Analyses et réflexions

L’ÉTAT MENTEUR

Par GJK

Boris Becker, le « vrai Centrafricain », sans doute le connaissez -vous ? Depuis quelques semaines, cet ancien joueur de tennis allemand aujourd’hui très endetté, apparaît comme la triste vedette de ce qu’il convient désormais d’appeler le Beckergate, une sombre affaire de passeport diplomatique centrafricain dont l’intéressé se serait prévalu, pour tenter de se soustraire aux procédures judiciaires engagées à son encontre au Royaume-Uni.

Mais comment en est-on arrivé à ce véritable scandale d’État dans lequel l’honneur personnel du Chef de l’État centrafricain semble être engagé ?

Dans tous les cas, il apparaît de plus en plus inévitable, que Faustin Archange Touadera lui-même, devrait sinon rompre le silence, du moins, prendre des mesures sévères, dans le but d’essayer de taire les graves insinuations qui continuent de laisser les pires suspicions prospérer, les folles rumeurs s’enfler et se propager au point de semer le doute dans les esprits.

Il n’a pas pu vous échapper, que les récentes dénégations du Ministre des Affaires Étrangères relatives à sa signature et au cachet en son nom qui se retrouvent au bas du passeport diplomatique incriminé, dénotent en effet du caractère très embarrassant de cette histoire rocambolesque.

En définitive, s’il n’y a pas là des têtes à faire tomber, il doit y avoir au minimum un abcès à crever, des responsabilités à établir.

Tenez !

Ou Charles Armel Doubane est un indécrottable menteur, un redoutable affabulateur à clouer au gibet de la croix ! Alors dans une telle hypothèse, le Chef de l’État ainsi floué par son Ministre des Affaires Étrangères, devrait se montrer impitoyable dans sa sentence, laisser s’abattre sur la tête du serviteur félon le couperet promis, que seuls méritent les traitres d’État dans son genre.

Ou ce que dit le Ministre des Affaires Étrangères à propos de cette grossière falsification de sa signature et de son cachet, relève d’une indéniable et absolue vérité, auquel cas, il convient absolument de tout mettre en œuvre, pour confondre le ou les faussaires à pendre haut et court.

Il appartient aujourd’hui à Charles Armel Doubane, de monter au créneau, s’il tient à son honneur, et s’il veut rester crédible aux yeux du peuple centrafricain qui le lui revaudra tôt ou tard dans les urnes.

Tout compte fait, si dans cette scabreuse affaire, il est établi que le seul responsable et unique fautif est bien le Ministre des Affaires Étrangères, celui-ci devient du coup le plus gros menteur de la République, et devrait tirer les conséquences de son acte lamentable, en abandonnant purement et simplement sa charge de Ministre.

Par ailleurs, il ne suffit pas de déclarer simplement que « ce n’est ni ma signature ni le cachet que j’utilise habituellement » pour s’en tirer à bon compte. Charles Armel Doubane se doit de prouver son innocence en désignant clairement les faussaires. Et là encore, on ne voit pas comment il peut poursuivre sa mission en toute sérénité, dans de telles conditions et avec de tels collaborateurs.

Mais imaginez un seul instant que ni Touadera, ni Doubane ne veuillent prendre chacun ses responsabilités par rapport au Beckergate, et continuent de travailler ensemble comme si de rien n’était. Dans ce cas, une déduction bien simple s’impose à nous, et il ne s’agit pas ici uniquement d’une hypothèse d’école.

À y réfléchir, on trouvera que le Beckergate ne serait en fait qu’un véritable marché de solidarité gagnant-gagnant entre deux complices, le Président de la République et son Ministre des Affaires Étrangères, obligés de taire sur ce coup leurs divergences, pour se soutenir l’un et l’autre afin de poursuivre leur collaboration empreinte de duplicité et d’absence de courage. En termes plus explicites, Doubane aurait signé effectivement le passeport diplomatique, mais sur les instructions expresses et avec les recommandations insistantes de son patron Touadera. Et voici que l’affaire éclate. Ni l’un, ni l’autre n’entend surtout perdre la face et se voir éclaboussé. Aussi, pour faire passer la pilule auprès de l’opinion publique, on inventa l’histoire de vrais – faux cachet, signature, et même numéro de série. Doubane peut alors s’épancher dans la presse sans rien craindre.

Au final, Boris Becker se retrouve dépossédé de son passeport diplomatique, Touadera et Doubane plaident non coupables et se retrouvent innocentés, aucun faussaire ne sera trouvé, le peuple n’y verra que du feu et d’ici quelques jours encore, on aura tout oublié du faux passeport diplomatique qui n’est d’ailleurs pas la préoccupation première des Centrafricains qui ont d’autres soucis à se faire.

C’est de que l’on appelle un mensonge d’État, une duperie rondement menée au sommet.

Après l’état failli et l’état voyou, bienvenu à l’état menteur !

Vive la RCA.

GJK-Guy José KOSSA

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