Mots contre maux de rjpm

RCA : LA PARALYSIE FACIALE DU POUVOIR DE BANGUI

Il suffit juste de publier un article dénonçant les comportements irresponsables des autorités centrafricaines, pour s’attirer les foudres des cabinets noirs de la présidence et différents ministères du pays. A la lecture de nos pamphlets, certaines personnalités s’en donnent à cœur joie pour dire que « le chien aboie mais la caravane passe ». D’autres utilisent la méthode forte à savoir les imprécations, les quolibets, les injures, les menaces et diatribes envoyées dans les messageries privées, pour nous réduire au silence.

Je me souviendrai encore du message haineux d’un prix Nobel de la littérature version centrafricaine, que j’avais reçu récemment suite à un de mes articles. Après un long serment, il me lâcha sèchement cette phrase : « La culture, moins on en a, plus on l’étale ». Chose étrange, le prix Nobel de la littérature version centrafricaine, me parlait de la culture comme si je lui ai dit ne serait-ce qu’une fois que j’étais un homme cultivé. Pourquoi cherchez-vous une aiguille dans une botte de foin ? Lui disais-je. Je suis conscient de ma cécité intellectuelle et de mes articles truffés de faute comme une bassine remplie de sorgho. C’est à ce titre que je prône le culte de l’excellence afin de rompre avec le centrafricano-pessimisme, l’obscurantisme et l’analphabétisme béat qui nivellent le pays vers le bas. Rassurez-vous Monsieur le prix Nobel de la littérature version centrafricaine, je lutte chaque jour contre cette cécité pour qu’elle ne soit le plus tôt possible qu’un lointain souvenir.

Animé par l’envie de bouter hors de mon chemin la médiocrité, je me suis mis à l’école du savoir. Quelques amis de Facebook que je n’ose guère classer parmi mes détracteurs, me qualifient de « petit nègre ». Le seul fait qu’ils aient constaté le mouvement de la négritude dans ma modeste personne est largement suffisant. A force de me perfectionner, pourrai-je devenir un « grand nègre » à l’instar d’Aimé Césaire ? Assurément non ! En vérité, tout un chacun devrait reconnaître ses limites afin d’essayer de les surpasser chaque jour que Dieu fait. Reconnaître son incompétence n’est guère une fatalité. Il va sans dire que si les Autorités de Bangui se remettaient en cause au prorata de la grogne populaire, la face cachée de l’iceberg n’éventrerait pas pour autant le bateau de la transition. Espérant que la culture démocratique s’imprégnera du culte de l’excellence, surtout lorsque l’on sait que la démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Une chose est sûre, on ne peut diriger, dans le monde d’aujourd’hui, un pays sans tenir compte des attentes de la population. Une telle pratique est révolue.

Or, les autorités de Bangui ont pendant longtemps ignoré les attentes du peuple centrafricain. Dix (10) mois après l’éviction de Djotodia, la situation reste très alarmante. Pendant qu’une partie de la population vit toujours dans la ghettoïsation, une poignée d’individus s’embourgeoise audacieusement. Il est tout à fait normal que l’injustice sociale déroule in fine le tapis de la violence. Ainsi, la flambée des violences de ces derniers jours est la conséquence inéluctable de ces laisser-aller et laisser-faire, qui empoisonnent le quotidien des Centrafricains. Lorsque l’on veut dénoncer ces frasques, ceux qui font l’actualité rétorquent que le chien aboie mais la caravane passe. Mais de quelle caravane parlent-ils ? Seraient-ils entrain de parler de celle qui est dépossédée de ses caravaniers ? Si c’en est le cas, le chien renifleur que je suis, continuera d’aboyer autant que faire se peut.

Pendant dix (10) mois, nous n’avons cessé d’aboyer « Hou hou hou hou » pour la simple raison que la politique de la transition ne reflétait pas les attentes du peuple centrafricain. Dés l’abord, Dame Cathy commençait à faire fi des défis qui s’imposaient au pays. Tellement le danger de l’enlisement était certain, nous avons préféré l’aboiement au silence complice. « Hou hou hou » pour que les autorités de Bangui optent pour une transition fédératrice et rassembleuse. « Hou hou hou » pour qu’elles comprennent que notre souveraineté est relative au regard de la brume contemporaine. « Hou hou hou » pour qu’elles impliquent fortement la Communauté internationale et les acteurs nationaux dans la recherche d’une solution apaisée puisqu’en Centrafrique, notre sport national est : « Homo homini lupus est ». « Hou hou hou » pour que Dame Cathy et ses sbires comprennent que la transition nécessite une gestion consensuellePar conséquent, toutes ses décisions et ses nominations devraient nécessairement refléter cet esprit de consensus.

« Hou hou hou » pour que l’ancienne présidente de la délégation spéciale de la ville de Bangui, comprenne que son pouvoir discrétionnaire est assujetti à la volonté populaire. « Hou hou hou » pour que ceux qui font l’actualité sachent qu’il n’y a pas de « pro » ou de « contre » dans une transition. Qu’on le veuille ou pas, nous sommes tous dans le même bateau et ce n’est pas pour rien que nous réclamons à tout prix un regard consensuel pour la réussite effective de la transition.

Hélas ! Notre démarche était très mal comprise à telle enseigne qu’on nous taxait d’envieux, d’aigris, de tous les noms d’oiseaux…En un mot, les qualificatifs fusaient de partout. Mais la conséquence ne s’est pas faite attendre, car le pays est actuellement victime d’un regain de tensions, de vandalismes, de pillages, d’exécution sommaire etc. Sans surprise, la Capitale Bangui est devenue une ville morte.

Admettons-le, le pouvoir de Bangui vient de subir une paralysie faciale et s’il s’obstine dans sa gestion hasardeuse, il connaîtra probablement un accident cardiovasculaire. « Hou hou hou » nous l’avons toujours été, « Hou hou hou » nous le serons, car seuls les mots contre les maux aideront le pays à sortir de l’ornière.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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