Chronique de GJK

Centrafrique bazar « zoua akè zoua ti zo gué »!

Par GJK Levillageois

L’expression est très connue des Centrafricains : « ZOUA AKÈ ZOUA TI ZO GUÉ».

Littéralement traduit cela donnerait : « QUI ESTQUI POUR QUI ICI ! ».

Autrement dit, « Tu es qui, tu sors d’où, en qualité de qui, tu viens d’où, en vertu de quoi… toi autant que tu es, qui que tu es ou peut être, que tu descendes du ciel ou de l’enfer,  que tu remontes du fond des mers, pour qui te prends tu… POUR OSER !

OUI ! Pour oser me parler, me toucher, me faire des reproches, me juger, m’emprisonner, m’empêcher de faire ce que j’ai à faire et tout ce que j’ai à faire, m’interdire de faire ce que je veux et tout ce que je veux faire : que je tue, je vole, je brûle, je marche sur la tête ou que je chie n’importe où…qui est qui pour qui ici pour s’occuper du comportement et de la vie de l’autre ! ZOUA AKÈ ZOUA TI ZO GUÉ 

Et si vous, si vous n’êtes ni content ni d’accord, Mesdames et Messieurs, on vous lancera sèchement les yeux dans les yeux : « HAAA ! HO NA FACE TI MO NA LÈTI MBI ! ».
Celle-là, je ne me risquerais pas à la traduire, de peur de ne pas y parvenir sans la travestir, tant la succulence de ce « centrafricanisme » est d’une originalité qui ne souffrirait pas la trahison. Mais si vous insistez, je vous dirai simplement en vous regardant une fois de plus droit dans les yeux : « PAR RAPPORT NA GNÈ !

Mesdames et Messieurs, nous venons d’atterrir à Bangui, capitale de la République centrafricaine. La température à l’extérieur est de 25°Celsius, autant dire qu’il fait beau temps. Mais tenez ! Les têtes fonctionnent ici à 120°C en permanence, car occupées à plein temps, à tenter de résoudre les multiples équations susceptibles de maintenir chacun en vie, c’est-à-dire, lui permettre d’échapper à la faim ou à la mort. Aussi, veuillez vous maintenir en pleine forme, pour courir au moindre signal suspect, car à chaque instant, vous risquez une balle perdue ou des dizaines de coups de couteau qui vous feront sortir du côté des portes opposées à la vie !

Telle est la Centrafrique de nos jours. Centrafrique bazar ! Un pays où les hommes sont obligés d’abandonner leurs habitations aux animaux qui en font leur demeure. Un pays où l’on marche la tête en bas et les pieds en l’air, si ce n’est pas qu’on marche en suivant la direction indiquée par le bout de sa nuque. Un pays où, soit on est auteur ou complice, soit on est victime. Un pays où personne n’est ni responsable, ni coupable, quand bien même on trouve de moins en moins d’innocents ! Un pays où quand on croise un chauffeur ou un conducteur de n’importe quel engin, qui roule dans le sens normal de la circulation, c’est à lui de passer son temps à se courber pour présenter « ses mille excuses » à tous ces conducteurs de taxi motos et autres chauffards, pour qui, « brûler le sens interdit » est une preuve de vie. Alors sinon… mais sinon quoi ? Sinon « ZOUA AKÈ ZOUA TI ZO GUÉ» bien sûr !

Et… « Demain ! Est-il encore prudent de parler de demain ?
Ou seulement est-il encore possible ?
Demain est mort, aujourd’hui est en cercueil »
(Sony Labou Tansi)

Mais ne vous plaignez pas trop vite, Mesdames et Messieurs. Malgré tout, lui le Centrafricain, il ne pense qu’à « chauffer le coin » ! Il a vécu hier, il vit aujourd’hui et c’est déjà tant mieux.

DEMAIN S’OCCUPERA DE LUI-MÊME !

Guy José KOSSA
GJK Levillageois
Élève Certifié de l’Enseignement
Primaire,Tropicale et Indigène (CEP-TI)
Écrivain Public du Village Guitilitimö

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