Mots contre maux de rjpm

RALLIEMENT A FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA: ACTE PATRIOTIQUE OU CALCUL PERSONNEL

Par RJPM

On ne parle que du ralliement des candidats malheureux à Archange Faustin Touadera depuis quelques jours. Ce sujet fait la « une » des quotidiens et médias nationaux, des sites en ligne et la presse internationale. Que faut-il voir derrière ce grand mouvement d’allégeance à l’ancien premier ministre qui a brillé pendant cinq ans par son inexistence à la tête du gouvernement de Bozizé ? La première leçon à retenir est que les 16 signataires (et non 20 relayés par la presse) ont tous été indexés par les Centrafricains de tous bords comme n’ayant pas les compétences et aptitudes nécessaires pour sortir le pays du gouffre dans lequel elle s’y trouve depuis très longtemps. Véritable acte patriotique ou calcul personnel? Ces mêmes candidats malheureux exigeaient dès les premiers résultats de l’ANE l’annulation de ce scrutin qui leur sert aujourd’hui de tremplin pour un lendemain meilleur. C’est vrai que dans l’aventure, beaucoup de perdants ne pourront plus récupérer la caution de cinq (5) millions de Francs CFA qu’ils avaient versés auprès la banque pour pouvoir concourir en toute légitimité. On se croirait devant un film où le mouvement des lèvres de l’acteur principal ne coïncide pas avec ses propres paroles. « Qu’avons-nous fait au bon Dieu pour mériter une telle classe politique ? » s’interroge Eric Zendi un vendeur sédentaire. S’il faut paraphraser le sophiste Protagoras, on dira tout simplement que l’Homme est la mesure de toute chose. C’est pourquoi le volte-face de ces éternels insatisfaits ne doit guère étonner qui que ce soit. Il serait pourtant simple et logique de lire les messages des Centrafricains et des Centrafricaines à travers les chiffres obtenus par chaque candidat.

On se souviendra toujours que les Centrafricains se sont massivement levés pour marquer d’une pierre solennelle ce moment historique de notre pays. Sans doute, les Centrafricains sont décidés de choisir le leader qui présidera leur destiné. Mêmes les fraudes enregistrées ça et là ne pourraient pas stopper leur détermination. Sans aucune bagarre, ils ont stoppé les manipulations orchestrées par certains candidats qui pensaient avoir raison des plus faibles. Du coup, parmi ceux qui ont reçu le carton rouge du peuple centrafricain, certains d’entre eux se sont même attaqués à la communauté internationale. A les entendre, on a l’impression qu’ils cherchent des bouc-émissaires là où il ne faut pas. Jusqu’à quand ces politiciens de tout poil arrêteront-ils de désigner les autres comme responsable de leur propre échec ?

La Minusca et la force française Sangaris avaient-elles voté lors de ces élections ? En aucun cas, à ce que l’on sache. Les responsabilités et les obligations de tout un chacun ont été rappelées tout au long de ce processus. Le Centrafricain lambda a suivi toutes les rencontres réunissant l’ensemble des candidat et les partenaires qui ont accepté d’accompagner et de soutenir ce processus électoral. En plus, l’ANE a dirigé de bout en bout tout le processus. Comment comprendre qu’aujourd’hui, ces mêmes politiciens, parce que recalés, puissent parler de préférence d’un candidat par rapport à un autre ? Selon nos sources, les deux finalistes ont bénéficié comme les textes le prévoyaient d’une protection rapprochée fournie par la Minusca. Y’ a t’il eu une préférence à ce niveau ? Il suffit juste que l’on fasse un tour chez les deux finalistes pour se rendre à l’évidence. Au delà de ces questions d’éthique, il est essentiel de garder à l’esprit le rôle déterminant de la Cour Constitutionnelle dans les tous prochains jours. Selon l’ordonnancement juridique, la Cour Constitutionnelle dispose de Huit (8) jours après la publication officielle des données électorales par l’ANE pour proclamer tous les résultats globaux. Qu’on se l’avoue, les résultats proclamés par la Cour Constitutionnelle sont irrévocables. C’est pour cela que les deux finalistes, y compris les perdants, doivent attendre la proclamation de la Cour Constitutionnelle avant d’officialiser chaque ralliement. Il se pourrait que la Cour Constitutionnelle revoie à la hausse ou à la baisse les scores d’un des candidats ainsi que ceux des perdants qui l’ont rallié. Il se pourrait également qu’un des candidats se retrouve en ballottage très défavorable après la proclamation de la Cour Constitutionnelle. Alors, qu’en sera t’il de ces ralliements prématurés ? Si l’on admet que la politique est un théâtre de passion, il faut alors s’attendre à tout car il peut y avoir un recadrage des résultats globaux par la Cour Constitutionnelle. A ce moment là, certains perdants risqueront bien fort de redéfinir encore leur avenir.

La tentation de vivre une déferlante vague de désespoir ces prochains jours est très grande. Espérons que ces perdants, qui courent derrière les rognures et les rebuts, ne constitueront pas un groupe rebelle d’ici demain pour exister politiquement dans la nouvelle Centrafrique. Car on sait tous que la frontière entre le patriotisme et le calcul personnel est très mince dans notre pays. Et c’est ce qui nous différencie de nos frères du Burkina Faso. Puisque ces candidats malheureux ont signé le code de bonne conduite, alors qu’ils le respectent. Ils le doivent bien à tous les Centrafricains meurtris dans leur fort ces deux dernières décennies. C’est juste pour cette raison que nous utiliserons toujours les mots contre tous les maux de notre société.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

2 commentaires

  1. bravo! tout est dit. On peut simplement ajouter l’immaturité des politiciens centrafricains guidés par leurs intérêts personnels et égoïstes. Voilà à peine avant qu’on n’attende la validation des résultats par le CCT que ces assoiffés du pouvoir se sont déjà ralliés à un des candidats. A lire le projet de société de FAT, on se rend compte que c’est un catalogue superposé de propositions sans cohérence, non chiffrées et vagues. M. TOUADERA se targue d’avoir bien géré le pays et oublie de dire que les salaires n’étaient pas payés sur les recettes budgétaires générés par le budget de l’Etat, mais grâce aux fonds de stabilisalisation de la paix octroyés par l’ONU.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page