Chronique du Village Guitilitimô

UNE HISTOIRE DE : BRAZZA BLEU ET « LE BOXEUR »

Par GJK

En ces temps-là, je m’en souviens, Papa Alphonse mon défunt père – paix à son âme -, amateur de cigarettes, fumait beaucoup, et il ne fumait que du « Brazza bleu ».

Les avez-vous connus ces fameux paquets de cigarettes « Brazza bleu », « Brazza vert » et « Brazza jaune » ? O tempora, o mores !

Si elles ont disparu aujourd’hui, ces marques ont dominé pendant longtemps, le marché de vente des cigarettes en Centrafrique. Probablement, avec le « Siat », filtré et non filtré. C’était bien avant que la SOCACIG, Société Centrafricaine des Cigarettes, ne soit créée chez nous, et commence à distribuer ses variétés de « Sprint ». Bref.

De « Brazza bleu », je m’en souviendrais !

Certes, parce que c’était la marque de cigarette que fumait papa Alphonse, mais encore et surtout, à cause des tours que « Brazza bleu » m’a joué quand je n’étais encore qu’un bambin. Et l’anecdote que je raconte ci-dessous, est une petite mésaventure que beaucoup de personnes ont vécu de différentes manières et au sujet de différentes choses. Moi, c’était surtout « Brazza bleu ».

En effet, la plupart du temps, à l’époque, dès qu’il était revenu de son travail ou de sa petite promenade, et qu’il lui manquait des cigarettes, mon père m’envoyait presque systématiquement lui en chercher. Un paquet, quand il avait un peu d’argent pour payer, mais souvent il se contentait de quelques « bâtons ». Alors, en remettant les pièces d’argent dans mes petites mains, il insistait pour que j’achète – et me faisait répéter -, « Brazza Bleu ». La boutique de « massa » le cigarettier, était situé au « kèttè-gara », le petit marché, à environ 5 minutes de marche de chez nous. Immédiatement, je prenais mes petites jambes à mon coup, et croyant très bien faire , je courais chercher la cigarette, en rythmant ma vitesse, de « Brazza bleu Brazza bleu Brazza bleu Brazza bleu Brazza bleu Brazza bleu Brazza bleu … », plusieurs fois répétés et à haute voix.

Mais cependant, je me demande encore aujourd’hui, pour quelles raisons souvent à l’approche, ou juste devant la boutique du massa, je ne me souvenais plus exactement de ma « leçon » que j’avais pourtant tout fait pour maîtriser. Ainsi, je ne savais plus si papa avait parlé de Brazza bleu, d’un autre Brazza ou d’autres choses encore! Le vide total. Je commençais alors à tourner, à me retourner, à chercher dans ma petite tête de gamin oublieux, la couleur de la cigarette à acheter. Au fait, je crois que j’oubliais, pour plusieurs raisons : soit je me laissais distraire en cours de route par mes petits camarades ; soit je trouvais un petit attroupement devant la boutique et le temps d’attendre j’oubliais ; soit encore c’était parce que massa le boutiquier, me posait tellement de questions pour savoir ce que je venais acheter, que je finissais par perdre mon latin ! En tout cas, j’oubliais souvent.

Heureusement pour moi, je réussissais presque toujours à trouver la solution. Je me cachais pour revenir à la maison, et demandais à ma mère, à mes frères ou à mes petits cousins, la « couleur » de la cigarette de Papa. Là encore, mes frères et mes cousins, prirent l’habitude de se jouer de moi, en me faisant acheter le « Brazza vert ou le Brazza jaune, au lieu du Brazza bleu de papa !

Ah ! Du Brazza bleu, je m’en souviendrais !

Et comme papa avait aussi toujours sa boîte d’allumettes, la même que maman me faisait acheter de temps à autres quand il venait à en manquer à la maison, je me suis mis à m’intéresser au dessin du « LE BOXEUR FABRIQUÉ AU CAMEROUN VENTE EN RCA ». Dans mon imaginaire de bambin, il s’agissait d’une vraie personne, d’un vrai boxeur. Je me disais, une fois que je serai grand, je deviendrai boxeur. Par contre, je n’arrivais pas à m’expliquer, si c’était le « Boxeur » qui était fabriqué au Cameroun ou alors les allumettes, et pour quelles raisons. Ne pouvait-on pas trouver des petits morceaux de bois dans nos forêts de Centrafrique, pour en faire des allumettes?

Aujourd’hui encore, plusieurs dizaines d’années après mes petites « mésaventures », je me demande si « LE BOXEUR FABRIQUÉ AU CAMEROUN VENTE EN RCA » continue de « boxer » chez nous.

Mais diantre ! Qu’est-ce qui est « fabriqué en RCA vente au Cameroun », au Congo, au Gabon, au Tchad, en Guinée Equatoriale…?

GJK-Guy José KOSSA
L’Élève Certifié du Village Guitilitimö

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