PRESIDENCE DE TRANSITION : SENS DESSUS-DESSOUS
Quel qu’il soit, le Président de transition qui sortira aujourd’hui de la foire d’empoignade des conseillers, parlementaires provisoires et apprentis sorciers du CNT, ce Président, disons-le tout net, est d’office et forcément mal élu.
En moins d’une semaine, les représentants à titre précaire du peuple centrafricain, obligés de se départir de toute velléité présidentielle, ont rivalisé d’ingéniosité machiavélique. Pour preuve, afin de prétendre au très convoité siège à pourvoir, ils ont réussi à servir au peuple et à la faire passer, « sans hésitation ni murmure », une liste de 17 critères cardinaux à remplir, et 9 pièces ordinaires à fournir dans un délai plus qu’inconvenant. Résultat de ce jeu subtil, la liste du CNT, a été très bien accueillie dans tous les milieux, à part quelques voix inaudibles qui ont été étouffées. La grande majorité de la population cependant, n’a vu, retenu et applaudi des dix mains, comme on dit chez nous, que pour les critères 12, 13 et 14, qu’elle attendait fermement, et qui font l’unanimité.
Mais quid du reste ? La solide ossature du document, vise en réalité, à mettre hors de course, aussi bien les ambitieux jeunes loups aux dents longues, que les insatiables gérontocrates et corrompus impénitents que compte la R.C.A. Au fait, les « honorables députés à durée déterminée », semblent avoir compris une chose. A partir du moment où, d’une part, la Transition tricocéphale incarnée par DJOTODJA, TIANGAYE et NGUENDET a été décapitée d’une certaine manière, et que d’autre part, ils se sont fait hara-kiri en se privant tous du fauteuil présidentiel, ils pouvaient se permettre d’organiser l’exclusion de presque tout le monde, en fixant des conditions apparemment insurmontables.
Ils ont ainsi commencé, par écarter de la compétition, toute la meute pervertie de fonctionnaires et autres agents de l’Etat, serviteurs plus ou moins fidèles et loyaux de la République, membres de différentes institutions et administrations, dont le seul tort est ou a été, d’occuper ou d’avoir occupé des responsabilités dans l’Etat failli, naguère dirigé par le Bon, la Brute et le Truand. Dès lors, ont-ils songé, personne ne penserait à leur demander des explications sur leur légitimité, ainsi que sur la légalité, la validité, et l’applicabilité des critères qu’ils ont dressés comme une forteresse imprenable. Génial.
En tout cas, Honorables Conseillers Nationaux Transitoires, la République unanime, vous sera éternellement reconnaissante d’avoir fait preuve « d’un leadership participatif et justifier d’une expérience dans les hautes fonctions politiques, publiques ou privées », critères creux et inutilement pompeux, de votre liste drastique. Bravo à vous, et tant pis pour ce SDF affamé et malade qui susurre à haute voix tout près de vous : « allez, laissez-nous çà, est-ce çà on mange ? ». Le même, vous demandera bientôt des comptes.
En définitive, sur 24 candidats présentés, 16 ont été éliminés faute de n’avoir pas rempli les 17 critères obligatoires et fourni les 9 pièces à déposer dans les conditions de forme, de jour et d’heure indiquées, en vue de l’admission à la présidentielle. En revanche, le futur Président, Chef d’Etat de Transition, et les 7 futurs anciens candidats à la Présidence, – ce qui est toujours bon pour le CV-, ont quant à eux, valablement reçu leur quitus. Mais dans quel ordre de mérite ? Peut-être ne le saura-t-on jamais. Néanmoins, la liste qui a été rendue public, répond très certainement à une logique, difficile à cerner certes, mais sujette à interprétation:
Numéro 1 : Ngombe Kette Jean Barkes
Numéro 2 : Kolingba Zanga Bilal Désiré
Numéro 3 : Kozimongo Régina
Numéro 4 : Mbrenga Takama Maxime Faustin
Numéro 5 : Samba-Panza Catherine
Numéro 6 : Patasse Ngakoutou Sylvain Eugène
Numéro 7 : Nakombo Emile Gros Raymond
Numéro 8 : Nali Mamadou Nestor
Tels sont énumérés, les noms des 8 Centrafricains candidats, individuellement censés « de bonne moralité, compétent, intègre, crédible, capable d’impulser une dynamique de réconciliation… » (Critères 4 et 5). Chit !
Et comme dirait l’autre, de qui se moque-t-on dans ce pays ? « On se connaît tous, on sait qui est qui, et qui a fait quoi ». Aussi, peut-on se demander, si les « bonnemoralitiomètre », « crédiblomètre » et autres tamis du CNT, ont-ils vraiment bien fonctionné ? Ne fut-ce qu’au passage, d’au moins une, sinon plusieurs de ces personnalités ? Suivez votre propre regard. Mais, peuple centrafricain, après tout, ne vaut-il pas mieux contre mauvaise fortune faire bon cœur ?
Suite aux « désaccords de Libreville » accordés à la hussarde, c’est aujourd’hui l’élection du deuxième Président de transition, sur des bases plus que fragiles. Décidément, tout se retrouve sens dessus-dessous, dans ce beau pays « des paradoxes et des records négatifs ». Dixit, Maître ZARAMBAUD ASSINGAMBI, de regretté mémoire.
GUY JOSE KOSSA
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