Chronique de GJK

RCA : LE CESSEZ-LE-FEU SANS VAINQUEURS NI VAINCUS N’EST QU’UN VAIN MOT !

Qu’on n’arrête de se voiler continuellement la face. L’hypocrisie internationale en RCA a assez duré, et en plus, elle n’est pas de date récente ! Comparativement à d’autres pays africains, ayons le courage de dire clairement, qu’aucune mission en faveur du désarment et de la paix, n’a jusqu’ici atteint ses objectifs et réalisé pleinement les attentes du peuple centrafricain. Tenez donc ! De la Micopax (1) et la Fomac (2) hier, à la Misca (3) sous conduite africaine, et l’opération française Sangaris, aujourd’hui, la RCA se retrouve toujours dans la même situation. Toutes ces missions, sauf à verser de gros salaires aux dizaines de fonctionnaires qu’elles drainent à chaque fois, ont toutes lamentablement échoué en Centrafrique. C’est à croire qu’il existe un autre calendrier et des objectifs secrets qui sont poursuivis. D’ailleurs, ne dit-on pas que la guerre fait vivre ?

A considérer les choses autrement, on peut relever que si Bozizé était parvenu au pouvoir, c’est parce que ses troupes avaient vaincu les militaires de Patassé. De même, il a fallu que Djotodja et la Séléka, pour conquérir le palais de la Renaissance, arrivent à mettre en déroute les Faca et les soldats sud-africains. Malheureusement pour eux, face aux innommables atrocités commises et à l’ampleur de la prédation, les pays de la sous-région et plus tard la France, n’avaient pas d’autres choix que celui de voler au secours du peuple centrafricain. L’objectif primordial de ces différentes interventions, était d’imposer le cessez-le-feu et de désarmer les milices, par la force si nécessaire. En d’autres termes, il s’agissait de livrer de véritables combats, afin de vaincre tous les ennemis que sont les groupes armés. Force est de constater avec regret, que la RCA n’arrive pas toujours à sortir des cycles de violences et représailles.

Aussi, comment demander à ceux qui n’ont pas été vaincus et dont le but visé demeure la reconquête du pouvoir ; à ceux qui sont aujourd’hui les plus forts sur le terrain et qui ont tout à perdre en cas de cessez-le-feu ; comment donc exiger aux Séléka et Antibalakas d’abandonner leurs avantages et privilèges personnels, pour venir s’asseoir et entendre parler tranquillement, ceux qui n’ont pas pu s’imposer par la force et donc n’ont rien gagné? Pour quelle raison la Séléka abandonnerait-elle ses terres conquises avec toutes les richesses qui s’y trouvent ? Imagine-t-on les criminels assoiffés que les pseudos chefs ne maîtrisent pas, en train de baisser aussi facilement les bras tant qu’on aura pas satisfait à toutes les exigences qu’ils veulent faire entendre à Brazza ? Dans tous les cas, un cessez-le-feu, n’est qu’un simple arrêt des combats, une suspension temporaire des hostilités. Et qui dit arrêt ou suspension, doit s’attendre tôt ou tard à une reprise des tueries et exactions. Est-ce ainsi que la RCA compte-t-elle vraiment revenir à la paix et à la stabilité durable ainsi qu’à l’exercice de la démocratie ?

Souhaitons que je puisse me tromper. Mais l’histoire des rébellions et des guerres civiles en Afrique et dans le monde, me semble-t-il, a toujours prouvé que tant qu’il n’y avait pas d’un côté des vainqueurs et de l’autre des vaincus, le dialogue pouvant mener à la paix et à la stabilité, a eu presque toujours du mal à aboutir. L’on se souviendra encore de tous les accords conclus entre le chef rebelle Jonas Savimbi et le gouvernement angolais, obligé de traquer ce dernier jusqu’à l’abattre pour retrouver enfin la paix. La guerre civile en Sierra Leone (mars 1991-début janvier 2002), l’une des plus atroces de l’histoire récente en Afrique, n’était parvenue à sa fin que suite à la déroute de la rébellion du Front révolutionnaire uni (RUF) de Fodé Sankoh, lui-même mort en prison. Le Libéria d’aujourd’hui est passée par deux guerres civiles qui ont connu leurs vaincus et leurs vainqueurs, conduit Charles Taylor en prison, avant d’arriver à l’instauration de la démocratie véritable. Au Rwanda, il a fallu que Kagamé, l’actuel Président, sorte victorieux de la guerre qu’a menée sa rébellion, pour enfin faire de son pays l’un des plus beaux exemples de réussite économique et sociale d’Afrique sud saharien. La démocratie en RDC est arrivée par l’est du pays, parce qu’un rebelle, Désiré Kabila, a forcé les portes de Kinshasa et s’est déclaré vainqueur. Même en Côte d’Ivoire, n’eut été l’intervention de l’armée française, Alassane Ouattara n’aurait jamais trouvé les chemins du Palais de Cocody. Que dire alors de la rébellion du Nord Mali, vaincue grâce à l’opération Serval, alors qu’elle se trouvait déjà aux portes de Bamako? En Europe, on peut parler de l’épilogue de la guerre civile espagnole ou de celle plus récente de Kosovo. Dans tous les cas, on retrouve ainsi de par le monde, moult exemples, où la paix ne s’est imposée que parce qu’il y’a eu des vaincus d’une part et des vainqueurs de l’autre. La RCA réussira-t-elle à faire l’exception ?

Le Secrétaire général de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), peut toujours feindre d’ignorer la réalité et se dire « surpris par les spéculations faites autour du Forum de Brazzaville sur la réconciliation entre Centrafricains… ». Cependant, disons-le tout net, le Forum de Brazza peut toujours se tenir, mais quel serait un si beau gâchis !

Déjà, tantôt il est question de forum de cessez-le-feu, tantôt, de Forum de Brazzaville sur la réconciliation entre Centrafricains. En fin de compte, de quoi parlons-nous ? Les mots ont un sens et les hommes doués de raison. Les Centrafricains aussi.

AH !!! BEAFRICA…

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

(1)  Mission de consolidation de la paix en Centrafrique

(2)  Force Multinationale des États d’Afrique Centrale

(3)  Mission internationale de soutien à la Centrafrique

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Un commentaire

  1. Je persiste à dire en ce qui me concerne que les troupes françaises de l’opération sangaris disposent de tous les moyens pour désarmer les sauvages criminels de la nébuleuse séléka . Elles ne veulent pas le faire car elles sont son géniteur pour la réalisation d’un agenda que tout le monde connaît.
    La France (Sangaris) ne peut pas se déjuger en liquidant son enfant qu’elle a elle même accoucher pour la satisfaction de l’appétit pantagruélique de ses multinationales notamment Total et Aréva…

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