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LES PAGES AGRICOLES: INQUIETUDES AGRICOLES PARTAGEES

Par Touaden DOGO-NENDJE

Chers lecteurs,
Certains d’entre vous se sont interrogés sur des points d’un précédent article. Ces questions étant pertinentes, je vais apporter quelques éléments de réponses.

La première interrogation porte sur l’analogie faite à des « tracteurs attendant d’être approvisionner en carburant ». Mon propos ne concerne nullement l’existence d’un quelconque parc agricole, mais prétend que des propositions de solutions aux problèmes, du développement agricole, existent dans les placards du ministère de l’agriculture et que celles-ci n’attendent que la volonté politique et la quote-part financière du Gouvernement, pour être mises en œuvre.

Le second point est relatif au financement de l’agriculture et son articulation public-privé afin de ne pas être perverti.

La spéculation sur les terres agricoles est un problème latent en RCA. Elle a 2 origines, l’une extérieure et l’autre intérieure. La spéculation intérieure, est généralement due à l’accroissement démographique qui exerce une pression foncière. Elle se manifeste par une artificialisation des terres agricoles pour la construction d’habitations, des infrastructures notamment routières, etc. Dans ces conditions les terres fertiles, faciles à travailler, sont bien évidemment les plus convoitées. Pour l’instant ce n’est probablement pas le plus alarmant en RCA.

La spéculation extérieure, est celle qu’on observe d’ores et déjà dans certains pays africains. D’importants capitaux extérieurs, au pays victime de cette prédation, s’accaparent des milliers d’hectares, soit par achat soit par des baux centenaires. La question de la sécurisation de la propriété foncière n’étant pas prise en compte, elle laisse la porte grande ouverte à ce danger.

Enfin, je pense que le défi aujourd’hui est plutôt la répartition de l’utilisation de l’espace rural. Les secteurs d’activité se font la concurrence : le secteur agricole, les activités forestières et l’exploitation minière. Mais plus sournois et dramatique, les éleveurs nomades et agriculteurs se font une guerre depuis plusieurs décennies. Cette situation s’est amplifiée ces dernières années avec la prolifération des armes.

Le contexte actuel en RCA ne permet pas des investissements massifs, cependant de multiples investissements dans des petites et moyennes structures sont possibles. Il est donc opportun que ces entrepreneurs se regroupent en organisations de producteurs (OP). Le neuvième Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) donne en un cadre juridique satisfaisant, bien que les aspects fiscaux restent à préciser au plan national. Le regroupement permet la mutualisation et surtout l’accès à des ressources humaines, techniques et financières considérables.

L’Etat a, la fonction régalienne de créer le cadre institutionnel adéquat pour favoriser le développement agricole, ainsi que celui du garde-fou qui pose des jalons pour orienter les productions afin d’atteindre l’objectif de la sécurité alimentaire. Cette dernière expression signifie que toute la population doit avoir accès à des aliments de qualité et en quantité, à tout moment et ce quelques soient ses revenus.

Dans cette posture de gendarme, l’Etat joue alors le rôle de médiateur dans le dialogue permanent avec et entre les différents acteurs (OP, bailleurs de fonds, consommateurs, ONG, organismes technique, etc.) sur les filières agri-agroalimentaires.

Touaden DOGO-NENDJE

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2 commentaires

  1. Vraiment que Dieu amène la paix en RCA moi de même je suis tractoriste un jours je peux aussi apporté mon savoir faire et apprendre au jeune de mon pays.

  2. Bonne analyse que je partage. Il y a un sérieux problèmes qu’il faut résoudre, c’est celui du conflit agriculteurs et éleveurs aggravé par la prolifération des armes dont portent les éleveurs peulhs. La solution viendrait de la réhabilitation des projets innovants tels que l’ADECAF (projet café et cultures vivrières…), l »ANDE (Agence nationale du Développement de l’Elevage), et ajouter une structure de financement genre Banque Agricole. Evitons de gros projet du type PNIASA qui demande d’énormes fonds que le pays ne pourra jamais mobiliser. Faisons ce que nous savons faire.

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