éléments de son équipe de la vie ordinaire : parents, beaux-parents, amis et connaissances de plus ou moins fraîche date ;
  • Encore une fois, exactement comme cela arrive sur les airs de jeu, Madame Samba-Panza, l’arbitre des matchs du pays, après avoir sifflé depuis plusieurs semaines la fin de la recréation au gouvernement, à la présidence et à la primature, s’amuse avec les nerfs des Centrafricains, en jouant aux prolongations inexplicables et inexpliquées ;
  • Que dire alors de l’autorisation « bon enfant » donnée à la Séléka pour la tenue de son congrès  et qui va valoir encore et encore des vies humaines ?

J’aurais pu, si je voulais me montrer plus vicieux, ce que je ne suis pas, rallonger la liste des éléments de ma démonstration. Mais à quoi cela servirait-il la cause de nos morts ? Quant aux vivants que nous sommes, c’est aujourd’hui et maintenant, qu’il faut demander des comptes, dénoncer et livrer bataille au « pagne présidentiel »,  « pagne du malheur ». Mais avant cela, convenons, qu’il s’agit bien ici, une fois de plus, de la dernière manifestation en date de l’infantilisme au pouvoir en RCA. Je l’ai déjà suffisamment dit, et je le répète ici, Madame Samba-Panza, comme dans une cour de jeu, s’ingénie à porter des coups aux Centrafricains, et chaque fois que cela lui réussira, elle ira de plus en plus loin, vers des horizons qu’elle aura bientôt du mal à cacher, comme j’essaierai de prouver dans une de mes prochaines analyses. Quoiqu’il en soit, au sujet du pagne qui nous préoccupe, j’ai déjà proposé clairement à Madame Samba-Panza de le retirer et d’interdire purement et simplement sa circulation sur le territoire centrafricain. Par pure décence.

Et si le pouvoir sait fabriquer des « ivrognes de la gloire», la raison et le bon sens sait au contraire, faire prendre des risques aux vrais citoyens patriotes.

Pour conclure enfin, disons chers amis lecteurs, qu’il est souvent des silences qui confinent au crime. Des silences qui tuent plus que les armes des sélékas et des antibalakas. Et comme dirait l’autre « l’absence de contrepouvoir est souvent le principal danger pour le pouvoir lui-même ». Que des voix plus autorisées, puissent très souvent se faire entendre. Je m’étonne quelques fois, de constater que la question de l’eau potable, des prix qui galopent, et des délestages de quelques dizaines de minutes, font jaser des populations africaines d’ailleurs, tandis que chez nous, des problèmes plus graves passent sous silence.

Le Centrafricain, si brimé, épuisé et blasé, doit-il tolérer et accepter, que ses yeux encore pleins de larmes, subissent en plus aujourd’hui, la violente agression du « pagne de la honte et du déshonneur », sans un mot dire ?

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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