Chronique de GJK

RCA : MAHAMAT KAMOUN LE PREMIER MINISTRE DONT SAMBA-PANZA AVAIT RÊVÉ…

Par GJK

Suite à sa décision de nommer le 10 août 2014 Mahamat Kamoun en qualité de Premier Ministre de la transition, Catherine Samba-Panza – CSP –, que l’on se souvienne, avait tenu à donner des explications que personne ne lui avait demandées. Au fond, elle cherchait absolument à la fois à convaincre les Centrafricains et à se justifier, des raisons de sa défiance irraisonnée vis à vis de la communauté internationale, des principaux acteurs de la crise centrafricaine et d’une frange non négligeable de la population. C’est ainsi que le 22 Août 2014, dans une adresse à la nation, la Présidente de la Transition, du haut des oripeaux de son pouvoir suprême, s’était plu à dresser un portrait de son nouveau chef de gouvernement, prétentieusement présenté en cinq points au peuple comme étant pratiquement le Centrafricain le plus doué de sa génération. Six mois se sont déjà écoulés. Aussi, je voudrais me souvenir du discours enchanteur autrefois prononcé par Samba-Panza, et ce faisant, me permettre simplement d’emprunter à la Présidente de la transition sa très belle tirade: « j’examine une situation et je me pose des questions… », pour un rapide état des lieux.

CSP : «  Si le choix définitif s’est porté sur ce dernier (Mahamat Kamoun – ndlr), je vais vous dire clairement ce qui a milité en sa faveur

CSP : « 1-  Dans la situation de division larvée entre Nord et Sud, M. Mahamat Kamoun est aujourd’hui le symbole même de la symbiose communautaire qui a toujours fait la particularité de notre pays, étant de père musulman et de mère chrétienne. »

J’examine une situation et je me pose des questions… : Monsieur le Premier ministre depuis que vous êtes en poste, combien de fois êtes vous allé à la rencontre de vos frères Centrafricains du Nord et du Sud de l’intérieur du pays ? Saurions-nous dire un jour si vous fûtes « le symbole même de la symbiose communautaire » ?

CSP : «2-  A l’ encontre des gens arrogants dont le pays n’a pas besoin dans cette période de crise, M. Kamoun est un modèle d’humilité, ce qui est un atout considérable en ce moment. »

J’examine une situation et je me pose des questions… : Monsieur le Premier ministre, votre humilité, à quoi vous a-t-elle vraiment été utile pour le service de votre peuple ? Ne vaut-il pas mieux un arrogant travailleur, efficace et compétent, qu’un humble jouisseur, fainéant et intrigant?

CSP « 3-  Au moment où il est question de rechercher et de mobiliser les moyens financiers nécessaires au financement de la reconstruction de notre pays, il n’y avait sans doute pas mieux que Mahamat Kamoun qui est un fin connaisseur des finances publiques et des circuits financiers régionaux et internationaux. »

J’examine une situation et je me pose des questions… : Monsieur le Premier ministre et « fin connaisseur des finances publiques et des circuits financiers régionaux et internationaux», dites-nous, depuis six mois que vous êtes en fonction, combien de milliards de dollars, votre compétence internationalement reconnue a-t-elle permis au trésor public centrafricain d’engranger dans ses caisses publiques? Que je sache bien au contraire, directement ou indirectement, vous êtes plutôt familier des dépenses et des circuits frauduleux imputés aux caisses de l’état centrafricain. Aux finances et à la douane, n’avez-vous pas choisi de verrouiller le système en y conservant ou nommant vos très proches?

CSP « 4-  Devant l’impérieuse nécessité d’entretenir des relations normales avec certains de nos voisins, il n’y avait aussi pas mieux que Mr Kamoun. »

J’examine une situation et je me pose des questions… : Monsieur le Premier ministre, puisqu’il est évident que le Tchad est bien le voisin qui est visé ici, ne serait-il pas bon de savoir pour quoi le Président Deby a tout dernièrement refusé de vous recevoir ? Concrètement, qu’avez-vous fait pour « entretenir des relations normales » avec les uns et les autres ? Nada !

CSP « 5-  Pour avoir travaillé avec lui, j’ajoute que c’est un collaborateur dévoué et engagé pour son pays, des qualités dont notre pays a besoin pour ne pas reproduire la même expérience d’une tension permanente à la tête de l’exécutif comme le pays l’a déjà vécu.

Ce choix relevait par ailleurs de mon pouvoir discrétionnaire comme la plupart des entités l’ont clairement souligné lors des consultations. Dans tous les cas, Mr Mahamat Kamoun est un digne fils du pays et au lieu de le juger négativement dès le départ, il aurait fallu attendre de le juger à la tâche. Sauf à vouloir bloquer le pays qui souffre déjà de nombreuses difficultés, ce que je ne peux pas accepter pour le peuple Centrafricain qui est mon miroir, comme le conseillait sagement le défunt Président Omar Bongo Ondimba. »

J’examine une situation et je me pose des questions… : Madame la Présidente, en six mois, avez-vous eu suffisamment le temps de « juger à la tâche » votre Premier ministre ? Ou alors vous en faudra-t-il le double ou le triple pour ne pas dire une éternité pour mieux apprécier les « qualités » exceptionnelles de Mahamat Kamoun ?

Chère lectrice, ami lecteur, très franchement, Samba-Panza, si effectivement elle osait se regarder dans le miroir auquel il est fait allusion ici – à la fin de ce morceau choisi de son discours -, elle devrait sans doute constater, qu’au lieu des souliers à la taille de ses prétentions et ambitions, elle se retrouve malheureusement aujourd’hui dans ses petits souliers, tellement si petits, qu’il lui faudra raisonnablement s’en acheter d’autres. A moins d’être aussi malvoyante qu’elle est malentendante et arrogante. Tel est en d’autres termes d’ailleurs, la conclusion à laquelle la plupart de ses proches Conseillers en sont arrivés. En effet, tous ceux qui appartiennent à la « garde rapprochée » de CSP, et à qui il reste encore un brin de lucidité et de bon sens, n’hésitent pas à laisser entendre à la Présidente de transition cette déclaration pleine d’amertume et de regrets : avec Kamoun, nous nous sommes volontairement tiré une balle dans la jambe et une gangrène incurable s’y est installée. Il nous faut, puisque nous n’avons plus de choix, amputer cette jambe. Mieux vaut un unijambiste vivant, qu’un parfait gaillard « mort-vivant ».

A dire vrai dire, personne au monde n’aimerait avoir à regretter aussi profondément et aussi amèrement, une décision de nomination que l’on prétendait courageuse et qui, au final se révèle désastreuse et suicidaire à tout point de vue. Samba-Panza n’a pas d’autre choix que de se séparer de son actuel Premier Ministre.

Plus est, quand CSP, parlant de Mahamat Kamoun, affirmait fièrement « Pour avoir travaillé avec lui, j’ajoute que c’est un collaborateur dévoué et engagé pour son pays… », j’ai envie de m’écrier une fois de plus « Catherine, je te pitié beaucoup ! »

Tenez !
A peine nommé le 10 Août 2014, Mahamat Kamoun, avant même de désigner les membres de son gouvernement et de composer son cabinet au niveau de la primature, choisissait dès le 12 août 2014, sinon d’user et d’abuser de son titre de Premier ministre centrafricain, du moins, de mettre son autorité au service de ce qui n’est rien moins qu’une preuve de népotisme et de favoritisme, un trafic d’influence et un abus de position dominante, le tout à des fins purement égoïstes. En témoigne, sa vaine tentative de faire admettre spécialement et uniquement son propre fils, le nommé Kamoun Djibrine Mahamat, qui n’en remplissait pas les conditions, à l’Ecole Royale du Service de Santé Militaire (ERSSM) de Rabat au Maroc. Voir document ci-dessous, tout droit sorti de l’immeuble Pétroca :

(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

 AmbRCA-EtatMajorFAR

L’utilisation du titre de Premier ministre dans la présente note verbale, ne s’apparente-t-elle point à une tentative d’influence ? Le choix du seul fils du Premier ministre pour être l’unique bénéficiaire de ce « trafic » n’est-il point une manifestation du népotisme, du favoritisme et de l’égoïsme de Mahamat Kamoun ? D’où est-ce que Samba-Panza nous avait-t-elle trouvé pour brandir comme critère de nomination de son actuel Premier Ministre que « c’est un collaborateur dévoué et engagé pour son pays… » ? Drôle de dévouement et d’engagement pour la cause nationale !

Mais avant d’aller plus loin chère lectrice ou ami lecteur, voici la réponse bien méritée qui fut réservée à cette intolérable bêtise diplomatique :

(Cliquer sur l’image pour l’agrandir)

EtatMajorFAR-AmbRCA

En effet, aux termes d’accords conclus naguère entre le Royaume chérifien et la République centrafricaine notre pays, l’état-major des Forces Armées Royales (FAR) du Maroc, depuis maintenant plusieurs décennies, accorde régulièrement au gouvernement centrafricain, des places destinées en principe aux militaires de carrière, répondant surtout aux critères d’admission dans les écoles ouvertes à différents types de formation: santé, infanterie, génie, intendance, transmission et état-major.

S’agissant plus particulièrement de l’Ecole Royale du Service de Santé Militaire (ERSSM) de Rabat, on peut noter malheureusement, que la dernière promotion de militaires centrafricains aujourd’hui en formation, est celle qui est en train de terminer sa 5ème année d’étude. Et grâce à des explications que j’ai pu recueillir, l’on apprend que depuis 2007, tous les militaires centrafricains envoyés en formation à la prestigieuse ERSSM, se sont révélés d’un niveau général si inférieur à la moyenne acceptable, qu’ils ne purent jamais terminer ne fut-ce qu’une première année universitaire. Ils ont tous été tour à tour exclus. Et ceci explique cela : les critères préalables de sélection des candidats n’ont jamais été respectés. Mieux, depuis l’arrivée de la Séléka au pouvoir en Centrafrique, le Royaume du Maroc a purement et simplement décidé de mettre fin jusqu’à nouvel ordre, à toutes les possibilités de formations gratuitement offertes jusqu’alors.

En ce qui concerne le fils de Mahamat Kamoun, le nommé Kamoun Djibrine Mahamat que nous devons tous considéré comme une simple victime des errements de son propre père, il convient de préciser :

  1. L’intéressé a semble-t-il « très brillamment échoué » avant tout à son examen de baccalauréat, passé au Cameroun où il a résidé un moment ;
  2. Rentré à Bangui où son père était déjà en poste à la présidence de la République, Kamoun Djibrine obtint naturellement son bac session d’août 2013, qu’on a pu appeler « bac Djotodia », je n’ai jamais su pourquoi ;
  3. Mahamat Kamoun qui rêve d’un fils médecin militaire, décide alors d’envoyer le sien au Maroc à l’ERSSM sans se soucier de savoir si des places ont été attribuées aux Centrafricains au titre de l’année académique 2014-2015 ;
  4. Mais puisqu’en plus Kamoun fils n’était pas militaire de carrière, il fallait au préalable l’intégré dans l’armée. En Centrafrique et surtout avec un père si haut placé, il n’est rien d’impossible. Ce fut un certain Général Mamour qui s’occupa des formalités d’intégration du fils du Premier ministre qui va se retrouver bientôt à Rabat sans formation militaire commune de base mais tout de même soldat de 2ème classe de l’armée centrafricaine. Au passage, c’est à l’Etat centrafricain qu’il revient de supporter une indemnité de stage d’un montant substantiel.
  5. Mahamat Kamoun, parce que très habitué aux intrigues et autres petits arrangements à la centrafricaine, croyait-il vraiment influencer et réussir ainsi à forcer la main aux autorités marocaines en leur envoyant son fils sans autorisation préalable ?

Tous les comptes faits, comment alors expliquer cette grave méprise à la fois du Premier ministre centrafricain qui fut Directeur de cabinet et Conseiller à la Présidence de la République ? Pourquoi l’Ambassadeur de Centrafrique au Maroc, l’inamovible Ismaël Nimaga en poste depuis plus d’une décennie et censé donc être au courant de tous les ressorts des relations entre le Maroc et la RCA, a-t-il laissé faire ? D’ailleurs est-il vraiment étranger à cette bourde diplomatique ? Difficile de le croire. Voulant donc en savoir un peu plus, j’ai alors promené mes oreilles dans les couloirs de la primature à Bangui, là où « les murs ont des bouches » et des individus vous poursuivent pour vous « filer des infos » à la seule condition de ne pas les citer. Ainsi, il semblerait que l’Ambassadeur Ismaël Nimaga, après avoir reçu les instructions du Premier ministre, aurait volontairement choisi d’ignorer l’Attaché de Défense de l’Ambassade, pour « sous-traiter » avec l’adjoint de ce dernier. Ce sont donc l’Ambassadeur et cet adjoint qui sont les deux auteurs du « chef d’œuvre » diplomatique adressé à la Division des Relations Extérieures de l’Etat-Major des Forces Armées Royales. La suite vous la connaissez.

En définitive, avec Mahamat Kamoun, les limites de la bêtise ne s’arrêtent pas uniquement aux portes de l’incompétence, de la goinfrerie, des intrigues en tous genres, du goût légendaire et immodéré des jouissances et autres mondanités. Au royaume de la « kamounerie », l’on baigne dans l’immensité nauséabonde des très détestables faits et actes de favoritisme et de népotisme ; on évolue « paisiblement », dans le confort du trafic d’influence et des abus : abus d’autorité, abus de pouvoir, abus de position dominante, toutes choses qui frisent le vrai gangstérisme d’état, comme le prouve si bien cet exemple, un seul parmi tant d’autres.

Décidément, la Centrafrique rend fou !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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