Tribune de A.Pakoua

LE CENTRAFRIQUE QUI ETONNE

Par Adolphe PAKOUA

Dans ce Centrafrique réputé être un pays de paradoxes, on a toujours vu le mal et le bien cohabiter d’une manière telle que le mal semblait inéluctablement l’emporter sur le bien, à un point tel que beaucoup ont toujours pensé que le pays était maudit, et qu’il ne résistait pas à l’envie de retourner au plus vite embrasser ses vieux démons, même à des moments où tout le monde semblait voir une pointe d’espoir, illuminer l’horizon.

Les coups d’Etat à répétions, les mutineries, la dictature, la mal gouvernance, et entre autres calamités l’ouragan de la seleka, ont assombri le tableau des réalisations et parfois des prouesses de ce pays qu’on n’y voit que des ténèbres et le mal partout.

Et pour mieux noircir ce tableau, on ne parle plus de tous ces hommes qui constituent le peuple de ce pays en termes de centrafricains, mais plutôt en termes de musulmans quand un malheur provoqué s’abat sur l’un des membres de cette entité centrafricaine, ou plutôt en termes de jeunes hommes, anonymes, de Lakouanga, Boy Rabe, Castors ou autre quartier de Bangui, pour ne plus parler du célèbre KM5, qui est devenu un quartier exclusif.

La manipulation des esprits commencée avec la qualification de la crise centrafricaine en conflit interconfessionnel a fait son chemin, produit des ravages inqualifiables au point d’estomper la fierté qu’avaient tous les centrafricains d’appartenir à ce beau pays de nos ancêtres, ce beau pays de Boganda, ce pays d’unité, de dignité et de travail, enfin ce pays de Zo Koue Zo.

Pays riche, pays pauvre, mais quel pays est donc le Centrafrique, avec des diamants qui ne brillent pas dans la poussière des rues de ses villes, de grandes superficies de forêt quand les écoles manquent de tables-bancs, une faune et une flore inconnues d’aucun touriste, une bonne partie de la jeunesse à qui l’on a fermé depuis longtemps les yeux devant l’instruction, l’éducation et le travail ?

Devant ce tableau de résultats négatifs, le Centrafrique étonne pourtant, pour peu qu’on daigne jeter un regard sur certaines réalités qui passent pour des banalités.

L’une de ces réalités surprenantes est la femme centrafricaine. Sans s’attarder sur sa beauté naturelle, son amour de la famille, sa passion pour jouer son rôle de pilier incontestable dans son foyer, personne ne peut s’étonner de la voir dans tous les services publics du pays : elle est policière, infirmière, enseignante, douanière, gendarme, journaliste, en fait toutes les fonctions publiques qu’elle assume au même titre que les hommes, avec un salaire équivalent, des responsabilités équivalentes.

De ce fait, le Centrafrique qui étonne est ce pays qui fut parmi les premiers en Afrique à voir une femme nommée aux fonctions de Premier Ministre, sans que cela révolte la conscience collective.

Aujourd’hui, c’est une femme qui est à la tête de l’Etat, une autre à la tête de la Mairie de Bangui, la capitale du pays ; une autre vient d’être nommée à la tête de l’Autorité Nationale des Elections. Ne restent plus que le Conseil National de Transition et le Conseil Constitutionnel pour que la boucle féminine des hautes responsabilités soit bien fermée.

Et si les femmes ont obtenu ces responsabilités sans déclarer la moindre guerre aux hommes, c’est une leçon d’une très grande importance qui doit nous interpeller, car la vie est une roue qui tourne.

La mal gouvernance a fait beaucoup de tort à tout le monde, y compris les entités parmi lesquelles ont émergé nos chefs d’Etat, car leur pouvoir n’a pas profité à tout le monde.

Revendiquer le pouvoir aujourd’hui parce que telle ou telle tribu n’a jamais vu un des siens accéder à la magistrature suprême est une erreur que nous devons éloigner de nos pensées. Et vouloir exercer le pouvoir pour chercher à satisfaire une infime partie de la population sera l’épée qu’on aura soi-même suspendue au-dessus de la tête, sans l’aide de personne.

Inspirons-nous de l’évolution de nos sœurs, notre pays ne s’en portera que mieux.

Adolphe PAKOUA

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