CENTRAFRIQUE : LES INTELLECTUELS ONT-ILS TRAHI?
Dans une tribune qui date déjà de plusieurs mois pour ne pas dire d’un peu plus de deux années, intitulée « Le mal centrafricain vient des centrafricains eux-mêmes », nous avons tenté de mettre le doigt sur les raisons de la dérive de gouvernance du CENTRAFRIQUE, que nous avons imputées en grande partie à cette couche de la population qui a été à l’école et dont nous étiquetons les éléments comme « instruits » à la différence de ceux qui mériteraient l’honorable titre «d’intellectuels » car ces derniers pouvant faire preuve d’un esprit d’observation et d’analyse de toutes ces subtilités spirituelles et matérielles, qui sont la substance de la vie animale ou végétale en général.
Loin de nous aventurer dans des théories philosophiques qui n’apporteraient pas l’éclairage nécessaire au sujet qui nous interpelle dans cette tribune, nous voulons tout simplement mettre le doigt sur une réalité assourdissante et aveuglante, qui veut que dans ce pays de bantous, terre de « nos ancêtres », la culture de la médiocrité se soit transformée en un gigantesque poulpe qui happe de ses énormes tentacules, les esprits « éclairés » chargés d’allumer, dans la nuit et en plein jour, la torche d’intelligence, de clairvoyance et de sagesse, pour montrer au reste le chemin à suivre.
Aujourd’hui, la crise qui a secoué et qui continue de faire vaciller le CENTRAFRIQUE, a fait qu’aux yeux du monde, ce pays semble dénué d’éclaireurs, ces éclaireurs que sont les intellectuels, des hommes chargés de faciliter, à travers leur participation effective, leurs observations avisées, la navigation gouvernementale, pour amener le bateau à bon port.
Beaucoup de ces éclaireurs avisés sont restés en retrait, par peur de compromission dans une aventure jugée d’avance risquée, une aventure qui mélange tous les genres et fait que le copinage entre le trafiquant, le criminel, le juge, l’avocat, le gendarme, le député, le ministre devient une pratique politique de survivance.
Beaucoup ont préféré rester à la touche pour voir le ballon sortir du terrain de jeu et observer comment allait s’effectuer la remise en jeu.
D’autres ont joué le jeu, ont adopté les règles en vigueur, y ont perdu leur cerveau avant d’être dépossédés de leur âme.
Les esprits maléfiques de la politique ont compris qu’en CENTRAFRIQUE, il suffit de diviser pour régner. En divisant les intellectuels, en utilisant certains contre d’autres, on a la gouvernance facile, on peut faire ce qu’on veut, on peut amener des troupes étrangères dans le pays pour prendre le pouvoir et semer la tristesse au sein des populations.
En divisant les intellectuels, on peut avoir des hommes pour conduire le pays droit dans le mur, des hommes pour défendre l’indéfendable.
La faiblesse du CENTRAFRIQUE réside dans le fait que ses fils capables, ses fils compétents, ses fils animés du même amour patriotique, ses intellectuels de tous bords, ses meilleurs parmi les meilleurs sont incapables de se mettre ensemble pour constituer une force d’avant-garde, une force compacte et indéfectible, imperméable à toutes les manipulations malsaines. Ces manœuvres malsaines qui s’enracinent dans le poison de la région ou de l’ethnie, et qui font finalement que la région n’avance pas, l’ethnie n’évolue pas.
Il ne faut nullement reconnaître officiellement tous ces groupuscules de partis politiques qui n’ont d’existence que parce que composés d’éléments issus du même sérail. Il ne faut nullement reconnaître aucun parti politique qui ne soit représenté dans au moins un quart des préfectures de la République, et cela, au vu d’un siège officiel installé dans chacune des villes où il y a une représentation.
Ainsi peut-être aura-t-on des partis politiques dignes de cette appellation, ainsi pourra-t-on espérer une participation plus judicieuse des âmes pensantes de ce pays. Ainsi pourra-t-on voir enfin de vrais hommes politiques faire leur entrée sur la scène.
Les liens du sang et d’amitié, ajoutés à la médiocrité, ont fait trop de tort à ce pays, une nouvelle ère doit s’ouvrir pour le CENTRAFRIQUE. Nous appelons les intellectuels de ce pays à méditer sur cette tribune. Chacun a ses convictions, mais l’intérêt du CENTRAFRIQUE passe avant tout.
Adolphe PAKOUA
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