CENTRAFRIQUE : JE SUIS DE LA FAMILLE PRÉSIDENTIELLE ET VOUS ?

Au moment où je m’apprêtais à écrire un article sur les échéances électorales de Janvier 2011 et mettre sur le gril radioactif de la transparente médiatique la liste exhaustive de tous les candidats qui ont fustigé l’organisation dudit scrutin alors qu’ils figuraient dans la liste noire des corrupteurs indélicats qui ont tenté de soudoyer sans succès certains membres de la Commission Électorale Indépendante (CEI), je reçois un coup de fil de menace en provenance de Bangui. Au cours de cet échange téléphonique qui a duré presque dix (10) minutes, mon interlocuteur,refusait de me décliner son identité. Après m’avoir traité de tous les noms d’oiseaux, il m’annonça que je subirai une avalanche de diatribes et de batailles rangées ces prochains jours. Avec une vive repartie, je lui ai certifié que les insinuations calomnieuses,qui n’ont connu l’ombre d’aucune démonstration convaincante,n’ont guère d’emprise quelconque sur moi. De plus, je lui ai dis que la Centrafrique dépasse énormément ma petite personne. Je ne vaux pas mieux que tous mes frères et sœurs innocents qui ont payé de leur vie la liberté de nous autre vivant. Je suis libre de m’exprimer comme bon me semble. Ma plume est décomplexée. C’est aussi cela la démocratie. La pensée unique n’est nullement ma tasse de thé. Toutefois, je m’exprime tout en respectant la déontologie du scribouillard. Et de conclure, d’ailleurs je suis de la famille Présidentielle et vous?Chers lecteurs et lectrices, c’est sur cette dernière phrase que mon interlocuteur invisible a subitement raccroché son téléphone.

En vérité, j’étais un peu estomaqué non pas pour les balivernes de cet esprit égaré mais de la manière à laquelle les illuminés de la transition appréhendent la fonction présidentielle et la gestion de la chose publique. Il suffit de pousser une analyse contradictoire à la pensée unique du pouvoir de Bangui pour être taxé d’adversaire politique.A écouter les paroles vexatoires de ce griot, tous ceux qui émettent des idées contraires à celles des autorités de Bangui sont considérés comme des ennemis de la paix et d’une transition apaisée. Rassurez-vous, j’ai décidé de ne plus donner ma langue au chat car il nous faut dorénavant une République exemplaire.Avant que le trublion Djotodia ne quitte le pouvoir, j’ai été maintes fois questionné durant le mois de Décembre 2013 et début 2014 par nombre d’experts internationaux sur certaines compétences nationales capables de sortir le pays de l’ornière. D’emblée, ceux-ci me présentèrent un panel de potentiels candidats parmi lesquels figuraient Meckassoua, Maître Zarambaud et Madame Samba-Panza. Sans coup férir, j’ai évoqué les noms de Maître Zarambaud et Madame Samba-Panza. Quelques jours plus tard, le premier succomba malheureusement à une arrêt cardiaque et la seconde devint Présidente de la transition. Pour appuyer la candidature de ces deux personnalités citées, je me suis référé aux éléments probants que je disposais sur eux. Puisque Maître Zarambaud n’est plus de ce monde, je ne parlerai que de mes confidences sur l’ancienne maire de Bangui. A vrai dire, la personne, qui avait aussi motivé mon appui indéfectible à la candidature de Madame Samba-Panza, est le chargé de mission auprès de la Diaspora, Monsieur Maurice Ouambo appelé affectueusement Djento. Il suffit de se rapprocher de ce dernier pour attester la véracité de mes propos.

Au cas échéant, souvenez-vous de cette locution latine : « verba volant, scripta manent ». En d’autres termes, je pourrai vous produire une preuve irréfutable à partir des écrits reçus et envoyés ça et là. En aucun cas, je ne regretterai ce soutien car je persiste à croire que Dame Cathy dispose des compétences requises pour fédérer toutes les énergies centrafricaines autour d’elle afin de sortir le pays de ce bourbier engloutissant. Sur le plan intellectuel, elle est une thésarde appliquée de la Sorbonne et manipule avec une certaine aisance la langue de Molière. Sur le plan social, elle est une femme mariée et disposait bien avant son arrivée au pouvoir, d’importants patrimoines financier et immobilier. Elle possèdait entre autre, une maison à Catin, une autre à Garagba (domicile actuel), mais elle est aussi propriétaire en France, précisément à Orléans et ce, depuis plus de 15 ans. Fort de ces éléments tangibles, j’étais convaincu que Dame Cathy pouvait aider le pays à sortir de l’ornière car je ne l’imaginais pas dans le besoin. Hélas ! Les choses se sont passées autrement depuis que Madame Samba-Panza est à la tête du pays. On parle de détournement des derniers publics par-ci et par-là sans qu’elle ne réagisse. En outre, l’environnement sociétal centrafricain laisse entrevoir de nos jours deux cas de figure : d’un côté, la Centrafrique d’en-haut composée essentiellement des nantis du sérail présidentiel et de l’autre côté, la Centrafrique d’en-bas issue de la classe des démunis. On a même l’impression qu’il y’a désormais des Centrafricains normaux et ceux de seconde zone. Devant une telle injustice sociale, devrions-nous arborer toujours une placidité de châtelain sous prétexte que nous sommes de la famille présidentielle ? Dites-moi, la famille présidentielle est-elle synonyme d’une démocratie mécanique qui empêcherait toutes pensées contraires ? Devrais-je comprendre que les marches de protestation et autres, ne constituaient que la face cachée de l’iceberg ?

Bien que je sois un membre de la famille présidentielle, je préfère dénoncer les errements du système. Je souhaite que le Conseil National de la Transition (CNT) diligente un audit au sein des finances publiques pour dénicher tous les prédateurs afin que la justice s’empare de leur dossier. De surcroît, il serait souhaitable que le CNT annule par une motion spéciale, toutes les ventes de biens publics durant cette transition. En tout cas, toutes les pièces du puzzle sont rassemblées pour que le CNT mette fin au gangstérisme politique du duo Samba-Panza – Kamoun. La comédie a assez duré. Raison pour laquelle, nous ne cesserons d’utiliser les mots contre les maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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