idée c/ idée de a.Lamessi

LA TRANSITION DEMOCRATIQUE A DU PLOMB DANS L’AILE

Tous les acteurs de la transition doivent avoir présent à l’esprit qu’ils n’ont pas reçu un mandat du peuple centrafricain souverain. Ils sont là où ils sont à la faveur des circonstances exceptionnelles que traverse notre pays. Ils sont en mission qui certainement est limitée dans le temps. Par conséquent, chercher à s’éterniser peut s’apparenter à une faute politique. La chanson est bien connue mais elle est indigeste: « si le peuple décide que je reste, je resterai ».

Par sa nature, la transition démocratique est dynamique en ce sens qu’elle doit être un mouvement, un processus qui tend vers l’instauration d’un régime plus stable avec l’organisation des élections crédibles et incontestables. Elle ne peut bien fonctionner que par consensus. C’est le paramètre de bonne santé de la transition. Toute décision doit être le fruit de concertation, de négociation, de compromis. Aucune partie ne doit être privilégiée par rapport aux autres.

Aujourd’hui la transition en République centrafricaine présente quelques signes d’essoufflement. Tout ce qui indique des vices cachés qui, si on n’y prend garde, risquent de l’emporter à terme. Si le consensus n’est pas encore formellement rompu, tout porte à croire qu’il est sérieusement compromis par de nombreuses béances observées çà et là au gré des derniers évènements. Des voix s’élèvent désormais pour demander ouvertement la démission pure et simple de Madame la Présidente de transition tandis que de l’autre côté ses partisans organisent des marches pour la soutenir. Il y a désormais des pro et des anti-Samba-Panza, des pro et des anti-Mahamat Kamoun, des pro et des anti-Sélékas, des pro et des anti-Antibalakas, etc. La surenchère des marches, des manifestations et des contre-manifestations des pro-ceci et des anti-cela ne milite pas en faveur de la sérénité indispensable à la réconciliation nationale. A ce jeu, la peau des uns et des autres ne sera pas chèrement vendue. Cette tendance va malheureusement s’amplifier avec des difficultés du quotidien qui ne manqueront pas de surgir pour peu que la communauté internationale tarde à décaisser les fonds nécessaires. Lorsque le consensus est en panne, la transition titube. Et le moindre vent peut l’emporter.

La perspective d’une transition apaisée s’éloigne de plus-en-plus avec des intérêts divergents qui se télescopent au fur et à mesure que s’approchent les échéances électorales. Les conditions d’une transition réussie sont loin d’être remplies aujourd’hui : pas de désarmement des milices, pas de paix restaurée, pas de liberté de circulation, etc.

Si la Séléka ne reconnaît pas le Premier Ministre qui vient d’être nommé et refuse catégoriquement de prendre part au Gouvernement, si le KNK et ses alliés se rebiffent pour rentrer au Gouvernement, si l’AFDT subordonne la décision de sa participation au gouvernement à d’avantage d’implication du Médiateur international pour ramener tout le monde à la table de négociation, c’est que le plancher est sérieusement savonné pour que la marche de ce gouvernement à mettre en place soit en tout point de vue comparable à un patinage artistique. Le risque de chute mortel à chaque pas n’est plus exclu.

Dans une sortie intempestive, parfaitement inutile et surtout contre-productive, Mme Samba-Panza s’en est prise à la communauté internationale : « Sachez que la communauté internationale n’a rien à m’imposer. Aussi, je tiens à vous dire que personne ne me dictera quoi que soit ». Qu’une telle déclaration vienne de celle qui a tout reçu et qui attend tout, absolument tout, de la communauté internationale et dont la seule et unique mission est justement d’appliquer la feuille de route concoctée par cette même communauté internationale, cela laisse pantois. Bon Dieu, mais quelle mouche l’a piquée ?

C’est une question de bon sens : on ne crache pas du piment dans les yeux de celui qui vous donne à manger. Si vous le faites, vous prenez le risque de ne plus rien avoir à vous mettre sous la dent. A moins de compter sur vos propres moyens. La forte implication de la communauté internationale, notamment la CEMAC, la CEEAC, l’UA, l’UE, l’ONU, la France, etc. tout comme l’engagement sans limite du Médiateur international, le Président Sassou Nguésso et ses adjoints ne sauraient être sous-estimés. Ils sont de facto des partenaires incontournables dont les avis méritent d’être pris en considération.

A vouloir rouler tout le monde dans la farine, Madame la Cheffe d’Etat de transition a fini par mettre à dos chacun des acteurs dont les grands partis politiques. La communauté internationale n’hésite plus à douter, en privé, de sa sincérité et de sa loyauté. Certains ne veulent tout simplement plus la prendre au téléphone.

Deux erreurs fatales sont commises en l’espace de quelques jours et qui risquent malheureusement de mettre en cause le sérieux et la crédibilité de la tête de l’exécutif de la transition : renvoyer bouler la communauté internationale au sujet de la nomination du Premier Ministre et financer la marche pour se maintenir au pouvoir. C’est un secret de polichinelle : la communauté internationale est remontée à bloc contre la Cheffe d’Etat de transition. Comme dans le couple, en politique la confiance se mérite tous les jours.

Alain LAMESSI

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