Textes : (Ap. 11, 19 ; 12, 1-10 ; Ps. 44 ; 1 Co. 15, 20-27 ; Lc. 1, 39-56)
« Tous revivront », une parole d’espoir, une espérance à la vie.
« Tu es bénie entre toutes les femmes »
L’Apôtre Jean, dans sa vision, nous fait voir le Temple qui est dans le ciel, qui s’ouvre et laisse entrevoir l’Arche de l’Alliance. Le Temple symbolise la demeure de Dieu. Dieu s’ouvre à l’homme. Il livre le secret de son cœur. Il fait alliance avec l’homme. Il l’accueille pleinement dans son amour. Dans le cœur de Dieu se trouve l’Arche de l’alliance. Elle est cette femme vêtue de gloire. En elle sont scellés les textes des clauses de l’alliance. Elle est bien bâtie et forte. Elle protège l’alliance contre le puissant ennemi envahisseur, le dragon à sept têtes. Ce monstre à sept têtes a pris position autour d’elle. Il guette la moindre inattention de la femme pour enlever son enfant et le faire disparaitre à tout jamais. La femme est restée méfiante et vigilante. Elle a créé de la distance entre la bête et elle. Pour préserver la vie de son enfant, elle s’est enfuie dans le désert où l’on peut apercevoir tout danger de loin. Elle s’est ainsi mise hors d’atteinte de cette bête avide de sang. Une telle femme mérite honneur et gloire : « Tu es bénie entre toutes les femmes ».
Mon âme exalte le Seigneur
La Vierge Marie dont nous célébrons l’assomption au ciel aujourd’hui, manifeste pleinement la figure de la femme dans la vision de l’apôtre Jean. De par sa conception immaculée, elle a été mise à part. Elle a vécu en toute confiance avec le Seigneur. Elle a habité auprès de lui dans le Temple qui est au ciel. En elle, est déposée la source de l’alliance, Jésus Christ, expression vivante de l’amour de Dieu.
Tant d’honneur pour une femme dans une société où les femmes n’étaient pas au premier rang ! Sa cousine Elisabeth, plus âgée, lui reconnait cet honneur. Marie est celle « qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du seigneur ». Il y a dans cette parole des raisons d’orgueil, de supériorité, de vanité. Ce qui avait poussé la première femme, Eve, a levé le bras plus haut pour cueillir la pomme. Une fois l’objet de son plus grand désir, consommé, Eve s’est retrouvée plus bas. Or, Marie, la nouvelle Eve, résiste à la tentation de la prétention de grandeur. Son élévation ne vient pas que de ses propres mérites. Elle est l’œuvre de Dieu. Marie couronne son élévation par son abaissement : « Mon âme exalte le Seigneur ».
Dieu se souvient de son amour
La Vierge Marie démontre, par son humilité, que toute destinée humaine est inscrite dans le dessein de Dieu. Cette destinée est exprimée par tout homme à qui Dieu a inspiré une vision : élever les humbles, relever le serviteur, combler de biens les affamés. Marie tient un discours chargé de visions sociétales. De même, dans notre société, voire dans nos communautés, des hommes et des femmes travaillent discrètement pour la cohésion sociale. Ils sont tellement humbles qu’ils ne semblent ni écoutés, ni impliqués dans les projets sociétaux.
Pour des raisons méconnues, certains sont maintenus expressément dans un état d’éternels serviteurs : ni intégration, ni avancement professionnel, ni augmentation de salaire… Les situations de guerre, par exemple dans notre pays, ont réduit les populations à la misère. Les familles ne peuvent ni cultiver, ni planter, ni chasser… Le peuple est affamé. La Vierge Marie porte le manteau de chacune de ces catégories humaines. Elle dénonce ces conditions de vie dans son Magnificat, « hymne de révolution sociale ». Le magnificat nous invite à porter un regard d’amour sur nos frères et sœurs à l’image de « Dieu qui se souvient de son amour pour nous ».
Que les plus grands se fassent serviteurs, se rendent attentifs aux cris des autres et répondent à leurs besoins réels.
Pascal TONGAMBA
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