Chronique du Village Guitilitimô

CVG-07 : L’ASSOCIATION DES MALFAITEURS – Partie II: CABINET TK-TG

Tout alla si rapidement pour le Cabinet TK-TG. Ses fondateurs, Tante Sioni-yanga-c’est-notre-tour, et Oncle Ganatênê alias « Mille Diplômes », respectivement sœur aîné et frère cadet de Macathy, la Présidente de la Transition, furent  eux-mêmes, très surpris, de son « rayonnement » supranational.

En effet, qui point ne connaît, cet imposant immeuble de trois étages, sis au quartier Lakouanga à Bangui, magnifiquement construit et visible à plus de 3 kms à la ronde? Même le passant pressé et l’inconnu préoccupé, ne peuvent poursuivre tranquillement leur chemin, sans s’arrêter absolument, question de jeter un coup d’œil admiratif à cette « insolente » bâtisse. En haut de l’édifice, sur ses quatre façades très larges, l’on peut voir très distinctement, de belles lettres tracées dans plusieurs couleurs parfaitement agencées, et lire clairement, cette seule et même inscription :

CABINET TK-TG
CONSULTANTS MANAGERS
EN TECHNIQUES D’APPROCHE DES CERCLES
DE DECISIONS ET DE NOMINATIONS INNOVANTES

C’est en effet, à cet endroit précis, que se trouve, le siège de l’institution originale sortie de l’imagination extrêmement fertile, de Oncle Ganatênê alias « Mille Diplômes ». Comme vous devez le savoir, chers fidèles lecteurs des chroniques du village GUITILITIMÔ,TK-TG,  le sigle du nouveau cabinet dont la renommée ne cesse de croître, n’est autre que le condensé du très évocateur Têka-mö-Têgue, le patronyme, du bougre défaillant époux, de la Tante Nationale. Ce sigle, a été opportunément choisi par le maître à penser, Ganatênê, qui, pour convaincre sa sœur aînée alors dubitative, avait eu recours à une majestueuse démonstration théorique très persuasive, en avançant les explications suivantes : « Tu sais, yaya, – chère aînée – en choisissant TK-TG, cela nous expose certes, mais pas trop. D’une part, les oreilles des clients et passants qui lisent notre enseigne, capteront systématiquement, la douce sonorité musicale, de ces quatre lettres de l’alphabet français construites en deux syllabes, TK-TG, très facile à prononcer et à retenir; d’autre part, les esprits disposés, se remémoreront aisément l’existence de notre entreprise. Tu vois, yaya, un Cabinet doit ratisser large, et aller chercher ses clients dans tous les coins et recoins où ils sont susceptibles de se terrer. Comme tu le sais, Têka-mö-Têgue, signifie, sans limites et sans frontières, autrement dit, partout où besoin sera. Notre Cabinet devra « Creuser, fouiller, bêcher, deçà delà, ne laisser nulle place où la main ne passe et repasse ». Nous devons frapper au portefeuille de chacun sans exception: Que tu sois parent ou non, déjà nommé ou en attente interminable et stressante d’’une fonction; riche ou pauvre, de droite ou de gauche, de la mouvance transitionnelle, ou de l’opposition quémanderesse. Tout le monde doit y passer. Voilà ce qu’on appelle cabinet d’affaires et de consultants, tel que ceux que j’ai fréquentés, sous les cieux des lointaines terres habitées par de vrais blancs. C’est là-bas dans ces pays que j’ai acquis mon expertise et perdu tous mes cheveux.». Qui dit mieux ?

Des fois, à entendre oncle Ganatênê alias Mille Diplômes, on ne peut s’empêcher, à contrario, de se satisfaire d’avoir suivi, Dieu merci, les très sages enseignements, dispensés autrefois au coin du feu, par le patriarche, vieux Mbi-na-ala-Midowa.

Pour nous instruire, le vieux Midowa, avait l’habitude de répéter ceci : « sur les terrains de jeux très éprouvants de la vie humaine, rappelez-vous à tout instant, que l’esprit malin est toujours en avance, sur  l’esprit du bien et du refus de toute compromission. De même, tandis que le vice, source d’inquiétude permanente, se révèle généralement charmant coureur de vitesse, la vertu est un intrépide marathonien. Elle procure assurance, paix et sérénité dans toutes les épreuves de la vie, que celles-ci soient heureuses ou temporairement tristes. Observez dans les cercles du pouvoir en RCA par exemple, et voyez avec quelle maestria, quel panache, voire quel « talent » diabolique, certains individus tuent en même temps qu’ils simulent les victimes. Pensez-vous qu’ils soient en paix avec eux-mêmes ? Par ailleurs, beaucoup de pourfendeurs invétérés d’hommes d’état Centrafricains, se sont quelque fois métamorphosés sans transition, en thuriféraires officiels du pouvoir. Quand ils vous mentent avec la conviction de dire la vérité, ils ont en plus, le courage de vous regarder droit dans les yeux. Sous votre œil effaré et votre air hébété, les mêmes personnes, sans état d’âme, sans gêne apparente et sans inquiétude aucune, circulent depuis plus de vingt ans, d’un régime à un autre. Pire, ces équilibristes politiques dangereux pour le pays, disent à chaque changement, servir l’Etat et non un Homme. Ils se foutent en fait pas mal des honnêtes citoyens, et se plaisent à narguer tous ceux qui croisent leur chemin. Ces filous de la pire espèce, courtisent à tout va, esquintent toute résistance anti-maffieuse, ou réussissent tout simplement, à embrigader tous les faibles d’esprit, soumis à leur irrésistible rouleau compresseur. Dès que de dignes et loyaux serviteurs de l’Etat, essaient de leur barrer le chemin, ils donnent à croire, qu’ils sont revêtus d’un redoutable karma luciférien, susceptible d’hypnotiser tout nouveau locataire du Palais de la Renaissance. Pour convaincre l’incrédule de leur « invincibilité », ils se vantent en général d’être les vrais dirigeants du pays. Ce qui n’est peut-être pas tout à fait vrai, n’est cependant pas tout à fait faux. Car, comment comprendre que la plupart des tenants du pouvoir suprême, une fois arrivés sur leur fauteuil de commandement, deviennent si méconnaissables, en l’espace de si peu de temps? Naguère encensés et portés au pinacle de la gloire pour leur activisme « droit de l’hommiste », ces leaders à l’épreuve du pouvoir, se révèlent très piètres dirigeants. Alors, leurs convictions dites citoyennes, et leur engagement auprès des populations en tant que militant de la société civile, n’étaient-il que du pipeau ?

Ainsi donc, le manque de toute éthique dans les milieux politiques Centrafricains, va servir de terreau de prospérité aux affaires du Cabinet TK-TG. Tante Sioni-yanga-c’est-notre-tour dite Tante Nationale, va en un mois, se découvrir multimilliardaire en CFA. En effet, oncle Ganatênê, à la recherche d’un « enrichissement légitime », aura très bien compris les faiblesses de tous ceux qui veulent arriver dans l’entourage de Macathy, faiblesses qu’il va pouvoir en tirer profit.

Ganatênê, Consultant et DGA du Cabinet TK-TG, s’occupa d’abord de sa sœur aînée et partenaire en affaires Tante Sioni-yanga-c’est-notre-tour. Il la fit passer sans plus tarder, dans un « garage » de beauté et esthétique, où l’on essaya, à coup de pommade l’oréal antirides et botox, de lui refaire à fond la caisse, « carrosserie, tôlerie et peinture », très abîmées par l’âge et les dures épreuves de la vie. On réussit tant bien que mal, à la rendre à peine physiquement présentable aux clients, qu’elle doit de temps à autre recevoir en sa qualité de PDG. Mais surtout pour faire monter les enchères..

Ensuite, Ganatênê, battit le rappel de la gent féminine familiale en déshérence. Au fait, par ces temps qui courent, qui ne rêve point faire partie de la famille présidentielle, même de très loin ? Aussi, pour acquérir la « nationalité » ayant le vent en poupe actuellement en RCA, le Cabinet TK-TG, se spécialisa entre autres, dans les célébrations officieuses de mariages, fiançailles, concubinages et flirts, dont sont friands tous les candidats en attente de déploiement rapide à un poste de responsabilité. Tout compte fait, de nos jours, grâce au Cabinet TK-TG, l’on peut trouver des Gbanziri originaires de Bangassou, Paoua, Bossangoa, Birao etc…Ce qui surprend, c’est que tous ces Gbanziri d’adoption opportunistes d’aujourd’hui, sont les mêmes, qui se vantaient  hier de leur appartenance ethnique Gbaka, Yakoma, Sara-Kaba, Gbaya ou goula.

Décidément, la Centrafrique rend fou !

Dans la série de ses prestations, le Cabinet TK-TG, grâce à ses réseaux « 10% », a aussi la mainmise sur les marchés d’état de la Présidence, des  ministères et des sociétés d’Etat, pour les fournitures de bureaux, meubles, rideaux, assiettes et couverts etc…Demandez le prix d’un stylo à bille et l’on vous dira combien il a été facturé ! Sans compter tout ce que l’on sort du trésor à titre d’avance sur les marchés publics jamais exécutés.

La plus grosse part de prestations, contre toute attente, provient des « 10% », volontairement versés par des personnes déjà en poste, et qui vivent matin et soir, dans l’angoisse de leur révocation. Sans contrainte apparente, ce sont eux qui viennent au Cabinet TK-TG, chercher à nouer des relations avec la Tante Nationale, Oncle Ganatênê, et surtout les multiples sœurs cadettes de Macaty, créées de toutes pièces pour « infiltrer » les milieux et jouer les « rabatteuses ». L’on peut alors comprendre pourquoi, toutes les « grosses pointures » du pays, à commencer par les membres du gouvernement, font le détour quotidien du bar-restaurant  huppé du Cabinet TK-TG, avant d’arriver à leur domicile.

Quant aux missions officielles à l’extérieur du pays, c’est encore bien le Cabinet TK-TG, qui, grâce à ses réseaux très vastes, réussit à gérer les listes des personnes désignées contre « 10% ». Pourquoi alors s’étonner des compositions inutilement pléthoriques des délégations officielles? Mieux, il existe des missions imaginaires, celles où les représentants de la RCA arrivent à la fin des assises, ou celles où la personne n’as pas du tout quitté Bangui. On se demande comment cela se passe.

En définitive, qui gouverne la RCA? Il y’a de quoi craindre que Macathy, ne soit la victime innocente de la plupart des critiques formulées à son encontre. Devra-t-elle pour autant être absoute? Après tout, qui est la Présidente? Qui a été élue? Qui s’est entouré des Conseillers ethniques? Qui signe les décrets de nomination?

La Centrafrique rend fou. Et des centrafricains effectivement fous, tiennent à rendre les non-fous et les moins fous, absolument fous.

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GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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