Chronique de GJK

RCA : UNE CLASSE POLITIQUE SANS ECLAT

« Le peuple s’intéresse à la politique quand la politique s’intéresse à lui.» (Ségolène Royal)

Si l’on me posait la question, je répondrais simplement, que je suis vraiment reconnaissant au Dieu du Ciel, lui qui a bien voulu me faire grâce de me priver, de toutes les facultés permettant de prendre part à la malédiction collective, réservée aux hommes et femmes politiques de mon pays, la Centrafrique. Tous, ils semblent souffrir, souvent sans le savoir, des conséquences d’un mauvais sort qui, d’année en année, fait rage depuis 54 ans d’indépendance. Pourquoi dis-tu cela ? Je vous entends bien me poser la question. Ne perdez pas patience, car je vous réponds de suite.

Prenez n’importe quel Centrafricain : intellectuel, instruit ou analphabète, entrepreneur, banquier ou homme d’affaires, technocrate ou commis de l’état, soldat ou général 7 étoiles ; faible ou courageux, grand ou petit, noir ou métis, riche ou pauvre, croyant ou athée etc… Essayez  seulement d’en faire un homme politique, et je vous assure d’un résultat certain : du jour au lendemain, il cesse d’avoir des idées.

En voulez-vous une preuve ? Allons-y voir, et surtout ne cherchons pas très loin. Arrêtons-nous au drame récent de l’Eglise de Fatima du 28 mai 2014. Je vous assure, sous d’autres cieux, des hommes politiques auraient organisé une manifestation quelconque, pris la tête d’une marche ou tenu des meetings pour dénoncer une telle barbarie; on les aurait entendu pousser des vrais coups de gueule à la radio, à la télévision, partout dans les médias. Certains seraient allés jusqu’à offrir leur vie en sacrifice pour le salut et la survie du peuple ! Surtout et surtout s’il vous plaît ne me parler pas de la situation du pays qui les aurait contraints au silence. D’ailleurs, quand ils le veulent, on les voit très bien organiser des conférences çà et là, et écumer les plateaux des télés partout en Europe. Donc ils sont capables de faire la même chose devant un drame d’une telle ampleur.

Mais savez-vous à quoi se réduisent nos soi-disant hommes politiques ? A rédiger et à faire publier des déclarations, communiqués de presse ou messages de compassion. Ce que vous et moi, nous pouvons faire tous les jours. Et si vous doutez encore, voici à propos de la dernière tragédie centrafricaine, quelques-uns des titres à lire si vous avez du temps à perdre:

  1. COMMUNIQUE DE PRESSE D’EMILE GROS NAKOMBO (Fait à Bangui le 29 mai 2014)
  2. DECLARATION DU Pr GASTON MANDATA N’GUEREKATA SUITE AU CARNAGE DE LA PAROISSE DE FATIMA (Fait à Bangui le 29 mai 2014)
  3. LE RDC EXIGE LE DESARMEMENT SANS CONDITIONS DES FORCES NON CONVENTIONNELLES (Fait à Bangui le 29 mai 2014)
  4. COMMUNIQUE DE PRESSE DU MLPC RELATIF AU CARNAGE DE L’EGLISE DE FATIMA (Fait à Bangui le 29 mai 2014)
  5. DECLARATION DE L’URCA RELATIVEAUX EVENEMENTS DU 28 MAI 2014 DANS LE 3ème ARRONDISSEMENT DE BANGUI (Fait à Bangui le 30 mai 2014)
  6. COMMUNIQUE DE L’ALLIANCE POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES (Fait à Bangui le 30 mai 2014)
  7. COMMUNIQUE DU PARTI : USD-COMODES AMERTUME DEVANT UN ACTE IGNOBLE (Fait à Bangui le 30 mai 2014)
  8. MESSAGE D’INDIGNATION ET DE COMPASSION (Fait à Bangui, le 28 mai 2014 Xavier Sylvestre YANGONGO)
  9. COMMUNIQUE DE PRESSE DU BUREAU NATIONAL DE LA JEUNESSE  SOUTENANT L’ANCIEN CANDIDAT A LA Présidence Sylvain Patasse (Fait à Bangui le 31 mai 2014)
  10. COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA CRPS RELATIF AUX MASSACRES DE FATIMA (Fait à Bangui le 31 mai 2014)

Et tutti quanti.

Alors, je pose clairement les questions suivantes :

  • Et si Boganda s’était contenté de simples déclarations et de communiqués, serait-il devenu l’homme que tous, nous « vénérons » aujourd’hui ?
  • Et si en 1977, les élèves et les étudiants Centrafricains n’avaient pas marchés dans les rues et sur les avenues, l’Empire de Bokassa aurait-il connu la fin que nous savons ?
  • Et si la CFD (Convention des Forces Démocratiques), n’avait pas existé et que le Dr Conjugo n’avait pas offert sa vie pour l’avènement de la démocratie en RCA ?

Il y’a des jours où,  – et je suis sûr que cela arrive à chacun d’entre nous – on se sent vraiment mal dans sa peau de Centrafricain. Que de déclarations et de communiqués de presse, n’a-t-on pas lus en quelques mois ? Et c’est en cela que se résume « faire la politique » en RCA. Posez la question à vos présidents des partis politiques et à vos candidats à la présidentielle, et vous serez surpris de vous rendre compte que depuis belle lurette, presque aucun n’a franchi, pour ainsi dire, la barrière du PK12 vers le Nord de Bangui,  ou celle  du PK9 en allant vers Mbaïki etc…quant aux provinces situées à plus de 50 km de Bangui, n’en parlons même pas. Il y ‘ a longtemps qu’elles ont été désertées;  et même les pagnes à l’effigie de la « Dame de paix » n’y sont pas parvenus. Cependant, on sait que tous les hommes politiques ont eu à prendre ces derniers mois, Air France, Royal Air Maroc et d’autres compagnies aériennes pour aller en Europe ou dans les capitales africaines faire les « mendiants ». C’est ainsi que chacun espère sauver le peuple de la misère, épargner au pays la partition et surtout se préparer à gagner l’élection présidentielle.

Malheureusement, il y’a encore des gens pour croire aux balivernes et autres « n’importe quoi » déversés par ces « n’importe qui » d’hommes politiques Centrafricains !

Décidément, la Centrafrique rend fou. Et des centrafricains, effectivement fous, tiennent à rendre fous, ceux qui ne sont pas du tout fous, et ceux qui ne sont pas encore totalement fous.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page