Grand format de J.Gréla

Ô CENTRAFRIQUE, MATERNITE OU BERCEAU DE REBELLIONS

Ce n’est plus un secret pour personne. Centrafrique est infesté de mouvements rebelles qui se réclament de, « on ne sait plus quel saint ».Il suffit d’être reconnu par le pouvoir impuissant, pour asseoir sa suprématie dans sa petite république et spolier les populations environnantes. La période des troubles actuels est propice à la naissance de ces groupuscules assoiffés. Le nombre incalculable de rébellions dépasse même le nombre de la population centrafricaine :

De FPR de Baba Ladé à l’UFDR, en passant par l’UFDD sur le pont du GAPLC de Djotodia solidifié par l’APRD de Démafouth, le CPJP, avec l’aide de Kokaté, le porte-parole, appuie sur la gâchette pendant que le  MLJC de Sabone alimente le chargeur du FDC. Tous s’abreuvent désormais de la fontaine de l’ORMC, nouveau-né de Birao… ou se désaltèrent à la source des techno-machins de Bangui.

Les armes de tout calibre et de toute catégorie pullulent et circulent dans ce pays pauvre qui a faim et qui est livré à la vindicte, à la voracité de quelques individus. Les « technocrates » assistent inopérants à la naissance d’un dénommé « Révolution et Justice », mouvement armé, dans l’Ouham et l’Ouham-Pendé, rapporte Le Confident de Bangui du 10 mars. Alors que Centrafrique ne survit qu’au rythme de la perfusion financière internationale ou plus exactement de l’aumône ou de la dîmede la communauté internationale.

La commission d’enquête des Nations unies

sur les violences en Centrafrique est en ordre de marche 

Selon le Nouvel Observateur du 10 mars, cette commission « a pour mission de dresser des listes d’auteurs de crimes présumés en vue de poursuites judiciaires pour mettre un terme à l’effusion de sang qui laisse craindre un génocide. » L’Onu estime que près de 650000 personnes ont été déplacées du fait des violences religieuses et que près de 300000 autres ont fui dans des pays voisins.

Des milliers de personnes ont été tuées depuis que la Séléka, coalition de rebelles à dominante musulmane venant du nord du pays, a pris le pouvoir il y a un an et lancé une campagne de pillage, de torture et de meurtre dans le pays majoritairement chrétien . « Nous voulons présenter au Conseil de sécurité un dossier complet pour que les mesures appropriées soient prises », a déclaré Bernard Acho Muna lors d’un point presse à Genève. « Des listes de suspects en vue d’éventuelles poursuites judiciaires doivent être soumises aux puissances mondiales dans le courant de l’année et en lien avec une enquête préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) », a précisé le président de la commission.

Quant à M. Ziguélé dans Le Citoyen de Bangui, du 10 mars, « il faut la justice d’abord, puis la réconciliation, pas l’un sans l’autre. » Centrafrique doit ainsi se débarrasser du costume de l’impunité.

Il faut désamorcer les cœurs.

Réconciliez-vous ! 

Pendant ce temps sur RFI, 6000 musulmans de Boda, candidats à l’exil s’apprêtent à quitter la ville en espérant gagner la capitale par convoi, puis partir, si possible, vers l’étranger, le Cameroun et le Tchad. La Misca, qui protège la ville avec la force Sangaris, devait organiser un premier convoi samedi 8 mars, mais le départ a dû être retardé en raison de problèmes de sécurité, notamment à Bangui.

« À Boda, on n’a plus d’abri, les maisons ont été détruites. Que peut-on y faire, avec qui ? On a tout perdu. On préfère aller s’exiler. On ne sait pas si on aura une vie meilleure. Mais ici, du jour au lendemain, on peut être tué, brûlé… Mieux vaut aller vivre ailleurs que de rester ici »,raconte un jeune musulman sous l’anonymat.

« C’est une crise militaro-politique, pas religieuse.

Nous voulons un Centrafrique uni, indivisible et laïc.» 

rappelle l’imam de Bangui, Kobine, réfugié chez l’archevêque de Bangui, qui ne se lasse pas de porter dans, une interview accordée àMétronews, des messages de paix, d’expliquer que «  l’islam ne recommande pas d’imposer la religion musulmane. Chacun a le droit de choisir sa religion. » Les musulmans centrafricains eux-mêmes, à l’instar de l’imam, craignent l’arrivée des mouvements terroristes islamiques Aqmi et Boko Haram avec lesquels aucune conviction n’est partagée, mis à part la confession religieuse. « Nous ne pouvons pas faire fi de ce que la Séléka a fait, et qui suscite aujourd’hui ces réactions anti-musulmanes », a-t-il ajouté courageusement.

Malgré ce message de paix des pillards continuent d’assaillir la ville de Bangui et de  s’entretuer à cause du butin, annonce La Nouvelle Tribune du 09 mars. Une altercation, entre des groupes rivaux de pillages, provoquée par une dispute autour du butin après une opération dans un quartier, s’est soldée par la mort de quatre d’entre eux, et deux civils blessés dans la nuit de samedi à ce dimanche. L’insécurité règne en maître dans le pays et selon les organisations humanitaires « il faut davantage d’actions pour restaurer la paix » Ces groupes de pillards, armés opèrent en toute facilité en raison de la déstructuration du système de sécurité interne du pays. « Ils jouent au jeu du chat et de la souris avec les forces française Sangaris et africaine Misca », commente La Nouvelle Tribune.

Dans ce climat, « les premiers péchés de la Sainte Catherine » se dévoilent au grand jour. « Les grands espoirs nés de l’élection d’une femme à la tête de l’Etat malade commence peu à peu à s’effondre […] »commente l’Hirondelle de Bangui du 10 mars, « on craint que Samba Panza ne représente pas cette rupture souhaitée par les centrafricains ». Celle qui devrait incarner l’espoir, la rupture rejoue sur le terrain ensablé, inculte de ses prédécesseurs. L’adage suivant : « On chasse les pulsions par la porte, elles reviennent par la fenêtre » trouve grâce devant madame Samba Panza  qui ne peut changer de« répertoire politique. » Le journaliste de l’Hirondelle aiguise sa plume pour préciser que « la fumée des bonnes intentions politiques s’est très vite dissipée dans (la formation) d’un gouvernement de ‘copines de longues dates’ et des parents. En un mot, nous avons la configuration d’un gouvernement  de récompense et de connaissances que de compétence. » Il finit par créer un néologisme : « la technocrature ».Cependant le peuple de la « Sainte Catherine » meurt lentement de soif et d’inanition.

Alwihda Afrique, quant à lui, ce 10 mars, revient sur le corridor Bangui-frontière Cameroun considéré comme un progrès accompli par la  MISCA

A Bangui, le 8 mars 2014, le Général de Brigade Tumenta Chomu Martin, Commandant la  MISCA, à l’occasion d’une rencontre avec des journalistes centrafricains, s’est dit « satisfait des résultats positifs enregistrés dans la sécurisation du corridor qui relie Bangui à la frontière camerounaise. » La sécurisation de cette voie a permis aux différents convois humanitaires, commerciaux et autres de circuler en toute quiétude. Les cas d’intimidation et de provocation par des éléments incontrôlés se sont considérablement réduits face à la fermeté des consignes du commandement de la MISCA, ainsi qu’à la discipline et au professionnalisme des unités de la Mission opérant le long de ce corridor.

En effet, « la MISCA a démantelé les barrières illégales qui avaient été érigées le long du corridor, neutralisé les groupes illégaux actifs sur le terrain et escorté, à ce jour, 1085 véhicules au profit des agences humanitaires, de commerçants, de la Force Sangaris et de particuliers. La MISCA met en garde tous les éléments qui seraient tentés d’entraver la circulation sur cette voie cruciale pour l’acheminement de l’aide humanitaire et les échanges commerciaux extérieurs de la RCA. »  L’espoir de circuler renait peu à peu de ces cendres.

« Nous avons toujours vécu ensemble »

Metronews, Christophe Gargot, chef de la mission Médecins Du Monde à Bangui à l’hôpital de Begoua, au PK12, vidé et pillé, explique qu’ « ici, avant la crise, les chrétiens comme les musulmans venaient se faire soigner, sans distinction. Si, en le (l’hôpital) remettant en route, on peut contribuer à la réconciliation entre les communautés, ce serait un beau symbole. Un hôpital, c’est d’abord un lieu de vie, dont dépendent les 150000 habitants des environs », sans distinction de confessions religieuses ni de traditions.

Il faut croire, aussi, que la vie entre chrétiens et musulmans sera de nouveau possible un jour. « Nous avons toujours vécu ensemble », se souvient Monique, sage-femme major depuis dix ans dans cet hôpital. Chrétienne, elle a accouché pendant toutes ces années les enfants de femmes musulmanes, évoque le journaliste. « Et tout d’un coup, nous sommes devenues ennemies ! Mais ce sont nos sœurs », répète la sage-femme, plusieurs fois dans cette enceinte, espoir de sanctuaire, à la croisée des chemins.

« Et, aujourd’hui, des destins.. » conclut le journaliste.

A Bagneux, le 11/03/2014
 
Joseph GRÉLA
 
 

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