Chronique de GJK

DIRIGEANTS CENTRAFRICAINS, FAITES PREUVE D’INTELLIGENCE, S’IL VOUS PLAÎT !

A l’occasion de la remise du « prix du leadership d’excellence » 2011, Mohamed Ibrahim, plus connu sous le nom de Mo Ibrahim, milliardaire anglo-soudanais de la téléphonie mobile, président de la fondation qui porte son nom et surtout, non moins grand mécène et initiateur dudit prix, lançait le cri de cœur devenu célèbre que voici :

« Dirigeants africains, faites preuve d’intelligence, s’il vous plaît ! La place Tahrir peut se produire dans votre pays, et va se produire ! »

Depuis sa création en 2007, et chaque année en principe, cette prestigieuse distinction est destinée à récompenser un ancien chef d’Etat ou Chef de gouvernement africain,  retenu par un jury de personnalités indépendantes dont deux prix Nobel. Quant aux critères de sélection, ils sont au nombre de quatre, tous liés à la bonne gouvernance, à savoir :

  • La sécurité,
  • Le développement humain,
  • Le développement économique
  • Les droits de l’Homme

Et voici que sur sept éditions jusqu’en 2013, quatre fois sur sept, le « prix du leadership d’excellence » n’a pu trouver preneur : 2009, 2010, 2012, 2013. Peut-on croire qu’un lauréat se présentera en cette année 2014 ? Rien n’est certain même si apparemment il y’a de l’espoir.
Dans tous les cas, les centrafricains peuvent-ils se prendre à rêver au-delà de tout rêve, et croire avec la foi du charbonnier, que pour l’année 2015 – qui marque en principe la fin de la transition -, le « prix du leadership d’excellence » reviendrait à Samba-Panza la Présidente Centrafricaine ou à Mahamat Kamoun son Chef de gouvernement ?

Ne soyons pas pessimiste. Ne nous a-t-on pas demandé de laisser le nouveau Chef du gouvernement et toute son équipe faire leur preuve ? Dont acte.
Ce qu’il faut dire en effet, c’est qu’à y voir de près, la sécurité, le développement humain, le développement économique et  les droits de l’Homme, retenus au titre de principaux critères d’attribution du « prix du leadership d’excellence », sont ni plus ni moins, que le concentré de la feuille de route du gouvernement de transition, telle qu’elle a été définie au point 7 de la « Déclaration de Ndjamena » du 18 avril 2013, qu’il convient sans cesse de rappeler à l’attention de nos dirigeants et qui précisent :

«  7. Le Gouvernement de transition, de nature inclusive, est chargé notamment de :

  • Restaurer la paix et la sécurité des personnes et des biens (en cantonnant tous les éléments armes incontrôlés) et veiller à la protection des populations civiles à travers tout le territoire de la RCA;
  • Assister les personnes déplacées et favoriser leur retour et leur réinstallation;
  • Veiller au respect strict des droits de l’homme, du pluralisme et des libertés des citoyens;
  • Préparer et organiser les élections;
  • Réorganiser les forces de défense et de sécurité
  • Réorganiser l’Administration Territoriale,
  • Reformer le système judiciaire,
  • Poursuivre le processus de Démobilisation – Désarmement – Réinsertion (DDR) et Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) avec le soutien de la Communauté Internationale;
  • Engager des réformes économiques et sociales »

« Prix du leadership d’excellence » ai-je écrit ? Oui, c’est exact et je ne me suis pas trompé. Je dirais même plus Prix du leadership d’excellence ! – à la manière de Dupond et Dupont. Personnellement, j’incline à croire, qu’une distinction de cet ordre est bien à la portée des dirigeants centrafricains, si  seulement il leur venait à l’esprit de s’engager résolument sur la voie de la démocratie véritable, si seulement ils consentaient à faire preuve d’un peu d’amour propre et de patriotisme, mais aussi et surtout, de  leadership. Leadership visionnaire, intellectuel, moral et communicationnel.

Là encore me dira-t-on, chers compatriotes, chers frères et sœurs Centrafricains, que c’est trop demander aux dirigeants de la transition ? De vous à moi et très sérieusement, combien de temps faudrait-il à un à un Homme, à un Centrafricain, pour faire la preuve de son honnêteté, de son amour, et de sa bonne volonté à servir le pays ? Combien de temps faudrait-il aux dirigeants centrafricains pour s’entourer d’hommes et de femmes compétents, dévoués, de bonne moralité, et prêts à sortir le pays du marasme dans lequel il se trouve ?
Honnêtement et sans aucune prétention, je vous assure que cela ne demandait pas plus de 48 heures à Samba-Panza, Nzapayéké et Kamoun. Et personne, je dis bien personne, fut-il descendu du ciel, ne pourra me convaincre qu’il manque quelques nationalistes et valeurs sûres, capables de servir avec une totale abnégation leur pays, dans toute cette masse de centrafricains référencés. La RCA serait-elle à ce point maudite ? Non !
Cependant, jetez simplement vos regards d’observateur, sur l’ensemble de la haute administration de notre transition. Toutes proportions gardées, voyez-vous tous ces individus au cerveau congelé ?

Je me rappelle, qu’à l’occasion des 100 jours au pouvoir de Madame Samba-Panza, je suivais – je crois sur France 24 -, un débat qui avait regroupé autour d’une même table outre l’animatrice, trois Centrafricains et un journaliste français. Ce jour-là, deux grosses énormités entendues m’avaient fait tomber à la renverse : d’abord, les invités semblaient être d’accord sur le fait que trois mois étaient très peu pour faire un bilan de l’action de Samba-Panza ; qu’ensuite, les Centrafricains au lieu de critiquer et demander des comptes à Samba-Panza, devaient savoir raison gardée et attendre dans la situation où se trouve notre pays, qu’elle fasse ses preuves. Mais quelle bêtise m’étais-je écrié !

Ami lecteur et chère lectrice, j’estime pour ma part, qu’en matière de gestion de la cité, et plus est d’une cité où tout le monde s’accorde à reconnaître que tout est urgence et priorité,  il n’y a pas de temps imparti pour faire le bilan des actions menées. Gouverner c’est poser des actes, des actes au quotidien, des actes dont chacun doit avoir un sens, un retentissement et des retombées pour les populations. Gouverner c’est faire preuve de volontarisme et prendre continuellement la mesure de sa propre performance. Et plus la crise est aiguë, plus l’on doit s’efforcer d’apporter des réponses effectives à chaque instant. Samba-Panza n’avait pas attendu une semaine pour prouver son penchant népo-tribalo-régionaliste.
Donc, quand on demande aux Centrafricains de faire preuve de patience au bout de trois mois – pour ainsi dire ne pas demander des comptes -, il y’a de quoi se faire du mouron. Mourrez, et taisez-vous. Admirez le népotisme, la corruption et le pagne de Samba-Panza, Dame de Paix et applaudissez ! D’accord. Pendant trois mois, vous avez applaudi; à neuf mois, dansez maintenant !

Dirigeants centrafricains, faites preuve d’intelligence!

Le « Prix du leadership d’excellence », – et donc  la quête de tous les moyens de concrétisation de ses quatre critères de choix -, imaginez-vous chers compatriotes, quelle bouffée d’oxygène cela peut-elle représenter pour la RCA, en termes de confiance et d’aura internationale ? Ce prix, j’en suis certain, s’il venait à être attribué à un de nos dirigeants, est susceptible d’attirer à lui seul dans notre pays, des centaines et des centaines de patrons d’industrie et investisseurs sérieux. Malheureusement, voici que l’on assiste en permanence chez nous, au spectacle désolant des politico- mafieux aveuglément suffisants; à la foire aux  cancres et hurluberlus de tous poils, qui passent leur temps à flouer les Centrafricains, à infester, à empester et à polluer de leur corruption nauséabonde, le doux climat tropical de la patrie de B.Boganda,
Un seul « Prix du leadership d’excellence », ne vaut-il pas mieux que ces milliers d’heures de négociation et de voyage, et ces centaines de m3 de sueur, à ramper ou à courir auprès des institutions de Bretton Woods ? Mais qui  peut y penser ? Et pour cause!

Tenez , le sentez-vous ?

S’il vous plaît ne faites pas semblant. Ne faites pas semblant chers compatriotes, car cela ne nous aide pas à faire avancer le pays. Pourquoi devons-nous passer le temps, à feindre d’ignorer l’existence de toutes ces odeurs présidentiel…oh que dis-je pestilentielles? Toutes ces fortes odeurs, qui envahissent de plus en plus de leur puanteur, l’atmosphère « transitionnelle » de Bangui ! Vous m’avez bien compris j’espère. Et si je suis aussi nul qu’incapable à ce point de me faire comprendre, permettez donc que je passe la parole à un membre du gouvernement de notre DSK national, Mahamat Kamoun .

S’il vous plaît, faisons place à Madame Florence Limbio ci-devant Ministre de l’économie du plan et de la coopération internationaleC’est vraiment un poids lourd du gouvernement actuel. Elle n’a pas l’habitude de parler à haute « voix » et elle murmure presque. Donc à tous, je vous en prie, faites silence pour bien l’écouter et la comprendre :

« Avec la Banque mondiale, les autorités de transition centrafricaines comptabilisent une aide de 10 milliards de francs CFA (20 millions USD) pour le paiement de deux mois de salaires des fonctionnaires civils, sur quatre promis. Le même montant a été alloué au profit de la relance agricole.
C’est aussi le volume d’un financement accordé par le FMI en faveur de la balance de paiement dans le cadre de la Facilité de crédit rapide. Pour l’heure, 6 milliards francs CFA de ces fonds ont été décaissés et l’opération a été suspendue en raison de quelques incompréhensions.
C’est vrai qu’il y a eu quelques petits soucis au niveau de l’utilisation de certains fonds, mais je pense qu’il faut que nous, gouvernement centrafricain, on explique et convainque le Fonds monétaire qu’il n’y a pas eu de problème particulier. De toutes les façons, nous sommes toujours en négociation avec eux. Il y a eu une mission qui est prévue d’arriver en Centrafrique bientôt. »(1)

Comme a dit un de mes aînés – on ne cite pas les contemporains svp –, « Qui peut traduire cela en termes simples pour les nuls que nous sommes ? »
Ainsi donc, ami lecteur ou chère lectrice, vous voulez me dire que vous ne sentez vraiment pas cette odeur de putréfaction ? Si tel est votre cas, je vous avoue que je comprends. Vous savez, chers compatriotes, ce qui semble entre autres caractériser préjudiciablement le Centrafricain, c’est cette terrifiante prédisposition morbide à l’accoutumance : l’accoutumance à l’inaction, à l’acceptation, à la corruption, à la cooptation, à l’inattention… L’accoutumance au misérabilisme, au fatalisme, au philistinisme, au tropisme,  au tribalisme-népotisme-régionalisme etc.

Quant à moi, et dans la mesure où vous pouvez me faire confiance, permettez simplement que je traduise à l’attention de ceux qui n’auraient pas bien saisi, la substance du message de Madame Limbio, qui dit exactement ceci en français facile:

« C’est vrai qu’il y’a eu des petits voleurs – les grands sont ailleurs –, qui ont mis dans leur petite poche l’argent destiné aux Centrafricains par le FMI. Mais ces voleurs sont aussi des Centrafricains. En plus, l’argent n’était pas beaucoup, donc ce n’est pas grave. Il suffit qu’on envoie d’autres voleurs du gouvernement qui parlent bien, et ils vont réussir à convaincre ces imbéciles du FMI qui ont de l’argent à en savoir que faire ! On va parler, ils vont donner ; on va voler, ils vont crier ; on va parler, ils vont donner ; on va voler, ils vont crier ; on va convaincre, ils vont céder; on va chiper ils vont gueuler ; on va flatter, ils vont verser, on va piquer, ils vont pleurer.»

En fin de compte, ne trouvez-vous pas qu’une telle mélodie, vaut mieux que  d’écouter la 9ème symphonie de Beethoven interprétée aux violons de Stradivarius  par la plus célèbre orchestre philharmonique de l’Opéra de Paris?

PAUVRE RCA !

Dirigeants centrafricains, prenez garde, la place Tahrir peut se produire dans notre pays, et va se produire !

L’Histoire de notre RCA, chers compatriotes, peut basculer à tout moment. J’en ai la certitude et l’espérance, elle va basculer. Car la prochaine grande et terrible « rebellion », celle devant la puissance de laquelle personne ne pourra résister, sera celle des mains nues, des pauvres et des sans voix ! Entendez vous la colère qui sourd des coeurs en peine?

En Tunisie souvenez-vous en, grâce au courage de Mohamed Bouazizi, un de ces millions de « damnés de la terre », la révolution nationale s’est transformée en printemps arabe, lequel a fini par emporter des régimes qui se croyaient solidement et éternellement établis : Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte, Kaddhafi en Lybie. Ainsi donc, par le sacrifie d’un « simple et misérable » vendeur ambulant mort le 04 janvier 2011 des suites de son immolation, le peuple venait de comprendre enfin, que «l’humiliation de trop», était porteuse des germes d’une libération certaine, particulièrement  pour tous ceux qu’on soumet à l’oppression, d’une manière ou d’une autre!

Dirigeants centrafricains, prenez garde, la place Tahrir peut se produire dans notre pays, et va se produire !

Madame la Présidente de la Transition, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Président du CNT, chers Dirigeants de la Transition,

Au moment où j’entre dans la 51èmeannée de ma courte existence, il convient que mon pays aura « consacré » plus de la moitié de ses 54 ans d’indépendance à gérer des troubles multiformes. Tous ceux de ma génération qui ont à ce jour des enfants nés il y’a environ 25 ans et plus, ont vu ainsi naître et grandir toute leur progéniture, sous des bruits de bottes ; l’explosion des canons et les rafales de kalachnikov. Et que dire de toutes ces années blanches et grises qui se poursuivent ; de la baisse de niveau scolaire ; des hommes, femmes et enfants, livrés chaque jour à la mort sans aucune attention médicale ; de tous les réfugiés et sans abris qui écument les moindres espaces publics ?

Personnellement, diront sans doute certains, je suis de ces centrafricains dont les enfants peuvent être considérés comme faisant partie des privilégiés, qui ont eu la « malchance » de ne pas grandir sur la terre de Centrafrique où leur père a commencé et achevé toute sa scolarité. Soit.
Mais que pensez-vous chers dirigeants, que je puisse ressentir, quand la fille de mon frère, le garçon de ma sœur, qui sont mes enfants – je déteste les mots neveu et nièce qui n’ont aucun sens pour moi -, que pensez-vous donc dis-je, que je puisse ressentir au fond de moi, quand j’apprends que ces enfants comme beaucoup d’autres en RCA, arrivent péniblement à avoir leur bac à 25 ans. Plus grave, une fois à l’Université de Bangui, ils sont parqués dans des amphithéâtres de plus de 3000 étudiants et qu’à la fin de chaque année ainsi que du cycle de formation, on les oblige publiquement à acheter leur passage et leur diplôme ? Quand je reçois des lettres à lire que m’envoient mes chers enfants ainsi sacrifiés – et dont l’écriture témoigne du drame scolaire – Messieurs les Dirigeants de la RCA, je n’ai envie que d’une seule chose : vous demander à chacun individuellement des comptes !

Je connais votre réponse, chers responsables: « Nous n’y sommes pour rien ». « Nous n’y sommes pour rien », dites –vous ? Et voulez-vous que je vous réponde ? D’accord. Permettez-moi alors de paraphraser le député B. Boganda, parlant dans un discours relatif à la Fonction Publique, prononcé  le  5 Octobre 1957 devant  l’Assemblée territoriale de l’Oubangui –Chari :

« Madame Samba-Panza Présidente de la transition et Cheffe de l’Etat,
Monsieur Alexandre Ferdinand Nguendet Président du Conseil National de transition,
Monsieur Mahamat Kamoun Chef du Gouvernement de la transition,
Madame et Messieurs les Dirigeants de la transition,
Vous avez du souffle, je vous plains.
Vous dites, « nous n’y sommes pour rien », je vous réponds : « tous pourris, tous responsables » et il va falloir que vous payez de votre personne les fautes commises par vos prédécesseurs.
Chers dirigeants de la Transition, l’ancien Séminariste qui écrit ces lignes, est un Théologien qui vous parle. Il existe en théologie une réparation solidaire. Ce à quoi l’administrateur civil en moi ajoute par ailleurs, qu’il existe bien des responsabilités qui participent du principe de la continuité des services publics et de la solidarité gouvernementale.
Le péché originel existe. Qui l’a commis ? Ce n’est pas moi. Mais j’en pâtis. C’est Adam qui l’a commis. Ce sont Dacko, Bokassa, Kolingba, Patassé, Bozizé et Djotodia qui ont plongé le pays. Vous le paierez Madame et Messieurs ».

Au moment où la totalité des pays de notre sous-région ne pensent plus qu’à mettre les bouchées doubles et à rattraper le passé pour ainsi dire, à corriger leurs erreurs et à préparer un avenir radieux pour leurs populations, Chers Dirigeants de la transition, la RCA n’a pas à se permettre le luxe de l’incompétence politique, intellectuelle, et celui du déficit moral. Beaucoup de pays ont su vaincre ce que l’on a appelé la malédiction de l’histoire et l’oppression de la misère. Combien de temps  faudra-t-il encore au peuple centrafricain pour attendre ?

Dirigeants centrafricains, un Bouazizi sortira, prenez garde, la place Tahrir peut se produire dans notre pays, et va se produire !

Au- delà de l’extrême pauvreté de nos populations, au- delà de la violence, de l’insécurité, du népotisme –tribalisme –régionalisme consacré, l’histoire de notre pays est aussi et surtout bien malheureusement, l’histoire de l’arrogance de l’impunité. Et un de nos hommes politiques qui a la tête sur les épaules, mentionne souvent dans ses discours à peu près ceci « nous sommes une société qui est ancrée dans le déni de réalité et c’est cela notre problème central. Un pays où lorsqu’un gendarme attrape un voleur, c’est le gendarme qui doit s’expliquer. »

Chers compatriotes, pour combien de temps encore devons-nous assister impuissants, à cette mortelle avidité qui envoie des milliers de centrafricains à la mort, tandis qu’une infime minorité se goinfre à l’ombre et sous nos regards ? Jusques à quand refusera-t-on de répondre à nos cris et écrits qui n’ont pour but que de dénoncer cette mortelle mesquinerie qui font que les gens de la trempe de Ngakola, Taïb Yacoub, Yembi Nzengo Lénalé, Nourredine, Poussou, Sabone, Djotodia, Achaffi et sa bande,…, tous ceux que nous ne cessons de dénoncer, se croient tout permis ?

Dirigeants centrafricains, un Bouazizi sortira, prenez garde, la place Tahrir peut se produire dans notre pays, et va se produire !

Souvenons de ces mots du discours d’Albert Camus prononcé le 10 décembre 1957, à l’Hôtel de Ville de Stockholm lors de la réception de son prix Nobel de littérature :

« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d’elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. »

Ainsi donc, tous ceux de ma génération devront comprendre qu’ils ne referont pas la Centrafrique. Mais « du même coup, notre rôle ne se sépare pas de devoirs difficiles… à condition qu’il ne se sépare pas de charges qui font la grandeur : le service de la vérité et celui de la liberté. »

Enfin, je n’ai pas de « prix du leadership d’excellence» à vous proposer. Mais me permettriez-vous,  chers Dirigeants centrafricains, de vous poser à chacun cette simple question :
Quelle image souhaitez-vous que l’on retienne de votre passage à la tête des affaires de ce pays?
Quoiqu’il en soit, la poubelle de l’Histoire  pour certains ou le passage à la postérité pour d’autres, c’est maintenant!

Pour conclure,  qui mieux que B. Boganda  dans cette RCA qui manque cruellement de référence, pour faire entendre sa voix que je fais mienne :

« ..j’ai eu l’audace…ma question et le ton de mon discours, ont provoqué le scandale général, c’était un cri de révolte , une déclaration de guerre, disait-on. Oui sans doute : mais un révolté qui crie sa souffrance est moins dangereux et plus efficace qu’un peuple en rébellion. On ne parle qu’avec ses amis, les batailles les plus homériques se disputent entre frères et sœurs ; tant qu’un dialogue si âpre soit-il, se poursuivra entre nous, estimons-nous heureux. C’est que  la RCA n’est pas en péril ! Voulez-vous que vienne le sinistre jour où l’on chercherait en vain un interlocuteur valable ?…Moi en tout cas, et tant qu’il me restera un souffle de vie, je vous promets que je continuerai à discuter avec vous, parce que tel est mon devoir..» (Grand Conseil de l’AEF Séance Inaugurale de la Deuxième Session Ordinaire de Brazzaville, le 21 octobre 1957).

PS: Chère lectrice et ami lecteur, si vous les croisez, prière remettre cet article à Madame Samba-Panza, Monsieur Alexandre Ferdinand Nguendet, Monsieur Mahamat Kamoun.

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

(1)Centrafrique : 576,5 milliards FCFA à mobiliser pour une croissancede 5,1% en 2015 (INTERVIEW)

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