Mots contre maux de rjpm

CENTRAFRIQUE: UNE TRANSITION CREPUSCULAIRE

Après un uppercut bien dosé et combiné de la Présidente Samba-Panza à la Communauté Internationale sur le choix du nouveau Premier Ministre, l’étau se resserre au fur et à mesure autour d’elle.

Sur le plan national, il faudrait noter que les réactions fusent de partout depuis la nomination de Mahamat Kamoun à la primature. D’abord le communiqué laconique de la coalition Seleka dans lequel le deuxième vice-président Daffhane a rejeté le choix de l’actuel premier ministre et exclu la participation de son mouvement dans le prochain gouvernement. Intransigeances réitérées par le Porte-parole des Selekas sur une chaîne de télévision étrangère. Ensuite, L’Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition (AFDT) a clarifié sa position à travers un Communiqué signé par le Pr. Joachim SIOKE RAINALDY le 12 Août 2014. Si l’AFDT a pris acte de la nomination de Kamoun, elle a cependant botté en touche la formation du nouveau gouvernement tout en envoyant dos à dos la Présidente Samba-Panza et le médiateur de la crise centrafricaine. Enfin, nombre de partis politiques a pratiquement emboîté le pas aux organisations susmentionnées.

Sur le plan international, la déception est totale quoique la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (Minusca) ait déclaré avoir pris acte de la nomination de Kamoun dans un Communiqué le Lundi dernier. Aussi, les autorités françaises se sont  indignées de la volte-face de Dame Cathy. Elles évoquent la récente conversation téléphonique du Ministre français Laurent Fabius avec Madame Samba-Panza pour qualifier son attitude de pédalo dans la tempête. D’ailleurs, le Journal La Croix du 13 Août 2014 a largement épilogué sur sa méthode peu orthodoxe envers la Communauté Internationale.
Il y’a eu un même son de cloche du côté de Brazzaville qui considère l’attitude de Dame Cathy comme un camouflet. Il semblerait que la Présidente n’a pas respecté les engagements qu’elle a pris lors d’un conciliabule sur le sol congolais pendant le forum de Brazza. Le Président congolais aurait le regard courroucé et risque d’être le centre névralgique d’une réplique disproportionnée de la Communauté Internationale.

Par-dessus tout, la Communauté Internationale avait proposé en marge du sommet de Malabo un scénario d’une sortie de crise apaisée en Centrafrique. Au lieu de mettre encore le fauteuil présidentiel sur la sellette, certains décideurs mondiaux avaient souhaité qu’on adjoigne à la Présidente un Premier Ministre capable de booster le pays vers la réconciliation et la reconstruction nationale. Rappelons-le, cette question avait fait l’objet d’un débat houleux pendant le huis clos des Chefs d’états de la sous-région à Malabo. C’est d’ailleurs à ce titre que nous avons publié le 10 Juillet 2014 dans « Les Plumes de RCA » un article titré : Les enjeux d’une transition en panne. Cet article renfermait toutes les idées sous-jacentes de l’aparté des Chefs d’états impliqués dans la crise centrafricaine. Ainsi, les idées étaient agencées de la manière suivante :

« …en cas de prolongement de la transition, il y’ aurait un problème institutionnel qu’il faudrait d’ores et déjà solutionner.

En effet, si le principe du report des élections est acté, cela va sans dire qu’il faut nécessairement penser à un habillage juridique en vue de proroger la transition. Apparemment, la nouvelle période transitoire, encore en gestation, fait l’objet de vives discussions dans de nombreuses représentations diplomatiques et instances internationales.
De ces discussions, se dégagent désormais deux courants de pensée sur la Centrafrique.

Les tenants du premier courant estiment que la nouvelle transition doit être dirigée par une personnalité consensuelle qui saura se servir du soutien inconditionnel de la communauté internationale envers la Centrafrique pour sortir le pays de l’ornière. Pour eux, il est clair et net que l’actuelle transition est en panne à cause de l’incompétence notoire des autorités de Bangui alors un changement de l’équipe dirigeante s’impose.

Cette prise de position soulève des questions pragmatiques. Quelle est alors la personnalité qui conduirait cette nouvelle transition surtout lorsque l’on sait que tous les leaders politiques n’aspirent qu’à la magistrature suprême au sortir de cette période trouble ? Faille-t-il convaincre le président du parlement provisoire centrafricain Monsieur Nguendet d’assurer l’intérim de la transition jusqu’à la prochaine élection?

En tout cas, l’idée présente quelques insuffisances et c’est dans cette optique que les adeptes du second courant réaffirment leur attachement à l’actuelle transition afin de ne pas perpétuer l’instabilité politique du pays. Ils estiment qu’il serait  préférable d’adjoindre à la présidente, un nouveau premier ministre et un vice premier ministre qui pourraient être à la fois compétents et rassembleurs. En outre, ils attestent que la transition doit avoir une feuille de route clairement définie et rendue public plutôt que de recevoir tout le temps des injonctions à géographie variable des autorités de la sous-région. »

Au demeurant, il est aisé d’admettre que le pouvoir de Bangui est actuellement en pleine dégénérescence. Il suffirait juste d’un blocage institutionnel pour que le pays subisse une mutation politique. A fortiori, les derniers rebondissements en Centrafrique ont nettement changé la vision de la diplomatie internationale. Tout en suivant de très près l’évolution de la situation, nous ne cesserons d’utiliser les mots contre les maux de la République.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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