Chronique de GJK

RCA : OSER PARLER ET RÉSISTER C’EST DÉJÀ VOULOIR QUE TOUT CHANGE !

Alors que la RCA sombre quotidiennement dans la misère et l’effusion de sang, et que chaque jour, des populations meurtries, se trouvent privées du droit élémentaire à la nourriture et aux soins, beaucoup de Centrafricains, ont dû certainement et à maintes reprises, se sentir gravement trahis et humiliés, par tous ces scandales révélés, qui touchent à l’honneur de leur pays. De même, je ne puis m’en douter, nombre de compatriotes, ont dû être profondément choqués et révoltés ces derniers jours, par les comportements, mais surtout, par le ton délibérément outrageux, arrogant et provocateur, des déclarations faites et des discours prononcés, par des dirigeants, que le coup de pouce du destin et l’usage des moyens tortueux ont, hélas, porté à la tête de l’actuelle transition.

Comment éviter malgré tout, que la plupart des Centrafricains, à qui plus personne ne pense – telle malheureusement est la situation aujourd’hui -, en arrivent finalement, à se résigner totalement à leur tragique sort ; ou, en désespoir de cause, à désirer ardemment la mort – naturelle ou violente -, à laquelle ils ont fini par s’accoutumer ? En d’autres termes :

COMMENT NE PAS DOUTER DE NOTRE PAYS ET ARRIVER A  REDONNER VIE ET ESPOIR A TOUS LES CENTRAFRICAINS ?

1-   Qu’il suffise aux dirigeants de poser des actes et d’aller jusqu’au bout

Après le discours d’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année 2014 prononcé le 1er octobre dernier, par le Président du CNT, Ferdinand Alexandre Nguendet, je prendrais une fois de plus, le risque d’espérer que plus rien ne sera pareil au passé, et que la transition va se remettre sur la bonne voie.

Devant toute la nation centrafricaine, des engagements ont été pris par le président du CNT, parmi lesquels notamment celui relatif au don angolais qui défraie la chronique depuis ces derniers jours :

« Le Conseil National de Transition va auditionner tout le Gouvernement sur le sujet car me semble-t-il il n’y a rien à cacher au peuple. Le peuple a le droit de connaitre la vérité sur les moyens gracieusement mis à la disposition de notre pays  par les partenaires et pays frères ainsi que de la gestion qui en résulte. L’éclairage qui découlera de cette audition sera porté à la connaissance de l’opinion publique. » Dont acte.

A ce sujet, il faut dire que le peuple dont il est question semble avoir déjà à sa disposition, suffisamment d’éléments d’appréciation et attend fermement le CNT. Plus rien ne devra être négligé et passé sous silence.

En effet, d’abord, pour Nguendet lui-même, c’est plus que jamais le rendez-vous à ne pas manquer, question de se réconcilier avec tous les Centrafricains désabusés, prêts au moindre faux pas à lui rappeler et reprocher ses deux principaux « péchés originels et mortels » : d’une part, ses accointances réelles ou supposées, actuelles ou passées avec la Séléka, d’autre part, ses ambitions démesurées pour la fonction suprême, lesquelles lui font souvent perdre le sens et la valeur de ses responsabilités présentes. Pour convaincre aujourd’hui, Nguendet doit vaincre Nguendet, et ainsi permettre au Président du CNT, d’évoluer librement, dans une position de total détachement par rapport à la présidence de la république de l’après transition, ce qui lui permettra de « rouler » à fond pour le peuple centrafricain.

Et si tel est le cas, par rapport au don angolais, Nguendet, n’a plus le choix que d’aller jusqu’au bout de sa logique – toute la vraie vérité -, qui est celle du peuple. Dans le cas contraire, il passera lui-même pour l’une de ces « personnes qui jusque-là continuent de jouer à l’autruche, la tête plongée dans le sable et le postérieur totalement dehors ».
Aussi, pour employer une maxime militaire utilisée dans certaines circonstances décisives, les Centrafricains observent actuellement, et disent tous à Nguendet :

« Si tu avances, le peuple te suit. Si tu t’arrêtes, le peuple te pointe.  Si tu recules, le peuple t’abat ».

2-   Qu’il suffise au peuple d’éviter des divisions grossières et dénonce toutes les manœuvres autant nuisibles à ceux qui sont au pouvoir qu’à ceux qui y prétendent

Vous avez sans doute remarqué que bien souvent, les Centrafricains sont prompts à encourager et à défendre par leurs actions, tous les leaders dont les prises de position vont dans le sens des intérêts du peuple. Mais très généralement aussi, dès les premières difficultés ou obstacles à franchir, ou encore au moindre signe de détermination ou de durcissement de la position des dirigeants au pouvoir – qui en plus utilisent tous les moyens de corruption pour convaincre -, les positions petit à petit s’essoufflent et faiblissent, se transforment et mutent, et à la fin, prennent des directions que plus personne ne comprend. Au final, soit le peuple se retrouve sans leader, ce qui est généralement le cas ; soit c’est le leader qui, sans le peuple n’est que l’ombre de lui-même.

Que se serait-il passé, si, comme je le crois, le peuple qui avait raison de s’opposer à la nomination de Mahamat Kamoun, avait eu des leaders suffisamment représentatifs pour porter sa voix ? Ou, si des leaders suffisamment charismatiques, avaient été poussés et soutenus par le peuple ?

Dans tous les cas, un peuple sérieux et déterminé auquel il manque des leaders éclairés, n’arrivera jamais à s’orienter comme il se doit, et ne parvient que rarement à atteindre son but. De la même manière, un leader, quel qu’il soit, quelle que soit la force de sa conviction et sa détermination, ne représente rien, s’il devrait se débattre tout seul quand arrivent les obstacles.

Qu’on se le dise. Nguendet pourra-t-il aller jusqu’au bout de son engagement ? Samba-Panza et Mahamat Kamoun, qui tiennent en mains les leviers du pouvoir exécutif, continueront-ils à « jouer à l’autruche, la tête plongée dans le sable et le postérieur totalement dehors » ?
Par ailleurs, tous ceux qui ont applaudi le discours de Nguendet et loué son courage et sa détermination – à commencer par les Conseillers nationaux -, seront-ils toujours présents à ses côtés, prêts à affronter et à vaincre avec lui, tous les obstacles qui ne manqueront pas de se dresser au travers de cette mission parlementaire ?

Et des obstacles il en aura !

A commencer par le Conseil National de Soutien à la Transition (CNST) – qu’on trouve nulle part mentionnée dans la charte de transition -, dirigé par un certain Dondaye Hassan, avec l’appui de Gisèle Bedan, la redoutable philosophe et idéologue du groupe, grande spécialiste de la théorie « bédanienne » de Division Nationale.
L’on se souviendra, c’est bien cette organisation des « Pro-Pour-Majorité silencieuse », qui s’est spécialisée et s’est fait remarquer depuis sa création, à travers des marches – aussi spontanées qu’elles sont minutieusement préparées – , et les actions en soutien à Samba-Panza. Il faut noter par ailleurs, que dans l’imaginaire de ses concepteurs, le CNST a été mis en place pour contrecarrer toutes formes d’actions et de revendications, émanant de la majorité des Centrafricains, considérés à tort comme des « Anti-Contre-Majorité Bruyante » à Samba-Panza. De même, il convient de signaler, que c’est le CNST, qui avait, il y’a quelques semaines, organisé une manifestation devant le siège de l’assemblée nationale, pour exiger la dissolution du CNT. La partie à venir promet déjà d’être sans merci, ce d’autant plus que l’on soupçonne les dirigeants du CNST, de faire partie des principaux bénéficiaires du don angolais.

Et ce n’est pas la présence signalée de l’insaisissable et insatiable Gazam Betty dans les rangs du CNST, qui contribuera à arranger la situation ! En effet, l’ancien ministre de la communication de Djotodia, il fallait s’y attendre, aura enfin réussi l’exploit d’être reçu par Samba-Panza. Rien que ça ! Pour l’instant, son objectif est d’arriver à s’imposer comme le patron du CNST. Certes, il vise certainement autre chose, mais pour l’instant, il est au moins sûr et certain que s’il parvient à la tête du CNST, il aura la gestion de toutes les subventions en espèces que reçoit cette organisation. Et le connaissant, qui peut douter qu’il parviendra à force de zèle, à convaincre Samba-Panza, à encore et toujours donner plus pour les actions douteuses du CNST. Ainsi donc, on a aperçu tout le week-end dernier en pleine activité, Gazam Betty et Yann Mbombia, son fidèle soutien au CNST. Et comme notre ancien ministre de la communication communique partout où il se rend, voici globalement ce qu’il entend mener comme action contre le CNT :

« Faire circuler par tous les moyens et distiller rapidement, l’idée selon laquelle, la dernière sortie de Nguendet, participe en effet d’un vaste complot international ourdit par Karim Meckassoua, avec l’appui de Denis Sassou Nguesso, qui n’a pas pardonné et ne digère toujours pas, « l’insolence » et l’arrogance de Samba-Panza vis-à-vis de lui. Ainsi, pour arriver à déstabiliser la Présidente de la transition, Jeune Afrique a reçu du Président congolais – d’après Gazam Betty – une importe somme d’argent dont il ne dit pas le montant. Quant à Nguendet, il a perçu 400 millions de FCFA pour corrompre les Conseillers nationaux, et 250 millions pour réfectionner le siège de l’assemblée nationale ».

Par ces rumeurs, et d’autres encore en gestation dans son laboratoire de « Pourvu Que J’arrive », Gazam Betty espère « démonter » une à une, toutes les attaques portées contre Samba-Panza. Ainsi, pense-t-il arriver à rendre l’audition prévue par le CNT sans objet, sans avoir à apporter la moindre preuve à charge ou à décharge. Quelle roublardise et naïveté ! Mais connaissant la réputation de l’homme, Gazam Betty ne serait-il pas plutôt en train de chercher ainsi à obtenir également de la part de Samba-Panza, sa part du « don angolais » sous forme d’honoraires et de subventions aux actions de la société civile ? De plus, quelle aubaine offre une si belle occasion de savoir tirer profit de la supposée tension entre Samba-Panza et Meckassoua !

Quoiqu’il en soit, dans les jours à venir, l’on entendra beaucoup parler de corruption. Les noms de certains leaders politiques vont être ainsi mêlés à cette affaire de don angolais, et des militants de plusieurs partis politiques et associations, recevront des promotions ou nominations à différents postes, notamment de PCA de sociétés d’état pour l’essentiel.

C’est pourquoi, oser parler et résister c’est déjà vouloir que tout change !

3-   Qu’il suffise aux partis politiques et aux organisations de la société civile de sortir de leur mutisme et de leur inaction

Il est des voix qu’on aurait souhaité vraiment entendre dans la situation actuelle de scandale de détournement du don angolais, qui touche à l’honneur de la Centrafrique et des centrafricains. Malheureusement !

Mais comment comprendre et expliquer un tel silence de la part des partis politiques et des associations civiles, par rapport à cette affaire d’une si grande importance nationale et internationale ? Combien – serait-on tenté de demander -, chacun des leaders politiques ou associatifs, a-t-il perçu pour pouvoir se taire ainsi comme une carpe dans le fleuve Oubangui ?

Le consensus politique, peut-il à ce point gouverner les consciences, et les rendre aussi insensibles aux sacrifices des Centrafricains morts, aux cris des orphelins qui meurent de faim, et aux larmes des veuves qui ne savent plus ce qu’il faut faire de leur vie ? Qu’y a-t-il de non consensuel à dénoncer un cas flagrant de détournement de deniers publics ? Des deniers qui auraient pu servir sans doute aux pauvres. Voilà maintenant qu’ils enrichissent les riches !

En conclusion, revenons à notre question du début :  comment ne pas douter de notre pays et arriver à redonner vie et espoir à tous les Centrafricains ?

Je dirais simplement par notre action, car, pour paraphraser Albert Einstein :

« La RCA ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié

De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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