Mots contre maux de rjpm

CENTRAFRIQUE : A VOUS LE BONHEUR, A NOUS LE MALHEUR

Suis-je un alien dans mon propre pays ? Devrais-je toujours croire à cette sempiternelle rengaine selon laquelle la jeunesse est l’avenir de demain ? Mais de quelle jeunesse parle-t-on ? Suis-je entrain d’ergoter sur les jeunes sans emploi qui vivent encore au domicile familial avec leurs innombrables enfants ? Suis-je entrain de cogiter sur les jeunes désœuvrés qui se cachent derrière l’alcool ou le chanvre indien pour échapper à leur problème quotidien ? S’agit-il des jeunes qui nagent dans la petite délinquance pour subvenir à leur besoin journalier ? Encore grave, s’agit-il des jeunes qui sont fréquemment utilisés comme des chairs à canon par des hommes politiques véreux pour assouvir leur intérêt grégaire et égoïste ? Parlons-nous en ce moment des jeunes orphelins qui ne savent à quel saint se vouer pour espérer un avenir radieux ? Que ces assoiffés du pouvoir cessent d’enivrer la jeunesse avec leur promesse mirobolante et pétaradante à partir du moment où ils n’optent pas pour le renouvellement de l’élite. Tant que ces « tontons flingueurs » continueront d’écumer d’une manière boulimique la gestion de la chose publique, l’avenir de la jeunesse ne sera qu’un pure enfumage. Disons-le, la jeunesse doit également se remettre en cause car elle a contribué d’une manière ou d’une autre à cette parodie contextuelle. Ce sont les jeunes qui participent à des marches de protestation et autres. Ce sont eux qui brandissent généralement les fusils et les machettes pour déstabiliser un ordre établi. Comme si cela ne suffisait pas, ils sont payés en retour en monnaies de singe. Et si l’on ne fait pas attention, l’avenir de la jeunesse sera toujours hypothéqué. Avec les mots contre des maux, nous briserons ce fourmillement de système qui asphyxie le pays depuis de nombreuses années.

Mon expérience si médiocre soit-elle éclairera à juste titre la lanterne des uns et des autres. Suivez mon regard. Après quelques années d’étude en Afrique de l’ouest, j’étais rentré à Bangui en 2006 avec un projet à la clé; celui du Premier forum citoyen de la jeunesse pour la paix, le développement et l’entrepreneuriat. Très rapidement, j’ai mis en place une équipe de travail avec des jeunes universitaires très talentueux. Le travail d’équipe s’articulait autour de la faisabilité du projet. Pendant de long mois, nous avons pris attache sans succès avec des structures privées, para-étatiques voire des personnalités ciblées pour collecter les moyens matériels et financiers adéquats pour la tenue du forum. En ce temps, le Ministère en charge de la jeunesse ne pouvait soutenir le dossier pour la simple raison que notre association n’était guère reconnue d’utilité publique et de surcroît, elle ne figurait point sur la liste des 500 mouvements-associatifs répertoriés au sein de la dite institution. Au bout d’une année, nous avions trouvé une autre astuce pour introduire le projet auprès du Ministère de la Jeunesse. Dans un premier temps, nous avions placé le forum sous le très haut patronage du Chef de l’état afin que le projet fasse bonne presse partout. Il faut avouer que le contexte était très opportun. Dans un second temps, nous avions utilisé le label d’un réseau qui était resté longtemps dans la léthargie pour atteindre notre objectif. Il s’agit en fait du réseau des objectifs du millénaire pour le développement. A dire vrai, nous avions exhibé le label du Réseau grâce à une entente cordiale que nous avions eue avec son ancien coordonnateur ANDA MOKOTO Marius. D’un côté, il tenait vaille que vaille à ressusciter son réseau par l’entremise du projet et de l’autre côté , on était déterminé à faire feu de tout bois pour réussir notre activité citoyenne.

A cette époque, le Ministère de la Jeunesse était chapeauté par Désiré Nzanga Kolingba et Levy Yakete était Conseiller à la Présidence en matière de la jeunesse. Bien que nous ayons mis les bouchées doubles pour rendre faisable le projet, le dossier peinait à prendre corps dans les deux institutions sus-mentionnées. N’eut été la diplomatie agissante d’un expert international sur le projet auprès de l’ancien président Bozizé, nous n’aurions pas pu organiser ce forum historique. Nous devrions à la vérité que cet expert international était à Bangui pour favoriser la tenue du Dialogue Politique Inclusif de 2008. En plus, on s’est connu lors du sommet alternatif des jeunes parlements africains de 2004 à Bamako au Mali. L’occasion faisant le larron, ce citoyen du monde avait posé ses valises pour la première fois dans le pays des trublions. Fort de cette relation d’antan, il appuya alors notre projet auprès du Président jusqu’à ce que le Conseiller en charge de la jeunesse à la Présidence s’en empara officiellement. L’enjeu était de taille car on devait faire face aux jeunes leaders qui étaient censés être le porte-voix des autres. En dépit des uppercuts, des empoignades, des croc-en-jambe, de la guerre de positionnement et du bal d’égo en tout genre, nous avions finalement tenu le forum devant un parterre de jeunes de toutes obédiences durant l’année 2008. Quasiment tous les jeunes des différents partis politiques étaient représentés au premier forum de la jeunesse nationale. Entre l’ouverture des assises du forum et sa clôture, nous avons eu l’opportunité d’échanger plus de trois fois avec l’ancien Chef de l’état Bozizé. Lors d’une audience qui a duré plus de deux heures avec lui, nous avions abordé des questions épineuses qui refont d’ailleurs surface de nos jours.

Tellement que l’autorité était séduite par notre clairvoyance, il nous a offert un déjeuner quelques jours plus tard au Palais de la Renaissance. Ce jour, j’étais assis juste à côté du Président et on échangeait sans la langue de bois. Pendant des minutes successives, il était presque lié à mes lèvres. Certaines personnalités, qui lui vouaient un culte, commençaient à s’agiter sobrement. D’autres voyaient déjà en moi un futur ministre ou un haut responsable car le Président s’était montré trop réceptif. D’autres personnalités encore pensaient que j’étais entrain de solliciter un poste de responsabilité. Hélas ! J’étais avec l’Autorité sur les grandes idées que vous aviez l’habitude de lire dans mes articles truffés souvent des fautes comme les étoiles dans le ciel. Il suffit de prendre ne serait-ce qu’une fois la température du sérail pour savoir à quel point les danseurs du ventre s’agitent. Déjà, notre entrevue agaçait visiblement les proches du Président qui n’ont ménagé aucun effort pour dresser un cabinet noire contre moi. En cet instant, si je bénéficiais d’un parapluie politique, les coups bas n’existeraient peut être pas. Sans coup férir, j’ai connu le vert, le pas vert et j’ai même avalé les couleuvres. Contre toute attente, je progressais dans ma lutte avec délectation et efficacité. Après le forum, j’ai organisé dans la foulée une colonie des vacances à Mbaiki précisément à l’ISDR. Ensuite, j’ai initié le symposium des jeunes de la CEMAC. Étant donné que certains jeunes leaders m’assimilaient à un potentiel candidat pour le Conseil National de la Jeunesse (CNJ), ils se mobilisaient pour torpiller mes différentes activités. Quand bien même j’ai financé sur fond propre le symposium à hauteur de 60 %, certains jeunes ont utilisé leur relation familiale pour me contrarier sauf que je suis un jusqu’au-boutiste inarrêtable. La déconvenue sera totale au moment où un jeune leader, qui a mené de bout en bout le projet avec moi, instrumentalise les participants pour qu’ils se déversent sur moi comme une avalanche de neige. Comme une bête de foire, j’ai connu ce jour l’humiliation, le mépris pour la simple raison que la mise en place du CNJ s’approchait à grand pas et qu’il faille déblayer le chemin. Bref ! On a entendu ce qu’on devait entendre et on a vu ce qu’on devait voir. Presque tout le monde parlait au nom du Chef de l’état. Des simagrées qui ont conduit le pays dans l’abîme.

Aujourd’hui, la jeunesse doit se servir des erreurs du passé pour mieux avancé. Tant que cette jeunesse restera toujours dans l’assistanat, le nombrilisme a encore de beaux jours devant lui. Tant que les personnalités politiques continuent d’opposer les jeunes entre eux, cette entité risque de toujours se regarder en chien de faïence. A force de nous imposer le malheur et de vous approprier le bonheur, le pays vibrera au rythme d’un éternel recommencement. Plus jamais ça ! Il nous faut un dialogue social pour rompre avec ces vielles pratiques. Encore des mots contre des maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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