Chronique de GJK

HISTOIRE D’UN RENOUVEAU CENTRAFRICAIN

« Le courage, c’est d’agir et de se donner aux grandes causes, sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. »(Jean Jaurès)

Faut-il le reconnaître et le dire ? Le reconnaître sans le dire ? Le dire sans le reconnaître ? Ne pas le reconnaître et ne pas le dire?
Victor Gary qui s’y connaissait bien en la matière, écrit : « L’honnêteté intellectuelle, voilà la qualité dont doit s’enorgueillir un travailleur de l’esprit. Et Montesquieu de renchérir : « la plus grande habileté en politique c’est encore l’honnêteté.»

Et voici que la Centrafrique se meurt. Cette Centrafrique, notre Centrafrique, transformée en un vaste océan de sang et de larmes, en un coin de forêt tropicale impénétrable et dense d’incompréhension et de tension ;  un univers où se succèdent d’interminables nuits de peur et de terreur, un immense désert d’idées et surtout de courage !

Et pourtant ! Et pourtant cette République qui geint et agonise, peut et devrait encore à ses propres et vaillants fils et filles s’ouvrir, tendre ses mains décharnées, mains qu’attendent d’autres fils et filles leurs frères et sœurs, pourchassés par le mauvais sort, et traqués par les maléfices de la maladie, de la famine, du désespoir, de la solitude et de la mort.
Rien moins, rien plus que de simples gestes de charité, gestes qui feront pousser des îlots de joie, de paix et de bonheur ; des paroles de la bouche, des paroles lumineuses susceptibles de dissiper la grande obscurité où plongent des cœurs meurtris et privés du moindre sourire; des actes aussi, des actes de bravoure qui valent plus qu’une victoire sur mille troupes ennemis, une victoire des Sélékas sur des Antiballes-à-AK, ou des Antiballes-à-AK sur des Sélékas.

Et si vous ne m’avez pas compris chers amis lecteurs, permettez-moi cette petite diversion, en cette veille de la mondiale de football.

Ceux qui sont de ma génération, et de la génération qui a juste précédé la mienne, ont encore en mémoire, qu’il a existé en Centrafrique jusque dans les années 70 début 80, de véritables équipes de football. De vraies équipes, avec de vrais joueurs, mais aussi et surtout de vrais supporters. C’était l’époque des « Tempête-Mocaf Rouge Noire », « US-Catin ou USCA jaune noire », « Diables de Fatima devenus Anges de Fatima », « Olympique Réal vert noir», « Stade Centrafricain » etc…C’était le temps de gloire des joueurs tels que Gazayombo, Aguingo, Mbere, Ken Mamoko, Wallot, Bavon Malitongo, Wengaye, Gaboni Sukisa, Kaïmba Blasko, Domoloma, Kpangba, Ibara, Bob Légue, GG Géomètre Guerio, Samory, Kobrak, Maréchal Dembele, Feïssona Féïs, Sonny Colé, Biné Bimalé etc… J’étais tout jeune et « fana » (fanatique) du club USCA.  Je crois que c’était plus ou moins à cause des morceaux de pains secs que nous distribuait le Président de cette équipe, un gentil boulanger Camerounais du nom de Kouayanga à Lakouanga. Et je me souviens comme si c’était hier, de cet air qu’on chantait à l’honneur de quelques joueurs de cette équipe de USCA : « Corner ti Solé, couvre ti Malanda, bolide ti Batista, plongeon ti Kaïmba ! ». Hélas ! Qu’est devenu ce temps, cet heureux temps… !

Les matches de championnat ainsi que le championnat lui-même se disputaient âprement entre les équipes, et ils étaient naturellement remportés par l’une ou l’autre équipe. Les paris et les discussions entre supporters étaient si agréables à suivre. Bref. La vraie démocratie, la RCA l’a connue dans les stades de football ! Et c’était, il y’a plusieurs décennies.

Que l’on me dise honnêtement : sur le terrain politique d’aujourd’hui ; où sont les équipes et où sont les joueurs ? Même les supporters que sont les partisans ou les adhérents « se cherchent ». Dès lors, comment ne pas reconnaître et saluer, les discours courageux et les actes de bravoure posés par les « survivants » de l’espèce en voie d’extinction, que sont devenus les héros de la politique en Centrafrique ?

Que je l’aime ou que je ne l’aime pas, je suis obligé de reconnaître et d’écrire, que le Professeur Gaston Mandata Nguerekata, force l’admiration. C’est ici NI une question de choix ou de clientélisme politique, NI d’absurde « griotisme », moins encore de servilité alimentaire stupide. Et Boganda dira : « Mais l’honnêteté morale suppose une probité intellectuelle à toute épreuve. L’une ne va pas sans l’autre et toutes les deux sont les vertus des grandes âmes, des éducateurs et des chefs ». Cela  me suffit, et honni qui mal y pense !

Depuis plusieurs mois, alors que beaucoup de politiques ont fait le choix des doux climats, des salons feutrés et des lits douillets des appartements ou chambres d’hôtel des pays occidentaux ; lui Nguerekata, peut fièrement s’enorgueillir et se permettre sur sa terre natale, de pousser la chansonnette, sur cet air de « Bohème », des Eclaireurs et Eclaireuses que voici:

«Le soleil, la route, le ciel et le grand vent,
 Ma pipe et mon bandoléon
Je m’en vais courant, sifflant  le long des champs,
Tra la la la la la la  (Refrain)

Rien n’arrête mon chemin la la
Emporté par mon destin la la
Je ne suis plus qu’un vagabond la la
En bohème, joyeux garçon

Je poursuis d’un pas léger la la
Un doux lapin égaré la la
Et je vais dans le sillon la la
En bohème, joyeux garçon »

Dans mon article « Où sont passés les intellectuels » écrit il y ‘a quelques mois, je posais à Gaston M. Nguerekata la question suivante : « Professeur, qu’est-ce qui vous fait ainsi courir ? ». J’eus en son temps droit à un « droit de réponse » qui, au lieu de traiter de cette question substantielle, a plutôt biaisé en faisant dans la politique à la centrafricaine. J’ai tout de suite préféré clore le débat. Mais en observateur de la vie socio-politique de mon pays, il m’est une passion, celle de passer au crible de l’analyse et de la réflexion sans passion, les paroles, les faits et les gestes des hommes qui ont fait de la vie publique leur métier. Et je voudrais dire simplement respect Professeur! Respect et merci d’indiquer ainsi la voie à cette jeunesse sans repaire et sans aucun point de repère, cette jeunesse qui peine à s’engager en politique pour l’honneur et la dignité de la RCA.

Et puisqu’il m’est donné aujourd’hui de parler de vous Professeur, permettez-moi, Gaston Mandata Nguerekata, que je vous dise à vous comme à tous ceux qui se croient obligé d’établir une quelconque comparaison entre vous et feu Barthélémy Boganda, la référence absolue de la Centrafrique et des Centrafricains. A mon humble avis, il y ‘a là quelque chose d’irrévérencieux et de prétentieux. Loin de moi, l’idée que Barthélémy Boganda serait un personnage sacré, un mystique intouchable ou un « Dieu » incarné. Je le dis comme je le pense, c’est-à-dire avec l’objectivité et le langage qui sont les miens : il n’y a jamais eu qu’un seul Barthélémy Boganda, et il n’y en aura jamais qu’un seul. Vous n’êtes pas, ou du moins pas encore, Barthélémy Boganda. Demeurez Gaston Mandata Nguerekata « Car celui qui imite le démon dépasse toujours l’exemple de son maître, alors que celui qui imite le bien n’atteint jamais celui qu’il contemple. N’imite personne. Sois toi-même. Montre ta rareté au monde et le monde te couvrira d’or. » (Og Mandino).

En tout état de cause, aux différents matchs du championnat centrafricain de la présente saison de transition, vous êtes sans doute en tête de la compétition. Je suis obligé de le reconnaître, n’en déplaise à certains spécialistes de la pensée négative. Mes analyses n’en prendront pas une seule ride et je demeure très vigilant. Marquez Professeur, marquez encore et marquez toujours des points. A l’heure du « jugement dernier », le peuple saura reconnaître les siens. Et tant que vous serez toujours du côté du pauvre, de l’orphelin, de la veuve et du sans-abri, soyez rassuré que la masse populaire vous soutiendra. Mais souvenez-vous-en à jamais, au moindre de vos faux pas, vous trouverez devant vous les Centrafricains, et moi le premier.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô

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Un commentaire

  1. J’ai eu à le dire sans ambages , sans tergiversations, le Prof Nguérékata sort du lot…LUI SEUL a quitté le confort de ses fonctions aux USA pour rentrer au pays afin de défendre la cause des faibles, des sans- voix je dirais tout simplement la cause du peuple centrafricain qui est aujourd’hui devenu un fond de commerce pour les pseudos hommes politiques centrafricains qui ne sont en réalité que des AFFAMES qui cherchent sur le dos de ce peuple à remplir honteusement leur panse extensible à volonté …
    Du courage Professeur, une bonne action n’est jamais perdue!

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