Mots contre maux de rjpm

CENTRAFRIQUE: UNE ARMÉE HUMILIÉE ET HUMILIANTE

Créées lors de l’indépendance en 1960, les Forces Armées Centrafricaines (FACA) ont pour mission d’assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agressions, la sécurité et l’intégrité du territoire. Aussi, elles doivent assurer la protection des populations. En effet, le rôle de la défense nationale est clairement défini par une ordonnance de 1960, portant organisation des forces armées centrafricaines. Par ailleurs, les FACA doivent veiller au respect des alliances, traitées et accords internationaux.

Au regard des objectifs, nul doute que le recrutement des militaires obéissait jadis à plusieurs exigences du métier. A l’époque, tout le monde rêvait d’intégrer cette noble institution et les conditions d’incorporation ne laissaient place à aucune équivoque. Tous ceux et celles qui avaient les aptitudes physiques, intellectuelles et psychiques requises et plus particulièrement prêts à faire allégeance à la nation pouvaient postuler.
Hélas! Force est de constater que le manque de loyauté des Forces Armées Centrafricaines envers les présidents successifs aura occasionné au fil du temps, moult coups d’états, mutineries et rébellions, alors que les FACA devraient être considérées comme l’instrument privilégié de la souveraineté nationale et l’outil de crédibilité internationale.

Outre la traque des « coupeurs de route » et autres conglomérats de bandits, il n’y a jamais eu de véritables confrontations armées entre les Forces de défense nationale et les nombreuses factions rebelles. On se souviendra encore de l’armée centrafricaine totalement dépassée et prise de court par le coup d’état manqué de Mai 2001. Devant une telle incapacité, le régime du défunt président Patassé était contraint d’appeler à la rescousse les miliciens du chef rebelle congolais Mbemba. En ces temps, l’armée centrafricaine était truffée de putschistes, mutins et rebelles. Aussi, tous les militaires centrafricains voulaient seulement accéder à la magistrature suprême alors qu’ils n’arrivaient pas à défendre leur propre pays.

Chaque fois que le pays est confronté à une crise, le régime en place se voit toujours obliger de faire appel à une force extérieure pour défendre son pouvoir. C’est à ce titre que les forces tchadiennes, sud-africaines étaient stationnées à Bangui. A dire vrai, le contraste est très saisissant. Bien que de nombreux officiers, sous-officiers et soldats centrafricains aient suivi des formations dans des prestigieuses écoles militaires, il est aisé de noter qu’ils capitulent facilement devant l’ennemi. Même s’ils brandissent l’explication légendaire selon laquelle les tenants du pouvoir central ne les réarmaient pas convenablement de peur qu’ils s’en prennent à eux en retour, il n’en demeure pas moins que ces militaires sortent souvent la grosse artillerie lors des coups d’états, des mutineries, des rebellions voire même des scènes de ménages.

Alors, comment peut-on admettre que ces militaires qui brandissaient fréquemment leurs armes lors des petites altercations de bas étage puissent fuir les trublions sans tambour ni trompette ? Est-il acceptable que la coalition seleka, composée essentiellement des vendeurs de thé, de friperie, de viande, des gardes forestiers, des pisteurs, puisse mettre en déroute une armée nationale qui a plus de 50 ans d’existence ? Les Officiers centrafricains ne sont-ils pas choqués qu’un garde forestier comme Zoundéko puisse imposer sa vision à tout un pays ?

Avouons que le choc est historique et l’humiliation fera date. A ce qu’il parait, certains officiers se déguisaient en femme le soir pour échapper à l’avilissement des selekas. Pire encore, ils obéissent aux ordres d’un général auto proclamé qui n’a jamais mis pied dans une école militaire. Non seulement l’armée centrafricaine est humiliée par une bande de hors-la-loi mais elle humilie également toute la nation à travers ses frasques.

En attendant la résurgence des FACA, nous n’avons que les mots contre des maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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