Libre opinion

ENSEMBLE POUR UNE HISTOIRE A ECRIRE

Depuis son arrivée en responsabilité en mars 2016, Monsieur Faustin-Archange TOUADERA a souhaité mener, en tant que Président de tous les centrafricains, un travail constructif, afin de ramener la sécurité et la paix sur l’ensemble du territoire de l’Oubangui-Chari.

La recherche de solutions efficaces à la sécurisation et la pacification de notre pays, infecté pendant plusieurs décennies de problèmes et plus récemment par le virus des clivages ethniques, un pays aux multiples frontières, soumis à moult rebellions et pressions extérieures, revient à chercher une aiguille dans une botte de foin.

La recherche de solutions efficaces dans le contexte actuel se heurte à un système composé d’une multitude d’acteurs internes et externes et de paramètres qui interagissent continuellement selon les intérêts du moment. Les ingérences répétées de l’ancienne puissance colonisatrice dans les affaires du pays, les faiblesses structurelles au sein de l’Etat, les opportunités lucratives offertes par le conflit aux bandits de grand chemin (le “droit ”d’extorquer de l’argent et des biens aux habitants des zones sous contrôle, la prolifération de la vente des armes), le climat d’indécision produisant des blocages et des confrontations violentes répétées, non seulement constituent des indicateurs d’un pays en dérive mais sont autant des signaux que les solutions proposées jusqu’à présent ne permettent pas une résolution radicale des problèmes.

Aujourd’hui, les commandants des milices partisanes de la  faction partitionniste trouvent la force de tout faire pour transformer le pays en un lac de sang,  un site de misère. Les évènements tragiques survenus fin septembre 2016 à Bangui et les nombreux cas d’assassinats perpétrés durant ce mois d’octobre 2016 à Kanga-Bandoro, authentifient la volonté des chefs rebelles de la nébuleuse ex-Séléka de continuer à se nourrir du sang du peuple centrafricain.

Afin de remédier à ces problèmes, nous avons besoin d’être ensemble et unis, nous devons plus que jamais être rassemblés et solidaires pour défendre notre patrie et notre modèle du vivre ensemble. Et pour mieux le défendre, nous ne devons pas céder à la terreur et préserver notre UNITE, chrétiens et musulmans. La Justice doit passer pour les victimes afin de rétablir la confiance, l’UNITE du pays. Rien ne pourra se faire sans Justice.

Nous avons compris la nécessité de remettre en scène notre armée, seule entité capable de vaincre les rebelles et de redonner de la crédibilité aux actions de l’Etat. Nous devons hisser nos forces de défense et de sécurité, au niveau des multiples formes de menaces qui pèsent sur la sécurité et la protection du peuple centrafricain. Cette étape est indispensable et non négociable. La seule garantie pérenne que nous avons pour assurer à nos compatriotes la sécurité, la stabilité et une paix durable, est la formation et le déploiement des FACAs sur l’ensemble du territoire de l’Oubangui-Chari. Ceci est un devoir. Nous devons soutenir ces femmes et ces hommes qui ont eu l’audace d’accepter cette noble mission : défendre notre pays. Ils connaissent parfaitement le danger auquel ils vont s’affronter, et pourtant ils sont disposés à aller au combat pour éviter la partition de l’Oubangui-Chari.

J’ai du mal à comprendre qu’après des élections “libres et démocratiques” le pays continue de voir ses enfants se faire assassiner, sans qu’il y ait une réelle pression ou une intervention militaire musclée de la part de nos “alliés” pour neutraliser ces barbares. Comment interpréter le refus des autorités françaises de maintenir l’opération SANGARIS à la demande du Président nouvellement élu ? Posons-nous les vraies questions ; n’est-ce pas une réelle stratégie géopolitique pour maintenir l’Oubangui-Chari sous pression, sous domination et un tangible abandon volontaire pour laisser un peuple se faire massacrer ? Quelles crédibilités accordées à des décennies des “accords de défense” qui nous lient avec la France en cas d’agressions extérieures ? N’est-il pas venu le temps de revoir l’ensemble de ces accords pour mieux préparer l’avenir ? Comment comprendre le silence de la MINUSCA face à ces tueries ?

J’ai du mal à comprendre que la Chine, qui soit disant, aurait des enjeux économiques et énergétiques considérables en Oubangui-Chari, ne se soit pas précipitée pour s’impliquer de manière totale dans les tâches prioritaires urgentes ou dans la réforme du secteur de la sécurité ou dans le DDRR de la MINUSCA? Pourquoi n’a-t-elle pas envoyé des troupes terrestres en mission de sécurisation ou de protection de la population en Oubangui-Chari comme ce fut le cas au Sud-Soudan ? Où devons-nous comprendre qu’elle préfère une demande officielle des autorités  oubanguiennes?

La réponse est évidente, ceux qui viennent chez nous sont là uniquement pour protéger leurs intérêts et nous maintenir dans la pauvreté.

Il nous faudra une nouvelle vision plus élargie et pourquoi pas multipolaire pour former, encadrer nos militaires. Certains pays africains ont la capacité militaire nécessaire pour nous aider à chasser les rebelles.

L’Oubangui-Chari doit se libérer des « colons » pour devenir véritablement une République indépendante, émancipée. La mondialisation, l’étiolement de la politique africaine de la France du fait de l’évolution du contexte international avec son corollaire l’essoufflement de la politique du chantage, l’arrivée aux affaires par petite goutte d’une nouvelle élite africaine, consciente des enjeux géostratégiques et des défis qu’elle doit relever, la montée en puissance de la Russie, l’intransigeance de la Chine à conquérir le marché africain, représentent aujourd’hui, des atouts considérables pour faire de l’Oubangui-Chari la République centrafricaine.

Nous devons construire l’avenir par « des choix qu’éclaire la capacité à détecter dans le présent des “germes de futurs, des avenirs possibles qui soient à la fois viables et souhaitables ». Nous devons profiter du déséquilibre géostratégique qui s’opère en ce moment dans le monde, pour affirmer notre désir d’indépendance vis-à-vis de l’occident afin faire de l’Oubangui-Chari la Républicaine centrafricaine. Ce vœu d’indépendance passe par l’affirmation des autorités oubanguiennes à tisser de nouveaux liens politiques, diplomatiques, économiques, et même militaires plus équilibrés et plus égaux, capables de favoriser la création d’entreprises et d’industries d’exportations de services notamment informatiques, de développer des infrastructures de transports pour le désenclavement interne de notre pays, etc. Le Président TOUADERA doit analyser avec force l’état de l’environnement international en plein bouleversement pour proposer une nouvelle vision, un nouvel élan, une histoire à écrire pour le peuple centrafricain et pour transcrire dans les faits le droit à l’émergence de l’Oubangui-Chari.

Nous avons plus besoin de compétences que d’aides traditionnelles au développement. Il est toujours temps de bien faire. Le Président TOUADERA et son Gouvernement pourraient, s’ils le souhaitent, mobiliser davantage les expatriés, et amplifier les capacités de nos systèmes de formations internes, qu’ils soient éducatifs ou professionnels. L’exemple de SINGAPOUR, qui a créé une agence de développement des talents expatriés, pourrait ainsi inspirer le Gouvernement centrafricain.

Le mouvement Correct est prêt à travailler avec les autorités centrafricaines pour insuffler un nouveau souffle au rêve oubanguien, faire de l’Oubangui-Chari, la République centrafricaine. Ainsi je peux affirmer avec André Laurens que « si la confrontation avec la réalité impose la mesure et l’humilité, elle ne doit pas conduire au renoncement. La réflexion politique ne saurait se priver d’une vision de l’avenir, fût-elle imparfaite. Il lui arrive, hélas, de s’en passer, mais elle se réduit alors à un discours creux, sur fond d’immobilisme. Que peut-on attendre de ceux qui ne prennent pas le risque de se tromper ? À la limite ce qui importe est moins la justesse de la prévision que sa capacité à éclairer une action politique qui entend gérer des rapports de forces et maintenir ses valeurs : mélange de réalisme et de volontarisme, de rationalité et d’incertitude. Il s’agit au mieux de cerner le hasard ».

Que l’unité règne en Oubangui-Chari

Paris, le 19 octobre 2016

Davis Vianney FOKY RAMA
S.G. Mouvement CoRReCt

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