Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : BIENVENUE A L’EUFOR-RCA AU ROYAUME DES TARTARES

Une plongée dans les fleuves infernaux de Centrafrique

Après plusieurs « détournements de regards », après les « débandades », des uns et des autres, quand elle parlait de la Centrafrique, son ancienne colonie, pauvre engluée dans un cercle infernal de conflits insolubles, la France relève enfin sa tête. Elle vient d’avoir gain de cause. Après des mois de blocage, après de multiples retards, en partie dus à des difficultés politiques et logistiques, l’eufor-Rca dévoile son visage, alors que, sur place, les violences s’intensifient sur les populations civiles, les femmes, les enfants pris dans l’étau des anti-balles AK et des selekas. Ils agonisent doucement dans un silence assourdissant devant les organisations humanitaires impuissantes.

Un petit pas pour L’Eufor-Rca, un grand pas pour le soutien de la paix

L’UE a annoncé, ce mardi 1er mars, le lancement officiel de son opération militaire en Centrafrique, après avoir mis des mois à rassembler les troupes nécessaires. « La force comprendra jusqu’à 1 000 soldats, dirigés par le général de division [français] Philippe Pontiès », a précisé  le Conseil de l’Europe, au journal Le Monde.fr avec AFP.

Le déploiement complet de la mission Eufor-RCA, destiné à sécuriser l’aéroport et certains quartiers de la capitale, Bangui, prendra plusieurs semaines. Les gendarmes français déployés à Bangui, le week-end dernier basculeront immédiatement sous la bannière de l’Eufor-RCA, a indiqué une source diplomatique. «Le lancement de cette opération démontre la volonté de l’UE de participer pleinement à la fois aux efforts internationaux visant à protéger les populations les plus vulnérables et à la création des conditions pour la fourniture l’aide humanitaire » […] Sa mission contribuera « à rétablir la stabilité et la sécurité » dans ce pays plongé dans les tueries intercommunautairs, explique le communiqué, à La Voix d’Amérique ce jour 02 avril.

« L’Etat-major opérationnel de l’Eufor-RCA est situé à Larissa, en Grèce, tandis que l’Etat-major de la force et les troupes se trouveront à Bangui. Les coûts communs de l’opération sont estimés à 25,9 millions d’euros pour la phase préparatoire », a déclaré, au Parisien.fr  et les grands quotidiens nationaux avec AFP ce mardi 01 avril, mme Catherine Ashton, représentante de la diplomatie.

Ce contingent européen était réclamé avec insistance par la France, qui a envoyé depuis le 5 décembre quelque 2000 hommes en Centrafrique,- habitué aux coups d’Etat à répétition et aux rébellions-, en renfort de la Misca, composée d’environ 6000 hommes, présente de longue date.

Il a été retardé en raison du peu d’empressement des Etats membres de l’UE à mobiliser les effectifs et les moyens logistiques nécessaires, toutefois relativement modestes. Elle a jugé« essentiel que l’ordre public soit rétabli le plus rapidement possible, afin que le processus de transition politique puisse reprendre ».

Le feu vert a été rendu possible grâce aux contributions de dernière minute de l’Italie, qui a offert des véhicules et une quarantaine d’hommes, et de l’Allemagne et du Royaume-Uni, qui ont mis à disposition des avions de transport de troupes, selon une source européenne. L’Espagne, avec 90 hommes, et la Suède avec également des transporteurs, ont aussi renforcé les sept pays de départ (France, Estonie, Lettonie, Espagne, Pologne, Portugal et Géorgie).

La voix d’Amérique (VOA) espère, ce 02 avril 2014 que le déploiement de la force de l’UE permettra de mieux désarmer les milices. L’objectif, à terme, est le transfert du pouvoir à une mission de maintien de la paix des Nations Unies ou des partenaires africains. Selon la résolution, la montée en puissance des opérations sera financée par un fonds géré par l’ONU et alimenté par des contributions volontaires des Etats.

Sommet « décisif» pour le futur, « ou bien, une grand-messe »

Centrafrique au cœur du sommet, titre, ce 02 avril 2014, Les Dépêches de Brazzaville, au lendemain du lancement de cette opération militaire de l’Eufor-Rca. La Centrafrique,  en ouverture ce mercredi, à Bruxelles du 4ème sommet UE-Afrique, est au cœur des débats qui a réuni une quarantaine de chefs d’Etat africains pour rencontrer leurs homologues européens. Pour le journal congolais, quelle que soit son issue, ce sommet sera « décisif » pour le futur« Ou bien, en effet, il prendra la tournure d’une grand-messe avec effets de manche et discours vides, ou bien il lancera un dialogue franc et direct. »

Un sommet aussi de libre-échange et d’intérêts cachés

Toutefois, La Voix du Nord, rapporte que ce 4ème sommet entre l’Union européenne et l’Afrique a pour thème principal, les accords commerciaux, le libre-échange plus connu sous l’expression« accords ACP-UE ». Mais qu’en marge des discussions, une rencontre s’est déroulé sur la situation en Centrafrique. L’UE a, en effet, proposé d’ouvrir son marché aux quarante pays les plus pauvres au monde sans percevoir des taxes douanières. Trente-trois de ces pays se trouvent en Afrique. Mais ils doivent en retour ouvrir aussi leur marché à la technologie et aux produits européens. Et l’UE a fixé au mois d’octobre 2014, la date butoir pour trouver un accord.

L’Europe nie avoir des intérêts cachés derrière les accords de partenariat économique.  Cet éventuel accord entre l’UE et l’Afrique sur les termes de ce genre de partenariat économique est une offre qui fait peur. L’Europe mise sur l’Afrique qui enregistre une croissance économique soutenue et qui attire les investisseurs occidentaux et asiatiques. Selon La Voix du Nord du 01 avril 2014, Jack Mangala, professeur de sciences politiques et d’études africaines à Michigan aux Etats-Unis, ne partage pas ce point de vue : « Les accords de partenariat économique doivent être au centre du dialogue politique parce que, si vous regardez du côté des Africains, les leaders africains doivent prendre sérieusement en compte les conséquences politiques d’un échec des négociations. Je pense que les deux parties ont intérêt à s’accorder ». Or, côté africain, tout le monde n’est pas prêt. Seuls quatre pays ont, pour l’instant, donné leur accord. Les autres gouvernements craignent qu’une ouverture des marchés aux produits européens soit la mauvaise décision.

Pendant ce temps, les pays industrialisés courent et tentent de courtiser les Africains, pour une ouverture réciproque des marchés. Le conflit en Centrafrique et les interventions n’obéissent-ils pas à ces lois de marché ?

Toutefois, l’UE promeut une ouverture réciproque des marchés qui veut obéir à une logique de développement des pays africains. Mais derrière cette ouverture, l’exonération des taxes offrirait aux Européens une avancée sur les concurrents chinois et américains qui sont également présents sur le sol africain. L’analyse de Francisco Mari, expert à l’organisation protestante allemande « Brot für die Welt », pain pour le monde : « Les Européens veulent évidemment exporter leurs machines et leurs pièces de rechange là-bas en Afrique sans avoir besoin de payer des taxes douanières. Cela les mettrait en meilleure position par rapport aux Chinois et aux Américains qui eux payent des taxes. Et c’est ça l’objectif des Européens même s’ils affirment n’avoir aucun intérêt particulier.»

Alors, souligne la Voix du Nord, même si la date butoir d’octobre 2014 approche, le sommet de Bruxelles risque de ne pas accoucher d’un accord complet. Et même s’ils pèsent stratégiquement moins que les Européens dans ces négociations, les Africains arrivent avec un atout : Si ce n’est avec l’UE, ce sera avec les Chinois et ou les Américains.

Dans ce contexte Centrafrique s’invite à ce sommet après le lancement des opérations de l’Eufor-Rca pour la sécurisation de Bangui. Des dirigeants européens et africains, emmenés par la France, ont discuté mercredi de l’aide supplémentaire à apporter à la Centrafrique pour l’empêcher de sombrer encore plus dans la violence, au lendemain de la décision de l’UE d’y déployer sa mission militaire, explique La Voix du Nord.

Secourir Centrafrique et relancer le partenariat UE-Afrique

Le président du Conseil de l’UE, Herman Van Rompuy, en ouvrant ce mini-sommet, a souligné le potentiel déstabilisateur pour la région, alors que les capacités d’accueil de l’afflux de réfugiés des pays voisins du Centrafrique « atteignent leurs limites ». « D’avantage d’efforts et contributions restent nécessaires pour soutenir le travail crucial » des forces internationales sur place, a-t-il ajouté. Participant à cette réunion, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a pour sa part souligné qu’il pressera « tous les pays d’envisager de fournir les troupes supplémentaires nécessaires, et des fonds ». L’ONU prévoit de déployer d’ici la mi-septembre 12000 soldats et policiers en Centrafrique pour prendre le relais de la Misca, présente aux côtés des 2000 soldats français de l’opération Sangaris.

A son arrivée à la réunion, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a souligné son soutien à cette intervention, s’affirmant « très préoccupé » par les violences « spécialement contre les communautés chrétiennes ».

La présidente de transition de Centrafrique, Catherine Samba Panza a fait devant le parterre plus large réuni à Bruxelles, un point des besoins de son pays, tant en matière de sécurité et d’assistance humanitaire, qu’en vue de reconstruire un embryon d’Etat.

Au-delà de l’urgence sécuritaire, ces participants devaient aussi plancher sur les moyens derétablir la stabilité, promouvoir la réconciliation nationale et la transition politique, dans ce pays africain, selon le Conseil de l’UE.

Près de 80 dirigeants africains et européens y discuteront jusqu’à jeudi des moyens de relancer leur partenariat, plombé par l’instabilité en Afrique et en perte de vitesse face à la concurrence chinoise. Pour la partie africaine, ce sommet doit faire passer le message que l’Afrique « a plus besoin de coopération économique et d’investissements que d’aide », a relevé pour l’AFP le président guinéen, Alpha Condé.

Selon le Parisien.fr, du 01 avril, un polémique a rebondi au niveau international. « Il semble que les soldats tchadiens aient tiré sans discrimination dans la foule », a accusé à Genève une porte-parole du Haut-Commissariat, Cécile Pouilly dans les colonnes d’Afriquinfos. Pour Paris, au contraire, la responsabilité incombe « pour une large part aux anti-balles AK », selon le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, qui a demandé « que toute la lumière soit faite sur ces violences » à la suite de l’annonce d’ouverture d’enquêtes par la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza,

Bangui peine à sortir du chaos. Le renfort européen est donc bienvenu.
Apport financier

François Hollande s’en est ému mardi, jugeant que la situation sécuritaire en Centrafrique s’était« dégradée ».

A Londres, selon l’Afriquinfos avec l’agence de presse Xinhua, mercredi, 02 avril 2014, la Grande-Bretagne a exhorté la communauté internationale à un soutien international accru pour faire face à la crise en Centrafrique. « La communauté internationale doit prendre davantage de mesures pour aider les hommes, les femmes et les enfants touchés », a indiqué la ministre britannique du Développement international Lynne Featherstone, indiquant que la situation est  « de plus en plus désespérée » en Centrafrique. La Grande-Bretagne va fournir des graines, des outils agricoles et la protection aux personnes atteintes par la crise, a annoncé mardi le Département britannique en charge du Développement international (DFID). Le DFID a fourni une nouvelle aide de six millions de livres sterling (9,96 millions de dollars américains), portant ainsi la contribution britannique directe à un total de 18 millions de livres sterling (29,9 millions de dollars américains) en 2014, auquel s’ajoutent les fonds engagés via l’UE et l’ONU. Un total de quatre millions de livres sterling (6,6 millions de dollars américains) de cette aide financière sera donné à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour les graines et les outils, afin d’augmenter la production agricole et de réduire la crise alimentaire en Centrafrique, pendant la saison des plantations, de mars à mai.

Les deux millions de livres sterling restants seront versés à l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), afin de suivre et de faire un rapport sur les communautés sous la menace immédiate de la violence et de l’exploitation, et vise notamment à protéger les femmes et les filles contre les violences sexuelles, selon le DFID. D’après les statistiques de l’ONU, la violence en Centrafrique a poussé 290000 personnes à fuir dans des pays voisins. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays en crise est également élevé, avec 650000 personnes, dont 232.000 à Bangui, la capitale.

Cette nouvelle aide financière britannique intervient à la veille du sommet UE-Afrique, de Bruxelles les 2 et 3 avril.

Par ailleurs, Le HCR et ses partenaires s’apprêtent à envoyer du personnel […] pour établir une présence humanitaire et livrer de l’aide aux personnes menacées à Boda et Carnot. Parallèlement, le HCR étudie la possibilité de leur réinstallation à Kabo et Moyen Sido dans le nord du pays, a précisé le Haut-commissaire Fatoumata Lejeune-Kaba, à Genève à Afriquinfos  le mercredi 2 avril 2014.

Malgré les efforts de la communauté internationale au chevet de Centrafrique  pour l’extraire de son tourbillon meurtrier, à Ndélé, rapporte, le RJDH ce 01 avril, les membres de la communauté chrétienne et les peulhs de la ville de Ndélé (Nord-est) témoignent subir, depuis quelques jours, des abus, de la part des Séléka, présents dans la localité et être dépossédés de leurs biens. «Nous ne pouvons plus aller au champ, à la chasse, ni faire le commerce en ce moment à Ndélé. Les Séléka, dans la ville, prennent de force nos biens. Nous ne pouvons pas réagir, car la ville est entre leur main », a expliqué  Suzanne Gourna, une habitante de Ndélé. Les habitants ont quitté la ville et vivent dans la brousse.

Que reste-t-il de la « Bozizie ? »

Selon Vincent Duhem le reporter de Jeune Afrique, ce 01 avril, Bozizé, réfugié en Ouganda, s’active à regrouper ses partisans, mais « n’a probablement plus les moyens de revenir aux affaires, même s’il a conservé une certaine capacité de nuisance et bénéficie de quelques soutiens au sein des nouvelles autorités, notamment au ministère de la Défense », selon un diplomate africain en poste à Bangui. « C’est un homme blessé » qui est actuellement installé à Kampala avec son fils Franklin, puisqu’il bénéficie du soutien des autorités ougandaises et de Yoweri Museveni qu’il connaît depuis le début des années 1970. Depuis Kampala, il coordonne ce qui reste de son clan, des membres de sa famille et une poignée de fidèles.

Mais, au fil des jours, l’étau de menaces de sanctions se resserre autour de sa liberté et celle de son fils …

Joseph GRÉLA

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