Mots contre maux de rjpm

BANGUI REPLONGE ENCORE UNE FOIS DE PLUS DANS LA TOURMENTE

Par RJPM

Déclenchées le Samedi 26 Septembre 2015 dans la matinée par l’assassinat crapuleux d’un conducteur de Taxi moto musulman, les représailles des Selekas du km 5 ont fait plus de 20 morts et plusieurs blessés au sein de la population civile. L’on dénombre plusieurs maisons pillées et vandalisées, des églises saccagées et des commissariats de police complètement mis à sac. Les pertes de vies humaines sont énormes et le bilan ne cesse de s’alourdir. Aux dernières nouvelles, le Taxi-moto n’a pas été égorgé mais tué par balle. Bien que cet assassinat odieux doit être condamné avec la dernière rigueur, il semble évident que le mot égorgé ait été sciemment choisi par les ennemis de la paix pour mettre le pays à feu et à sang. Les représailles hyper disproportionnées des escouades surarmées du km 5 avides de sang humain sont intolérables.

S’il est vrai que la Centrafrique vibre depuis le début de la brume contemporaine au rythme de la musique endiablée des Anti Balakas et des Selekas, force est de constater que la flambée de violences de ces dernières heures dépasse le degré habituel des feuilletons macabres du pays depuis le 05 décembre 2013. Pourtant, on pensait que le fameux forum de la paix de Dame Cathy que d’aucuns appelaient le Conseil élargi des ministres de la « Sambapanzie », devait nécessairement permettre à tous les protagonistes de la crise actuelle de mettre toutes leurs tensions sous le tapis du pardon et du vivre ensemble. Et, la tension avait réellement baissé entre les chrétiens et les musulmans depuis plusieurs mois. A qui donc profite la recrudescence de violences de ces derniers temps ?

Dans un passé récent, chrétiens et musulmans sillonnaient tous les quartiers de Bangui sans que l’on assiste à des tueries ou des actes vindicatifs. Du jour au lendemain, l’on découvre le corps sans vie d’un conducteur musulman de Taxi-moto quelque part au quartier Combattant. Les questions qui taraudent l’esprit de tous les Centrafricains épris de paix sont celles-ci : Où est-ce que le corps de ce compatriote musulman a t-il exactement été trouvé ? Qui l’a trouvé ? Y’avait-il des témoins au moment de la découverte du corps de ce compatriote ? Comment se présente la scène du crime ?

D’après un personnage politique centrafricain, le regain de tensions de ces dernières heures serait un complot bien orchestré. Selon lui, le corps du défunt était couvert de poussière jaunâtre alors que la couleur du sol du quartier Combattant est rouge. Il renchérit ses propos par le fait qu’on ne trouve aucune trace de sang du défunt sur le lieu où il serait égorgé.

Visiblement, la question de savoir à qui profite ce crime mérite d’être posé à haute et intelligible voix. Car cet assassinat crapuleux pourrait profiter non seulement à la coalition Seleka et ses représentants qui s’estiment marginalisés par le pouvoir de Bangui mais également aux antibalakas et leurs suppôts.

Dans tous les cas et en toute évidence, ce crime profiterait aussi au pouvoir de Dame Cathy ainsi qu’à tous les acteurs impliqués dans la résolution de la crise actuelle. Figurez-vous que la transition court à sa fin. Ce qui revient à dire que tous les auteurs de crimes odieux de ces trois dernières années risqueront bien fort d’être poursuivis par le tribunal spécial de Bangui. Or, les présumés accusés Selekas et Antibalakas n’aimeraient pas se retrouver d’ici demain dans ce cas de figure. C’est pourquoi, ils chercheraient à compromettre toutes les avancées vers la paix durable.

Sinon, comment justifier l’argument avancé par les antagonistes de la crise pour remettre aux calendes grecques le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion ? Mais de qui se moque t-on? Qu’on se le dise, le premier bénéficiaire de cette flambée de violence est la « Sambapanzie ». Comme par hasard, les hostilités se déclenchent dans le pays au moment où Dame Cathy se trouve au siège des Nations Unies. Cette recrudescence de violences lui servirait-il de passeport en vue d’ obtenir un chèque en blanc auprès des sommités mondiales siégeant actuellement à l’ONU? Qu’on se le dise, les propos du Conseiller politique de Dame Cathy, Monsieur Anicet Guiyama Massogo qui affirmait, je cite « Les autorités actuelles pourront adresser une demande aux Chefs d’Etats de la CEEAC pour solliciter un autre report et aussi la Charte Constitutionnelle dit que la transition finit avec les élections », laisse clairement transparaître les calculs peu orthodoxes du système en place.

Les juristes de la « sambapanzie » semblent avoir trouvé la faille dans la charte de transition. Le mot est lâché: « la transition finit avec les élections ». Donc si pas d’élections, pas de fin de transition. Si les hostilités continuent sur le terrain, pas d’élections. Et chaque fois à l’approche de la date limite de fin de la transition, des hostilités se déclencheront automatiquement. Ainsi de suite, le cycle de la transition suivra son cours indéfiniment.

En tout cas, si la « Sambapanzie » ne fait pas attention, les militaires risqueraient bien fort de récupérer le pouvoir car le vent du changement radical souffle peu à peu. Ce ne sont les mots contre les maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE

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