Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : LE CHEWING-GUM ELECTORAL

Par Adolphe PAKOUA

Le Centrafrique est-il vraiment cet océan aux eaux si obscures qu’il est pratiquement impossible de percevoir ce qu’il cache dans son sein, dans ses profondeurs ?

La violence de l’incursion de la Seleka dans le pays a été telle que la mise en place d’un système de gouvernance pouvant permettre au pays de retrouver son équilibre donne aujourd’hui l’image d’un enfant qu’une balançoire promène dans l’air, à travers des va et vient qui n’indiquent pas à quel moment ce mouvement prendra fin.

A lire les articles de presse, à écouter les commentateurs et analystes politiques, la tenue des élections en Centrafrique, prévue très prochainement aux mois de Juin-Juillet « pourquoi pas Août », donne un tournis tel que chacun y va de ses prévisions, en soutenant que ces échéances seront difficilement tenables compte tenu des nombreux problèmes qui restent à résoudre pour assurer des élections justes et démocratiques. C’est ainsi que pour justifier l’impossibilité de conduire ces élections dans les échéances prévues, on évoque la confection des listes électorales qui sont loin d’être prêtes, le retour des déplacés dans leur pays, la mobilisation des forces de sécurité sur toute l’étendue du territoire, le retour de l’Etat en province à travers l’installation des autorités administratives, toutes ces raisons essentielles qui attestent de la bonne marche d’un pays.

Malheureusement, l’évidence voudrait que si l’on devrait attendre que toutes ces conditions soient réunies, il faudrait alors annoncer publiquement la prolongation de la transition pour encore un peu plus de deux années, le temps qu’une bonne partie de ces impératifs soient réunis, avant de programmer des élections libres, transparentes et démocratiques. Le délai nous semble trop long, et par rapport à ce retard, n’entend-on pas certains observateurs avancer l’idée que les autorités de la transition traînent les pieds à dessein ? Ce dessein qui consiste à rester le plus longtemps possible au pouvoir, pour continuer à bénéficier des privilèges que cela leur procure ?

En plus de savoir le mode de la mise en place de cette transition et des déboires enregistrés à son bilan, ne faudrait-il pas penser à mettre tout en œuvre pour que la transition prenne fin assez rapidement ? En un mot respecter les échéances prévues ?

Nous pensons pour notre part que la restauration d’un Etat commence par la légitimité de cet Etat, qui est la légitimité même des hommes chargés de son existence.

Et ce qui est certain, c’est que le Président qui sortira des prochaines urnes ne sera pas moins qu’un Président de transition compte tenu de la profondeur de la crise qu’a connue le pays, transition qui nécessitera la transformation profonde des hommes et du pays à travers le changement des mentalités et l’exécution d’infrastructures à bâtir ou à renforcer.

Les centrafricains n’ont pas la mémoire aussi courte pour ne pas comprendre qu’ils ne doivent plus revivre ce qu’ils ont vécu ces trois dernières années. Les dirigeants de demain ne doivent pas avoir la mémoire aussi courte pour comprendre que le pays ne pourra pas avancer si eux-mêmes ne sont pas capables de tirer les leçons du passé pour changer, changer la façon de gouverner, changer dans leurs façons de faire, de se comporter eux-mêmes.

C’est donc pourquoi nous pensons qu’il ne faut plus mâcher et tirer la transition comme un chewing-gum, et qu’il faut tout faire pour que les élections aient lieu le plus tôt possible, et c’est possible.

Les centrafricains ont hâte de retrouver leur pays, ils ont hâte de se remettre à vivre, et il faut leur en donner la possibilité, le plus tôt sera le mieux.

Adolphe PAKOUA

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