Chronique de GJK

D’ÉCRIRE, J’AI MAINTENANT DÉCIDÉ D’ARRÊTER !

Par GJK

L’on m’a dit un jour,
Écrire, c’est agiter les idées,
Écrire, c’est initier des débats,
Écrire, c’est lancer des alertes,
Écrire, c’est faire œuvre utile !

Et pour mon pays,
J’ai aimé écrire, et écrivant,
Je n’ai pas entendu me taire,
Je n’ai pas craint de déplaire,
Je n’ai pas cherché à complaire !

J’ai écrit ce que j’avais à dire et quand il fallait écrire pour le dire !

J’ai écrit ce que j’avais à dire,
Pour vilipender les horreurs de Djotodja et sa horde de sanguinaires Séléka,
Pour condamner les Antibalakas métamorphosés en ennemis du peuple,
Pour mettre en garde Samba-Panza et ses rejetons avides et arrogants,
Et aussi, pour dénoncer tous ces margoulins qui ont pourri le régime de Transition !

En définitive, j’ai écrit, parce qu’il fallait écrire pour faire entendre le cri des Centrafricains, et pourfendre les crimes contre l’intelligence et contre le droit de mes compatriotes à vivre en paix dans un pays libre et prospère !

À vrai dire,
Ce que j’ai pu dire et écrire jusqu’ici,
N’était point de l’ordre de la critique facile,
Et mes écrits ne relèvent guère de la provocation gratuite.
Ils participent uniquement de la veille,
Et rien que de la veille démocratique !

Alors un jour, l’on m’a annoncé,
Que mon pays s’était éveillé à la démocratie.
Qu’ayant délaissé les armes pour les urnes,
Mon peuple s’est choisi les dirigeants qu’il mérite.
À l’issu d’un scrutin unanimement accepté,
La RCA serait donc devenue une démocratie où il fait bon vivre.

Dès lors,
Pour mon pays,
Je me suis mis à réfléchir,
Réfléchir pour choisir,
Choisir de continuer,
Continuer d’écrire ou non pour mon pays !

Et maintenant c’est décidé : d’écrire, j’arrête !
J’arrête d’écrire et j’écris ici pour dire :
Au revoir à mes chers exercices d’analyse socio-politique,
Au revoir aux heures de sommeil consommées par tant de nuits d’insomnie et d’intenses et profondes réflexions,
Au revoir au temps passé à écrire des commentaires et chroniques souvent salués pour leur perspicacité et leur sagacité !

Pour tous ces beaux mots que j’ai aimés, je dis merci.
Merci pour toutes ces phrases aux couleurs d’été et à l’éclat d’or,
Merci pour toutes ces phrases cachées, couchées ou tordues,
Ces phrases que je me suis tant évertué à redresser et à remettre debout,
Ces phrases insipides, auxquelles il avait fallu redonner saveur et lueur,
Autant qu’aux idées mortes que j’avais du plaisir à aller chercher pour les rappeler à la vie !

Pour mon pays,
J’aurais voulu encore passer de longues nuits de solitude,
À remuer les méninges,
À griffonner sur mes cahiers d’écolier,
À toujours chercher çà et là,
Des bouts de papiers jetés pêle-mêle,
Tel un tas de détritus jonchant la surface de mon petit bureau d’Élève Certifié et Écrivain public du Village Guitilitimö !

Et voici que j’ai décidé de ranger ma plume,
Une plume alerte et aiguisée,
Toujours prête à offrir aux compatriotes,
Toutes les lignes qu’ils aimaient lire autant qu’entendre,
Au sujet de leur pays et de leurs dirigeants.

Mais à la vérité,
Sur ce champ qui n’est pas le mien,
Je n’étais qu’un passant à la recherche d’une vérité glissante et toujours insaisissable.

Aussi, dans cette quête de vérité,
J’ai connu des moments de plaisir,
J’ai connu des moments de détresse et de tristesse,
Des moments de frustration et de colère,
Des moments que ma plume a su traduire en milliers de mots le long de centaines de pages écrites !

Je me suis certes fait beaucoup d’amis,
Mais j’ai aussi appris à coexister avec une légion d’ennemis,
Convaincu qu’à l’heure du jugement dernier,
Seul Dieu reconnaîtra les siens !
Quant à moi, point de différence entre les uns et les autres.
Car à dire vrai, l’hypocrisie de ceux qui vous caressent dans un sens, alors que dans l’autre ils vous détestent et passent leur temps à vous poignarder au dos, n’a d’égal véritable, que la haine que nourrissent à votre égard, détracteurs et fossoyeurs!

Quoiqu’il en soit,
Moi qui n’aime rien tant que vivre ma vie,
Je persiste et signe :
Quand bien même mon verre est souvent vide,
Je bois et boirai encore, dans ce même verre dans lequel j’ai toujours bu !
Et tant pis si aujourd’hui j’ai cassé ma plume,
Cela vaut mille fois mieux que de casser sa pipe !
Dieu merci, sur cette pipe mienne, fut-elle sans tabac,
Je tirerai encore de très longues années durant !

À vous chers amis lecteurs qui m’écoutez,
Vous qui avez toujours aimé partager mes délires,
N’hésitez surtout pas,
Au gré de l’une de vos randonnées habituelles,
À venir me rendre visite à GUITILITIMÖ,
Mon petit village où j’ai souhaité désormais me retirer,
Espérant y passer de beaux temps et le restant de mes vieux jours,
En compagnie de mes frères villageois,
À cultiver notre jardin et à nous occuper de nos oignons,
Loin des brouhahas et toutes les « folies » de la ville.

Venez donc tous et point n’hésitez !
Vous êtes tous invité à goûter au « clochard nouveau » mon vin préféré !
Dites! N’est-ce pas si bon de passer des heures ensemble en se disant :
« Te rappelles – tu cher ami…? »
Question de tromper le temps, et de se souvenir des souvenirs de ce passé qui passe
Et de toutes ces heures qui blessent en attendant que la dernière ne nous emporte !

À tous et à chacun,
Du fond de mon cœur ouvert je vous dis :
MERCI pour ces bons moments d’écriture et de lecture passés ensemble.
Encore une dernière fois,
D’ÉCRIRE, J’ARRÊTE MAINTENANT : MERCI, AUREVOIR !

Guy José KOSSA
GJK Levillageois
Élève Certifié de l’Enseignement
Primaire,Tropicale et Indigène (CEP-TI)
Écrivain Public du Village Guitilitimö

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