Chronique de GJK

RCA : QUAND ÇA VA POURRIR ON VA LE SENTIR !

A défaut de disposer d’éléments précis et ordonnés, en provenance d’un service de communication organisé, autorisé et crédible, au sujet de la participation de la République centrafricaine à la session de l’actuelle Assemblée générale de l’ONU, on en est malheureusement réduit, à se contenter d’informations éparses, partielles et parcellaires, même parfois contradictoires, glanées çà et là. Cet état de fait, ne facilite ni ne permet guère, d’engager une réflexion globale et une analyse approfondie sur les tenants et les aboutissants de la présence centrafricaine au pays de l’Oncle Sam.

A priori, il apparaît vraiment difficile de se faire une idée claire et exacte de ce qui se joue actuellement aux USA à propos de notre pays. Que retenir de ces mélanges et confusions quand on évoque les villes de Washington ou New York ; session ordinaire ou session extraordinaire ; réunion du conseil de sécurité, réunion spéciale sur la situation en Centrafrique ou réunion de haut niveau sur la République centrafricaine ; sans compter diverses questions que l’on peut se poser par rapport aux membres de la délégation centrafricaine, aux personnalités invitées séparément, aux dates, aux différents rôles que peuvent accomplir les uns et les autres etc…bref.

De source officielle, on sait par exemple que « Mme Catherine Samba-Panza a quitté Bangui, lundi soir (15/09/2014) pour New York où elle va participer aux travaux de l’assemblée générale du conseil de sécurité des Nations unies à l’invitation du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. » Difficile cependant d’avoir les détails de son séjour. D’ailleurs, certaines rumeurs précisent qu’elle est présentement à Paris après quelques jours à Washington. Prononcera-t-elle ou non un discours à la tribune à l’ONU à New York ?

Par contre, alors que l’avion à bord duquel devaient embarqués la Présidente Samba-Panza et les membres de son impressionnante délégation, avait décollé la veille lundi 15 au soir, le mardi 16 septembre 2014 en fin d’après-midi, le Premier Conseiller de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Centrafrique, Joël F. MAY BURY, se rendait au bureau d’Alexandre Ferdinand Nguendet, le Président du Conseil National de Transition, pour une bien curieuse visite de travail et d’amitié. Même si l’objet et le but exacts d’une telle audience n’ont pas été révélés, chacun peut conclure aisément, que le voyage « imprévu » du Président du CNT, actuellement en route pour les Etats-Unis, a sans doute été évoqué par les deux personnalités au cours de leur rencontre.

De même, on peut se demander à juste titre si c’était pour lui remettre son invitation – puisqu’il faut l’appeler ainsi – à effectuer d’urgence et toute affaire cessante ce voyage, que Monsieur Joël F. MAY BURY s’était rendu ce jour en personne au bureau du Président du CNT. Toujours est-il que Ferdinand Nguendet, n’a pas manqué de confier lui-même à quelques fidèles et proches de son entourage, sa grande surprise, autant que sa réelle satisfaction de voir ainsi les Américains lui accorder leur confiance. Peu importe leur manière de se comporter..

Mais à y réfléchir, ce rocambolesque voyage du Président du CNT – que la Présidente de la transition apprendra plus tard – oblige tout de même à se poser des questions. Plus encore, quand on sait que les mêmes Américains, ont doublement et sans ménagement écarté de la suite de Samba-Panza, son tout-puissant gourou, éminence grise et redoutable stratège Jean Jacques Demafouth à qui, ils ont d’abord catégoriquement refusé de délivrer un visa d’entrée au niveau de leur ambassade au Cameroun, ensuite interdit d’embarquer à Paris, malgré  la présentation de son passeport français. En outre, au-delà de cette interdiction qui vient de le frapper,  il faut croire que vient de s’ouvrir dans les relations personnelles entre Demafouth et Samba-Panza, une période d’interrogations et d’incertitudes. Nous y reviendrons.

En tout état de cause, sans chercher à paraître volontairement malicieux, je me demande bien si les documents remis à la fois à Samba-Panza et Nguendet et qui leur ont permis de se retrouver tous les deux à New York où ils seront reçus ensemble ou séparément par un groupe de personnalités internationales, sont bien des lettres d’invitation ou plutôt des citations à comparaître.

En effet, tous les grands procéduriers ainsi que les avocats pénalistes les plus chevronnés – même réfractaires à cette procédure – sont unanimes à reconnaître que deux choses caractérisent et définissent en fait la « comparution immédiate » à savoir que :

  • Son champ d’application théoriquement très large est en constante extension.
  • Les charges qui justifient son utilisation doivent être suffisantes et l’affaire en état d’être jugée.

Ainsi, sur le premier point, en « invitant » de cette manière et pour ces raisons, Samba-Panza et Nguendet à New York, j’estime que l’on vient en RCA – et par le sommet s’il vous plaît – d’innover et d’élargir au champ purement politique la possibilité d’utiliser une procédure uniquement correctionnelle. Quel progrès !

Sur le second point, les dissensions ouvertes entre Samba-Panza et Nguendet, ne sont plus qu’un secret de Polichinelle pour tous les centrafricains. On le sait, pour faire descendre le Président du CNTde son perchoir, la Présidente de la Transition n’hésite plus, emploie ou laisse employer tous les moyens. Ainsi en est-il par exemple de la dissolution du parlement provisoire réclamée à cor et à cri, par les adeptes des désormais « célèbres » marches de soutien, inspirées de la philosophie « bedanienne » – du nom de Gisèle Bedan actuelle Ministre de l’éducation nationale – pour qui existe en RCA, une « lutte des classes » – digne de la théorie de Marx -, entre deux grandes entités : d’un côté les POUR – PRO – MAJORITE SILENCIEUSE et de l’autre les CONTRE – ANTI – MAJORITE BRUYANTE.

Quant à Nguendet qui s’est pris à rêver un moment, de « balayer » rapidement Samba-Panza de son fauteuil de Présidente de la transition, afin de s’y installer d’abord comme intérimaire et peut-être d’y rester pour la suite, sa stratégie grossière tout de fil blanc cousue, s’est révélée au grand jour. Aussi a-t-il été immédiatement démasqué et dénoncé, quant au lendemain de la nomination de Kamoun et après le mini forum de Brazza, il a une fois de plus voulu jouer au « faiseur de roi ». Depuis, il essaie de garder le profil bas. Mieux, il joue aujourd’hui à la victime, allant jusqu’à laisser entendre que de nombreux SMS reçus lui font craindre pour sa sécurité. Et comme son ambition est plus forte que sa raison, personne ne sera surpris de le voir « récidiver ».

De telles tensions au sommet de l’Etat, méritaient et justifient bien un « sommet » aux Etats-Unis.

Quoiqu’il en soit, et tel que cela apparaît dans la presse, les fins limiers américains de la diplomatie internationale, ont su bien s’y prendre pour obtenir ce qu’ils voulaient sans en donner l’impression :

  • s’informer directement auprès de Mme Samba-Panza, de la conjoncture générale en RCA ;
  • avoir des assurances quant à l’avenir des relations – appelées à se développer de plus en plus -, avec les instances internationales au moment du déploiement des casques bleus de l’ONU, prélude certain à des investissements de montants colossaux, nécessaires au retour à la vie normale en Centrafrique ;
  • donner l’occasion à Samba-Panza d’étayer clairement les thèses qui sont les siennes, et qui fondent et justifient ses postures et déclarations, souvent jugées trop intransigeantes et peu amicales – à tort ou à raison -, vis-à-vis de cette même communauté internationale dont elle se sert ;

C’est en tout cas à mon avis, ce que l’on peut aisément déduire des entretiens que la Présidente centrafricaine a eu lors des audiences qui lui ont été accordées à Washington. C’est également ce qu’on lit à travers les discours qui ont été prononcés par Samba-Panza.

Pour être plus précis, la communauté internationale avec en tête les Américains, – on ne peut plus clairs -, a  saisi cette opportunité pour notifier pour ainsi dire « diplomatiquement » à Samba-Panza son message ainsi « grossièrement » traduit :

« Madame, compte tenu de l’importance des investissements financiers à venir et des montants colossaux à gérer, nous exigeons et voulons désigner nous-mêmes le Premier Ministre du gouvernement centrafricain. Votre diligence nous obligerait ».

Pour finir, dans un post qui m’a été envoyé il y’a quelques jours, un ami m’écrivait. « Dans la situation et l’état actuel de notre pays, la communauté internationale gagnera coûte que coûte au forceps et dans l’immédiat, ou à l’usure et en jouant sur le temps ! Pour tenir devant elle, il faut savoir faire preuve de finesse, disposer d’une argumentation solide et faire preuve d’une compétence réelle. Or Catherine Samba-Panza et son entourage semblent faire preuve d’amateurisme et de vacuité flagrantes »

ALORS, QUAND ÇA VA POURRIR, ON VA LE SENTIR !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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