Chronique de GJK

SORTIE DE CRISE EN CENTRAFRIQUE

PLAIDOIRIE POUR LA MISE EN PLACE D’ UNE PRESIDENCE COLLEGIALE

Je voudrais avant tout croire, que nous sommes tous d’accord, au moins sur un point : l’exceptionnelle situation dans laquelle se trouve la RCA.

A situation exceptionnelle, osons donc trouver des solutions exceptionnelles, à défaut d’être originales.

Après analyse approfondie et examen aussi sérieux que possible des expériences passées et présentes vécues par notre pays, et en considération de la rapidité avec laquelle les évènements politiques se déroulent depuis la démission des deux têtes de l’exécutif transitoire, j’en viens à cette conclusion : pour emprunter le chemin du retour à une vie politique véritablement démocratique, tous les acteurs politiques ont intérêt à se mettre ensemble pour lever l’écueil principal de nos divisions à savoir  :l’esprit hermétiquement fermé au vrai dialogue des uns, et l’obstination des autres à exclure à tout prix une partie de la population, de la vie politique, pour ne pas dire de la vie tout court.

Sur le plan politique : quand j’entends ou que je lis des articles où il est question de « tout sauf tel ou tel leader », je soupire. Prenons un exemple. La mouvance SELEKA et la mouvance ANTIBALAKA et leurs nombreuses ramifications, à mon avis, ne peuvent aujourd’hui, à moins d’un miracle, être gommées du paysage politique centrafricain sans conséquences ni troubles certains.

Que l’on me comprenne bien : Je n’ai aucune estime particulière, mais alors absolument aucune, pour ces deux « mouvances » de la même espèce et du même acabit, dont je réprouve les actes criminels, et pour lesquelles,- excusez du peu-, je n’ai que haine et mépris. Mais cependant, je ne m’associe guère à la théorie des spécialistes centrafricains de la politique fiction, prompts à faire croire qu’il suffit de décider d’écarter ou d’exclure, tel et/ou tel, pour que cela se fasse, et que la vie normale reprenne son cours.

Soyons réalistes. Au-delà de la personne des leaders qui animent les deux mouvances que sont la SELEKA et les ANTIBALAKA, il faut reconnaître qu’il y a une frange non négligeable de la population centrafricaine, d’acteurs politiques et de technocrates, de cadres civils et militaires, avec lesquels le pays doit compter. Plus est, le terrain est d’une certaine manière aujourd’hui occupé par les redoutables ailes militaires de ces deux mouvances , qui drainent chacune avec elle, de milliers d’irréductibles combattants aguerris, téméraires et indisciplinés, prêts à tout . Ce qui n’est pas rien.

D’un autre point de vue, à tous ceux qui rêvent d’un destin national et qui en même temps, voudraient coûte que coûte cloué aux piloris, vouer aux gémonies, pour ne pas dire tout simplement voir enterrer vivants DJOTODJA et son SELEKA , ainsi que BOZIZE et tous les groupuscules qui le soutiennent, je dis clairement que vous vous trompez de combat. Cherchez dans l’Histoire lointaine et récente du monde, contemplez la vie et la lutte de Mahatma GANDHI, Martin Luther KING, Nelson MANDELA et de tous ces grands hommes qui nous ont marqués, dont les pensées nous inspirent chaque jour, et pour lesquelles ne cessent de se réclamer les uns et les autres, et vous trouverez sans doute des solutions à votre hantise !

Si surmonter l’obstacle paraît difficile, essayons de le contourner. Si nous ne pouvons procéder par confrontation et rupture brutales, apprenons à gagner le combat par débordement. Ce qui veut dire que tôt ou tard, la justice saura rattraper les coupables qui ont beau jeu de nous distraire aujourd’hui.

Sur le plan générationnel : Quand on me dit qu’il faut chasser tous ces  anciens hommes politiques centrafricains, ces vieux routiers indéboulonnables, ces briscards au cuir épais, tous ceux qui, à un moment ou à un autre ont eu à servir leur pays, je me dis que nous nous trompons une fois de plus de combat. Pour un pays tel que le nôtre, autant les anciens ont-ils besoin du dynamisme et des capacités intellectuelles de jeunes loups aux dents longues, autant, ces derniers ont tout à apprendre de l’expérience, du savoir-faire et de la sagesse des premiers. Sachons raison garder, et unissons nos compétences. Il y ‘a assurément parmi nos devanciers, des brebis galeuses, des gérontocrates imbus de leur supériorité, et des corrompus impénitents. De même, il existe inévitablement au sein de la génération montante, des ambitieux assoiffés, des arrivistes suffisants, des prétentieux sans vision politique. Dans tous les cas, Il me semble plus indiqué d’arriver à fixer des règles strictes de gouvernance, et pour le reste, la sélection s’opérera tout naturellement, avec méthode et élégance.

Sur le plan religieux : La tournure prise par les derniers événements qui ont ensanglanté notre pays, nous oblige malheureusement, bien malgré nous, à intégrer la dimension religieuse et confessionnelle dans la gestion de la société centrafricaine. Il faut éviter à tout prix les exclusions fondées sur la religion. Cependant, il faut craindre en même temps, d’instaurer à tous les niveaux une mentalité des  quotas, de faire naître le « concept confessionnel ou religieux ». Il nous faut simplement retrouver notre modus vivendi ante, grâce auquel chacun a toujours eu la place qui est la sienne dans notre société.

Sur le plan ethnique : Il ne serait pas inutile d’initier une étude très sérieuse sur les origines du tribalisme outrancier et structurel, du régionalisme identitaire, du repli ethnique et communautaire qui caractérisent le Centrafrique et les centrafricains de nos jours. A ce sujet, une question mériterait d’être posée : La démocratie moderne occidentale, a- t- elle vraiment permit aux Centrafricains de consolider leurs liens multiséculaires, de les élever politiquement pour les faire entrer dans le monde idéal voulu par la BAULE ? Tout compte fait, l’exacerbation du sentiment d’exclusion, ou la sélection fondée sur les bases de l’ethnie et de la région, ont profondément pollué et mis à mal le sentiment national, inoculé dans nos veines le poison nocif du népotisme, lesquels ont constitué des freins au développement de notre pays. L’heure est venue peut-être de reconsidérer et remettre en question certaines valeurs négatives sur lesquelles sont fondées nos relations personnelles et nos regroupements, à commencer par les partis politiques et associations.

Ceci étant, à l’heure où le CNT est réuni et semble peiner à trouver un Président de consensus, – qui si comprends bien ne peut qu’être choisi parmi les membres de cet organe de transition-, je crois que ce serait une grave erreur de ne pas prendre en considération les aspirations de toutes les composantes politiques et des individus capables de diriger cette transition.

Mieux, toutes théories et propositions considérées, j’incline personnellement pour un exécutif transitoire collégial, un CONSEIL PRESIDENTIEL  DE TRANSITION (CPT), appelé à diriger un Gouvernement dont la mission sera de restaurer un état de droit.

En effet, des exemples de présidence collégiale ont existé et existent de par le monde, qui ont fait leur preuve, avec  chacune, plus ou moins de bonheur: au Bénin en 1970, en Bosnie-Herzégovine depuis la constitution de 1995, en RDC dans les années 2003…

Et s’il nous faut passer par cette voie de présidence collégiale, pour parvenir à la stabilité tant souhaitée, le sacrifice ne serait pas de trop, comparé à ce que nous avons déjà connu. Plus concrètement, je propose au CNT réuni actuellement, d’élargir sa composition et de choisir de manière plus originale et plus réaliste :

  • 1 Co  président(e) issu des PARTIS DEMOCRATIQUES
  • 1 Co – président(e) issu de la MOUVANCE ANTIBALAKA
  • 1 Co – président (e) issu de la MOUVANCE SELEKA
  • 1 Co – président  (e) issu de la SOCIETE CIVILE

La présidence de ce collège de quatre (4) membres, sera assurée à tour de rôle à raison de huit (8) mois par mandat, ce qui nous amène à 32 mois, soit trois ans, ce qui, vu l’état actuel de notre pays, est un délai vraiment raisonnable, pour mettre en place et faire fonctionner tous les autres organes de transition, remettre en route l’administration, appliquer un programme de gouvernement et arriver à des élections libres et démocratiques.

« En effet, des exemples de présidence collégiale ont existé et existent de par le monde, qui ont fait leur preuve, avec  chacune,  plus ou moins de bonheur: au Bénin en 1970, en Bosnie-Herzégovine depuis la constitution de 1995,  en RDC dans les années 2003… »

Paris le 11 Janvier 2014 à 17H50

GUY JOSE KOSSA

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