Analyses et réflexions

GJK ÉDITO : QUAND UN PEUPLE DOIT TOUT ATTENDRE ET EN ATTENDANT TOUT ESPÉRER

Par GJK

Tout vient à point à qui sait attendre. Et en Centrafrique, depuis fort longtemps, c’est tout un peuple que l’on a habitué aux vaines attentes, un peuple qui accepte et s’astreint à attendre avec fébrilité, un peuple qui attend toujours, et qui en attendant, se nourrit d’espoirs mais aussi de rumeurs.

Au menu de ces dernières semaines de l’insipide année 2016 qu’ils ont hâte de voir finir, les Centrafricains attendent de savoir à quelle sauce ils vont être mangés tout au long de cette année 2017 qui s’annonce. À l’occasion, ils découvriront, certainement sans surprise et sans intérêt particulier, tous les détails des nouveaux rêves généreux et audacieux, que les dirigeants s’apprêtent sans doute déjà, à leur servir comme à l’accoutumée. Aussi, pour essayer d’oublier le temps qui passe et en passant, se garde d’améliorer significativement les conditions générales de vie du Centrafricain, mais aussi pour conjurer le mauvais sort qui semble s’acharner durablement sur la RCA, l’on choisit souvent de se laisser aller à des épanchements incontrôlés.

Depuis un certain temps, c’est de l’éventualité d’un remaniement ministériel dont on entend régulièrement parler. Et pour lors, l’on peut aisément imaginer toute la bande d’intrigants et de courtisans, engluée dans des manœuvres à vous couper le souffle. Il en est même pour la pléthore d’individus, engagés à mort dans des négociations peu honorables, uniquement pour faire partie du prochain gouvernement. Du coup, le pays semble être livré aux mains de responsables absents parce que devenus subitement amorphes, à force de ne vivre et travailler finalement qu’au rythme de ce que tout le monde s’engage à attendre.

Mais au fond, que peut-on vraiment espérer et attendre d’une nouvelle équipe gouvernementale qui viendra remplacer l’équipe actuelle, dont certains membres n’ont même pas encore eu le temps de faire signer le décret de nomination du personnel de leur propre cabinet? De plus, comme disait Georges Clemenceau, « en politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables ». Cela est d’autant plus vrai qu’en RCA, l’on a souvent vu le niveau de compétence et la qualité des responsables, se dégrader d’un remaniement à  un autre. Aussi, si le Président Touadera tenait à se séparer de quelques ministres nuls du présent gouvernement, ne fut-ce que pour redonner un nouvel élan à son régime après la réunion de Bruxelles, il conviendrait au moins de préserver deux acquis positifs majeurs : l’effectif des ministres et l’exclusion totale des représentants des groupes armés.

Tout bien considéré, que n’attend-t-on pas,  que  n’espère – t – on donc  pas actuellement dans ce pays ? On serait tenté de répondre : TOUT.

On attend tout, on espère tout. Du reste, et comme l’affirmait doctement un esprit éclairé, « attendre c’est déjà vivre la rupture ». Devrions-nous peut-être en conclure que la rupture et le changement que l’on promettait au peuple, consiste aujourd’hui à lui apprendre à faire preuve de patience, à  tout attendre et à espérer tout ce qui tarde à venir ? Pour le dire autrement, la priorité des priorités aujourd’hui, consisterait-elle à tout attendre et à espérer en toutes circonstances et contre toute espérance ?

En définitive, après bientôt un an d’un mandat qui en compte cinq, et fort des promesses obtenues à Bruxelles, on peut et l’on doit même continuer à faire toujours confiance au Président Faustin Archange Touadera et à son régime. Ils attendent du peuple de s’adapter à leur rythme et de leur donner tout le temps nécessaire, pour trouver les solutions aux problèmes des Centrafricains, et répondre de manière très efficace aux préoccupations nationales que sont : le DDRR, le redéploiement de l’armée et des fonctionnaires sur tout le territoire national, le retour des exilés internes et externes, la sécurité et la paix, la reprise de toutes les activités sociales, culturelles et économiques, en attendant la prospérité inch’allah.

Mais que l’on se le dise : même en gardant une foi inébranlable en l’avenir et en accordant une confiance absolue à leurs dirigeants, même en demeurant optimistes à outrance, il arrive toujours un moment dans la vie d’un peuple, où aucune promesse, aucun discours et aucun message, aussi francs et sincères puissent-ils être, ne peuvent plus suffire à calmer les esprits, ni suppléer à l’absence de résultats et de réalisations visibles et tangibles. Car, si vivre c’est espérer et attendre, pour le peuple centrafricain, continuer d’attendre indéfiniment et espérer à l’infini, c’est simplement courir le risque de cesser d’exister. Et personne ne voudra prendre ce risque.

GJK-Guy José KOSSA
L’Élève Certifié du Village Guitilitimö

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