Chronique du Village Guitilitimô

UNE HISTOIRE DE : FILM ET CINÉMA

Par GJK

Vous souvenez-vous peut-être encore, des premiers films de votre enfance et de la salle de cinéma dans laquelle vous les avez-vous vus ?

Dans les années 70, pour la plupart d’entre nous, se retrouver ainsi devant le grand écran, faisait partie, des moments exceptionnels et magiques. Ce n’était pas comme aujourd’hui, le règne des technologies numériques du cinéma. Nous étions encore à l’ère des opérateurs de cabine avec leurs bobines qui se coupaient souvent en pleine projection, et la télévision n’avait pas encore fait son entrée dans les ménages en Centrafrique.

Je me souviendrai toujours des weekends de ma jeunesse, sans doute, ceux qui m’ont le plus marqué. Et formé aussi. Ce furent les weekends du CENTRE JEAN XXIII à SICA II, juste entre la paroisse Saint Sauveur et le Lycée des Martyrs – ancien Lycée Jean Bedel BOKASSA -, deux autres institutions mémorables.

Ah Le CENTRE JEAN XXIII !

Combien de générations d’hommes et de femmes n’as-tu donc formé et permis de devenir aujourd’hui, les responsables qu’ils sont au sein des administrations et au niveau de toutes les composantes de la société centrafricaine ?

Qu’il est vraiment beau, de se souvenir particulièrement des Pères spiritains Pierre SCHOUVER – Paix à son âme -, Jean-Paul HOCH et bien d’autres, qui furent les principaux directeurs du Centre. Chacun se rappellera quel fut leur engagement auprès des jeunes étudiants qu’ils ont naguère formé, aidé et soutenu de diverses manières, jusqu’au prix de leur expulsion du pays. C’était aussi la belle époque des « Animateurs du Centre », tous ces aînés, pour qui nos regards étaient pleins d’admiration : Dominique YALIGAZA dit YALDOM, Ferdinand NZAPALAH dit FERCHAUD, Marc Yapéndé, Gondamoko dit GONDOX, SIVORY, TOUTOU, ALDO etc…

Grâce à ses infrastructures, le CENTRE JEAN XXIII a sans doute participer très efficacement, à la formation et au développement physique et intellectuel d’une partie de la jeunesse centrafricaine, qui pouvait s’y rendre à tout moment, et profiter des accompagnements scolaires, des salles d’études, de lecture, et prendre part à des jeux divers dont notamment, le volley-ball et le tennis de table que nous appelions couramment « ping –pong ».

Mais s’il est une chose pour laquelle le CENTRE JEAN XXIII de ces années 70 restera gravé dans les esprits, c’est certainement, sa salle de cinéma et ses projections de films à but éducatif. Je me souviens qu’ à la fin de chaque séance, personne n’était autorisé à sortir aussitôt. On ne venait pas regarder un film au CENTRE JEAN XXIII et repartir comme l’on sort des cinémas REX, ÉTOILE ou APPOLO. Chaque projection était précédée d’une introduction. Et à la fin du film, s’instaurait systématiquement, entre un des Animateurs du Centre et le public présent, un dialogue qui était en fait, une séance d’environ 20 à 30 minutes d’échanges, de « questions-réponses » et de débats afin de permettre à chacun de retenir l’essentiel du message distillé à travers le film vu. Le tout se passait en français, et quand on sait que celui-ci n’est pas la langue maternelle des Centrafricains, on peut imaginer le reste. En tout cas, pour les Animateurs, c’était à chaque fois une épreuve de formation personnelle,  une belle occasion de prouver leur compétence en rhétorique et  de jauger leur sens de répartie. Pour nous autres, gamins d’environ 10 ans, tout cela nous permettait de nourrir des ambitions et des désirs, surtout, celui de nous exprimer couramment et correctement en français.

C’est donc ainsi, qu’à cette époque,  j’ai découvert avec émerveillement, des films tels que :

– Le train sifflera trois fois avec Gary Cooper

– Django

– FVVA – Femme Villa Voiture Argent

– Ni vu ni Connu (que nous disions en ce temps « Blaireau » je ne sais plus pourquoi) avec Louis de Funès

Et bien sûr, les incontournables « Laurel et Hardy »

Mais de tous les films de mon enfance, « MOI UN NOIR », de l’immense Jean ROUCH restera sans doute ma plus grande découverte.

MOI UN NOIR, c’est l’histoire « de jeunes nigériens qui ont quitté l’intérieur des terres pour venir chercher du travail en Côte d’Ivoire. Ils ont échoué à Treichville, quartier populaire d’Abidjan, déracinés dans la civilisation moderne. Le héros qui raconte son histoire, se fait appeler Edward J. Robinson en l’honneur de l’acteur américain. Ses amis ont pris, de la même manière, des pseudonymes destinés à leur forger, symboliquement, une personnalité idéale. Rouch va à la rencontre d’une poésie fugitive qu’il traque jusqu’au bout du souffle, au cœur d’un quotidien étouffant, ivre, et fragmenté. Une poésie juste, limpide, touchante, où des personnages locaux surnommés Lemmy Caution, Dorothy Lamour, Edward G.Robinson prennent pour la première fois librement la parole et racontent leur vie, chargée de peines, de colères et d’amour »

Ainsi, il y’a dans la vie, des choses qui vous saisissent, vous marquent et vous interpellent sans cesse. Et c’est toujours avec la même émotion et le même plaisir qu’il me plaît de regarder « MOI UN NOIR ».

Avec le temps qui passe, ce film est devenu un véritable « monument historique ». Jugez-en à travers toutes ces voitures et modes vestimentaires de l’époque. L’homme par contre, n’a pas changé : Chaque jour reste pour lui un combat, le combat de la vie. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

GJK-Guy José KOSSA
L’Élève Certifié du Village Guitilitimö

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