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RCA: VITEMENT QUE S’ACHEVE CETTE FAMEUSE TRANSITION

L’abondante littérature consacrée à la transition démocratique dans le monde en général et en Afrique en particulier fourmille d’informations diverses qui indiquent les réussites des uns et les échecs des autres. Bien sûr que tout cela n’a de sens que référé au contexte historique de chaque peuple. D’ailleurs si sur ce point précis il n’y a pas de solution miracle à proprement parler qui serait applicable par tous, en tout lieu et en toute circonstance, tout le monde s’accorde néanmoins à admettre que les points suivants constituent les conditions sine qua non de la réussite: l’inclusion de tous les acteurs, le consensus, le dialogue permanent et surtout la neutralité de ceux qui sont appelés à diriger cette transition.

Nul homme politique centrafricain, encore moins la société civile n’a intérêt aujourd’hui à fragiliser le timide compromis, le consensus mou  obtenus à Libreville, à Ndjaména et à Brazzaville et surtout le dialogue comme méthode de gouvernance de la transition. L’erreur serait de penser que la République centrafricaine n’est plus en crise et que l’on pourrait se passer magistralement des autres protagonistes et de la médiation internationale. Cette perception paralogique de la réalité dénote de la naïveté. C’est exactement  comme l’enfant qui croit au père Noël. La séléka et les anti-balakas continuent de tuer. Le pays est toujours divisé. Les FACAS ne sont toujours pas opérationnels, les anciens Présidents François Bozizé et Michel Djotodia pensent chaque jour revenir au pouvoir pour unir enfin le peuple centrafricain qu’ils ont réussi à diviser, etc.

Par essence le régime de transition est un régime de partage de pouvoir et de compromis permanent. Tout le monde doit y être impliqué de manière à apaiser les tensions et à aboutir, à termes, à une heureuse sortie de crise dans l’intérêt du pays par l’instauration de nouvelles institutions à l’issue des élections crédibles. La synchronie des évènements récents  a laissé paraître que le très indispensable consensus a été soumis à rude épreuve à l’occasion des tractations liées à  la nomination du nouveau gouvernement. Ce consensus, nous devons le rechercher à tout moment en prenant le temps qu’il faut et le couver à chaque instant.

Les exigences gargantuesques de la Séléka (qui ne voulait pas moins que la Primature et des Ministères de souveraineté) doublée de son inaptitude atavique à reconnaître tout le mal qu’il a fait à la République se sont heurtées au refus catégorique de la Présidente de transition.

Par ailleurs, non satisfaite de l’unique poste ministériel qui lui a été attribué, l’AFDT a exigé mais n’a pas obtenu la démission du Gouvernement de son représentant. Qu’à cela ne tienne. Cette prise de position peut ressembler à de l’inconstance car on ne peut en même temps déclarer qu’on soutient le Gouvernement de transition et en même temps demander à son représentant de démissionner de ce Gouvernement. Tout le monde aura compris que c’est de la tactique politicienne à l’état pur.

Du coup, l’exécutif de la transition est désormais officiellement amputé de deux éléments importants que sont la Séléka et l’AFDT. Peu importe, qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas, ces deux entités sont des actrices  majeures qui ont un rôle central à jouer dans la recherche de solution à la crise centrafricaine. Comment peut-on raisonnablement prendre le risque de les marginaliser ?

La rupture de confiance, née du choix controversé et non consensuel du Premier Ministre Mahamat Kamoun, a monté d’un cran ces derniers temps pour devenir une vraie défiance à l’égard des autorités. Qu’une frange de la population, certes encore minoritaire, organise des marches, des sit-in, de la grève de la faim pour exiger la démission de la Présidente de la transition, c’est bien la preuve d’un certain désenchantement. Le charme semble être rompu.

Certes le CNT est le pôle de stabilité des institutions de la transition mais la recherche du consensus suppose l’instauration d’un cadre permanent de dialogue avec les acteurs. En période de transition tout le monde marche comme sur un champ de mines où chaque pas, chaque action, chaque décision recommande au-delà de la nécessaire réflexion collective, une attention de tous les instants mais surtout une prudence de sioux. La déflagration qui peut survenir et tout emporter à tout moment n’est jamais si loin.

Après bientôt deux ans, le moment est certainement venu de faire le bilan critique mais consensuel de la transition, de voir ensemble s’il faut apporter ou non des correctifs. Les élections se tiendront-elles dans le délai imparti ? La transition doit-elle être prolongée ? Pour combien de temps ? Ces questions lancinantes nécessitent des réponses claires et nettes  de la part des acteurs centrafricains avant que les Médiateurs ne puissent les entériner. N’attendons pas que toutes les initiatives soient prises par la communauté internationale. Vitement que cette fameuse transition s’achève pour que la marche en avant de la République centrafricaine commence enfin.

Alain LAMESSI

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Un commentaire

  1. les acteurs de la Transition doivent cesser de penser que chacun qui a une parcelle de pouvoir, doit continuer à faire qu’il veut. En transition, il n’y a aucun doute qu’il ne peut y avoir de Chef prépondérant, de demi Dieu ou Dieu. Tous devront être égaux devant la recherche de Solution Commune. Cela entend le dialogue et le compromis. Malheurseusement, à vor ce qui se passe à Bangui, les tenors de la Transition actuelle font ce qu’ils veulent et sont étonnés de la réaction de rejet du citoyen.

    waAza

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