Religion

Comprendre la doctrine sociale Catholique

Depuis plus d’un siècle, l’Église catholique confronte l’appel de l’Évangile aux questions de société. Une importante réflexion, ponctuée de quatorze encycliques, témoigne de son souci de justice sociale.

Qu’est-ce que la doctrine sociale catholique ?

La doctrine sociale de l’Église désigne les textes et la réflexion produite par le magistère catholique en vue d’incarner l’Évangile dans les réalités politiques, économiques et sociales. Son but est d’aider les catholiques à faire le lien entre la vie de foi et l’engagement dans la vie sociale. L’intervention de l’Église dans ces questions repose sur la conviction que l’Évangile est indissociable d’une recherche de justice, qui ne se joue pas seulement au niveau individuel mais aussi au niveau social. 

« Ils s’éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais que nous marchons vers la cité future croient pouvoir, pour cela, négliger leurs tâches humaines, sans s’apercevoir que la foi même (…) leur en fait un devoir plus pressant », écrit le concile Vatican II (constitution Gaudium et spes, n. 43). L’enseignement social catholique se compose de quatorze encycliques dites « sociales », rédigées par les papes et récemment réunies dans un Compendium (1), ainsi que de nombreux documents produits par les conférences épiscopales du monde entier.

D’où vient-elle ?

L’encyclique « Rerum novarum », signée par Léon XIII en 1891, est l’acte de naissance de la doctrine sociale de l’Église. Confrontée à une perte de son influence sociale et à sa marginalisation (liée à son refus de la modernité et de la démocratie au XIXe siècle), l’Église cherche une nouvelle manière de faire vivre les valeurs qui lui tiennent à cœur dans une société marquée par un libéralisme débridé et la montée des socialismes.

Léon XIII, qui deviendra un pape « rouge » aux yeux des catholiques conservateurs de l’époque, marque dans « Rerum novarum » sa sollicitude pour le monde ouvrier, exploité et méprisé, vivant sans protection sociale et sans protection de l’État. « La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre et la multitude a été laissée dans l’indigence », dénonce le pape.

Quels sont ses piliers ?

Réalité mouvante, car en constant ajustement, la doctrine sociale de l’Église catholique s’est peu à peu sédimentée autour de grands principes régulateurs :

–       affirmation de la dignité de tout être humain,

–       bien commun et destination universelle des biens,

–       subsidiarité et participation de tous à la vie sociale,

–       solidarité et droits de l’homme.

Comment a-t-elle évolué ?

L’évolution de l’enseignement social est indissociable de celle des sociétés européennes, puis de la société internationale. Avec le même objectif – la foi doit irriguer la vie sociale -, ce pan de la doctrine de l’Église va successivement aborder les problèmes idéologiques dans les années 1930, l’urbanisation, l’industrialisation et les questions de développement dans les années 1960, la guerre et la paix pendant la Guerre froide, les questions de justice dans les années 1970, le travail et le chômage dans les années 1980…

Où en est-elle aujourd’hui ?

La doctrine sociale catholique ne suit pas une simple pente descendante qui irait du sommet de l’Église vers sa base. Elle ne peut être déconnectée des engagements et de la recherche des chrétiens et des associations chrétiennes. … Aujourd’hui encore, l’action et la réflexion des croyants sont essentielles. Parmi les chantiers dont ils se saisissent, on peut citer les migrations et la défense des droits des migrants, la solidarité et l’exclusion, le développement durable et la sauvegarde de la création, ainsi que la réflexion sur la mondialisation.

L’évolution récente des sociétés impose aussi un ajustement du discours de l’Église, qui n’est pas intemporel. « Beaucoup de choses ont changé depuis Centesimus annus, dernière grande encyclique sociale, parue en 1991, témoigne le P. Baudoin Roger, titulaire de la chaire de recherche en morale sociale au Collège des Bernardins. Questions d’environnement et de développement durable, mondialisation et intégration des processus de fabrication au niveau mondial, dérégulation et financiarisation sont devenues des réalités importantes. »

…Pour le P. Roger, la crise internationale remet la réflexion sociale de l’Église au cœur de l’actualité : « Depuis longtemps, l’enseignement social de l’Église souligne que prêter de l’argent n’est pas un acte neutre, car cela crée une alliance, un lien durable entre deux parties. Cela nous saute aux yeux aujourd’hui avec la crise bancaire. C’est donc le moment de s’interroger : quelle consommation voulons-nous ? Comment répartir les fruits de la croissance ? Quelles richesses développer ? Comment articuler le politique et l’économique ? » Autant de questions qui sont au cœur de la doctrine sociale de l’Église…

Elodie MAUROT

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