Analyses et réflexionsEN VEDETTE

RCA : DANS LE LABYRINTHE DES CONJECTURES ET IMPOSTURES

Par GJK

Dans une publication parue cette semaine sur le site Mondafrique.com, sous le titre « Double jeu du président Touadera entre la Russie et l’Union africaine » (1), l’auteur formule cette interrogation sibylline:

« Le président Touadera est-il devenu un digne successeur de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, dans l’art de rouler dans la farine aussi bien ses partenaires que ses adversaires ? ». Fin de Citation.

En guise de réponse, on se serait bien contenté d’un simple aphorisme du genre, « comparaison n’est pas raison ». Mais seulement, la raison et le bon sens ici, consistent à se demander avant tout, s’il n’ya pas malice dans la référence à Gbagbo le « redoutable boulanger de la Côte d’Ivoire », dont très certainement, aucun Chef d’Etat d’Afrique n’envie le sort, et surtout, la manière avec laquelle il a fini par être destitué sans ménagement, et envoyé dans les geôles de la fameuse CPI où il croupit depuis déjà de nombreuses années.

Ensuite, on peut tout aussi se demander par quels critères arrive-t-on à définir aujourd’hui, d’un côté les partenaires et adversaires du Président Touadera, et de l’autre, ceux de la Centrafrique. Si tant est que le Président du pays n’est pas le pays, et que par ailleurs, ce dernier lui-même aurait bien du mal à désigner clairement ses amis et ennemis, dont tout le monde en parle, mais personne ne sait véritablement qui sont-ils, où ils se trouvent, ce qu’ils cherchent et font en réalité…

Et l’auteur de l’article ci-dessus cité, un certain Aza Boukhris, de souligner, «…l’exceptionnel savoir-faire de l’ancien professeur des universités pour adapter son langage en fonction de son auditoire et surtout de ses intérêts personnels », avant de conclure de façon énigmatique : « Le président Touadera réussit le tour de force d’obtenir le soutien dans le même temps de Poutine, Trump, Macron, Gutterres, Xi Jinping, Omar el-Bechir, Junker, Netanyahu et de nombreuses associations humanitaires. Quel talent ! ».

Quel talent ? On aurait bien aimé qu’il en soit ainsi. Mais plutôt, quelle perfidie pleine d’ingéniosité !

Malgré tout, il se trouvera toujours dans l’entourage du Président centrafricain, des milliers de thuriféraires zélés et sans esprit, prêts à avaler n’importe quelle salade, et à prendre pour argent comptant les lubies de ceux qui veulent faire croire que le « brillant » Touadera serait en train de « faire trembler l’occident », comme j’ai pu lire dernièrement.

Que dire alors de tous ces gens bien placés à côté du Chef de l’Etat, et dont le rôle apparemment, ne consiste qu’à lui servir uniquement – et sans crainte du naufrage -, des complaisances propres à nourrir ses convictions, à lui donner l’impression de mener aujourd’hui une politique diplomatique infaillible ; de faire la pluie et le beau temps ; d’être le seul maître à bord ; et surtout d’avoir à lui seul, toute la capacité et toutes les ressources nécessaires à la résolution définitive de la grave crise centrafricaine, ce, sans l’aide et la contribution de tous ceux qu’on a cru devoir exclure à tort des différents débats.

Et voici Faustin Archange Touadera le « Grand Timonier », confortablement enfermé dans un labyrinthe de conjectures, d’impostures, de maladresses, d’illusions et de contradictions. Dépourvu du fil d’Ariane salutaire, saura-t-il garder le sang froid, se défaire de cette toile d’araignée qui l’enserre, trouble sa vision et l’oblige à croire que tous ceux qui ne pensent pas comme lui sont contre lui ? Mais au fond, que pense vraiment Touadera ? Comment peut-il définir la politique que mène son gouvernement à l’heure actuelle, et dans l’intérêt de qui ?
En définitive, on aurait pas tort de se demander vers quelle destination le Chef de l’Etat centrafricain entend-il conduire son peuple à qui – entre autres -, on a volontairement omis d’expliquer clairement que la France n’est pas l’ennemie de la RCA, et que notre pays a eu besoin de cette puissance hier, qu’elle en aura encore probablement besoin demain.

Ainsi donc, à force de distraire les Centrafricains et de les amener à ne focaliser les débats que sur la Russie et ses mercenaires, la France et Le Drian son Ministre des Affaires Etrangères, on en vient à occulter l’essentiel des vrais problèmes à savoir : La RCA demeure un pays sous occupation rebelle, dans lequel nombre Centrafricains sont assassinés chaque jour ou continuent de mourir de faim et de maladie, tandis que les politiques eux, passent le plus clair de leur temps à piller les caisses de l’Etat, à ne s’occuper que de leurs intérêts personnels.

Pour prétentieuse ou ambitieuse qu’elle soit, la politique du Président Touadera demeure gravement déficitaire : déficit d’intégrité, déficit de crédibilité, déficit de justice, déficit de bien-être, déficit de paix.

Dans ces conditions et très sérieusement, comment peut-on espérer se faire respecter et réussir à s’imposer à l’extérieur, quant à l’intérieur même, on a le sentiment permanent de participer ou d’assister à une grande foire aux cancres ou à une grande invasion barbare. De plus, les dirigeants préfèrent se boucher le nez et les oreilles, se fermer la bouche et les yeux, pour ainsi ne rien faire, ou pire, tout laisser se faire et se défaire. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler parmi tant d’autres, la dernière affaire Jousso du nom du Ministre des transports, pour laquelle le Premier Ministre lui-même a pris une sévère déculottée. Sans compter tous ces spectacles tragi-comiques dont l’Assemblée Nationale et l’ensemble de l’administration centrafricaine sont devenus les théâtres au quotidien.

Enfin, face à une opposition phagocytée, tétanisée et hésitante, qui peine à faire véritablement la différence en laissant entendre clairement la dissonance de ses opinions, le Président Touadera peut encore convaincre et gouverner sans craindre le pire. À condition de s’assurer l’adhésion du peuple. À ne pas confondre avec la foule de ses partisans et courtisans aveugles et sourds.

Tout compte fait, la RCA et ses dirigeants se retrouvent aujourd’hui enfermés dans un labyrinthe de conjectures et d’impostures. C’est dire que le bout du tunnel reste encore bien loin.

GJK-Guy José KOSSA

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