Chronique de GJK

LA CENTRAFRIQUE REND FOU

« Entre tous les ennemis, le plus dangereux est celui dont on est l’ami. » (Alphonse Karr)

Ce vendredi soir du début de weekend dernier, un certain  inconnu, auto-proclamé «  très fidèle lecteur de Centrafrique Libre », sans doute convaincu de posséder son talent et son art consommé de séducteur trompeur professionnel, se plut, non sans un certain lyrisme ensorceleur parfaitement maîtrisé, dont je m’en serais bien passé, à couvrir d’éloges ma petite personne, et à louer ma plume de gratte-papier, semble-t-il, belle, juste, nette et incisive. Ce qui, d’après mon interlocuteur, qui s’entretenait avec moi au téléphone, l’aurait amené, il y’a juste un mois, à se réconcilier enfin,  avec la presse centrafricaine, jusque-là caractérisée,  toujours d’après cet inconnu charmeur,  par « la qualité rédactionnelle très approximative et hésitante de sa production, et remarquée  par ses analyses,  d’une objectivité douteuse ». Tout cela pour à la fin, c’est d’ailleurs là où il voulait en venir, m’annoncer le plus sérieusement du monde et sans sourciller, ce qu’il a qualifié lui-même, de plus grand scoop de l’année : Le fils de la Présidente de Transition, Chef de l’Etat Centrafricain, un certainStéphane Sappot, interpellé par la police française des frontières,  à l’entrée  de l’aéroport Roissy Charles De Gaulle,  en possession de la rondelette somme en liquide d’une valeur de 35.000 (trente-cinq mille ) euros ,  soit exactement 22.958.250 FCFA !

Machinalement, je m’entendis reprendre, Stéphane Sappot, fils de MmeSamba-Panza, élue Présidente  au nom du peuple centrafricain, par leCNT (Conseil National de Transition),  il y’a à peine deux  mois, pour conduire la difficile Transition centrafricaine,  cet enfant que, par ailleurs, tout le monde dit pressenti, pour prendre le poste très convoité de Directeur National de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC-  Bangui)

De quoi retenir son souffle ! Cependant, sans me départir de mon calme et sans enthousiasme particulier, le plus naturellement du monde, et comme l’aurait fait n’importe qui à ma place, par simple réflexe « professionnel », j’ai tout de suite demandé à mon interlocuteur, s’il détenait et pouvait me fournir, la moindre preuve ou le plus petit indice, voire un début de commencement de preuve, pouvant justifier et confirmer l’information qu’il venait de me faire le plus grand honneur, de  me livrer. Le silence observé à l’autre bout du fil, suivi quelques secondes, par la tonalité de raccrochement, me laissa le soin, de tirer ma première conclusion. Encore une de ces nouvelles  infondées, qui entraînent  toujours la même interrogation, à laquelle on  s’entend répondre à peu près toujours de la même manière : « Non, je n’ai pas été personnellement témoin des faits. Mais néanmoins, je puis vous assurer, au nom de mon défunt père et sur les deux seins de ma chère maman décédée en couches, et  dont je ne prononce jamais gratuitement le nom, ce que je vous dis, c’est la vérité vraie, la vraie vérité. C’est d’ailleurs, mon ami, un frère d’enfance qui ne m’a jamais menti, qui vient de me filer l’information,  il y’a juste cinq minutes. Lui, il la tient de l’ami du grand-frère de l’ami de la tante du frère de l’oncle du cousin de la sœur du frère au collègue du père du copain de l’épouse du confrère à nos collègues qui travaillent à l’aéroport, dont l’un a téléphoné tout de suite à Bangui à mon grand frère, Conseiller à la Présidence et ami intime de l’intime amie de la Chef de l’Etat qui parlait à son fils au téléphone quand, son chauffeur a écouté derrière la porte du bureau où elle ne se trouvait pas. » Allez-y comprendre !

Décidément, la Centrafrique rend fou. Et des centrafricains effectivement fous, tiennent à rendre  les non-fous et les moins fous, absolument fous. En plus, ils savent très bien s’y prendre, et choisir leurs victimes. Ceux qui ont une certaine assise sociale.

Dans un article au titre évocateur, « Je suis centrafricain, et tout ce qui est centrafricain m’est ennemi ?, publié par Centrafrique Libre il n’y pas longtemps, on peut lire ces quelques lignes : « Le Centrafricain n’aime pas le Centrafricain, c’est connu.  Tout Centrafricain  autant qu’il est, au moins une fois, a fait l’amère expérience  de la  jalousie,  de la haine,  ou des dénonciations calomnieuses, lesquelles ont souvent eu pour effet, de déstabiliser durablement, atteindre profondément le moral, et ébranler les fondements d’une existence réussie et solide.  Il en est ainsi par exemple, des Centrafricains aisés, qui, à force de leur opiniâtreté au travail, ont souvent  réussi, « à la sueur du front », à bâtir une vie professionnelle, familiale et sociale à l’abri du besoin. Cependant,  il se trouvera toujours quelque part, tapis dans l’ombre, des âmes en déperdition et des esprits égarés, pour porter contre ces personnes, des accusations les plus graves  et infondées, de magie, sorcellerie ou tout autre pratique occulte. Le centrafricain est l’ennemi de la réussite de l’autre. Il cherchera, par simple désir de nuire, à porter dangereusement  atteinte à l’honneur de son alter ego, fut-il son propre frère. Honni soit qui mal y pense. Cette  gangrène centrafricaine, prend sa source généralement, au niveau des familles, s’étend au quartier, se propage  à la région, avant d’envahir malheureusement,  chacune des couches de la société, et le pays tout entier. » .

Evidemment, quand on n’a rien à se reprocher, Dieu, le temps et l’Histoire, finissent tôt ou tard, par rendre justice. Et ceux qui accablent inutilement les autres, se retrouvent toujours, à un moment ou à un autre de leur vie,  en train de se voir  payer en retour,  par la  honte, l’ignominie, l’infortune et les afflictions qui s’abattent sur eux et leur progéniture. Qui a vécu par l’épée, périra par l’épée.

On se rend bien compte que,  chez les Centrafricains,  le degré de jalousie,  de  haine,  ainsi que  des faits de  dénonciations calomnieuses, augmentent  proportionnellement chez les « méchants »,  au fur et à mesure que les « justes »,  gravissent les échelons du bien-être social. Et quand s’y mêlent les luttes intestines sans merci, bassement alimentaires, auxquelles nous ont habitués nos piètres et soi-disant hommes politiques, surtout tous ces petits-vieux installés en France, il y ‘a de quoi rendre absolument fous, l’être humain le plus positif  qui soit.

Aujourd’hui, je suis tenté de dire, pauvre Catherine ! Que te veulent ces Centrafricains, que tu es venue sauver de l’insécurité, de  la misère et du sous-développement mental et économique ?  Voilà que maintenant, même ton simple rot, s’entend à des dizaines de milliers de kilomètres à la ronde. Impossible pour toi maintenant, malheureusement, de faire confiance,  même pas à ton ombre et à ton sang.

Mais tout en disant cela, je veux que l’on me comprenne bien. Mon rôle à moi, n’est pas de condamner pour condamner qui que ce soit. Moins encore, je ne saurais être un spécialiste de « démenti catégorique », chargé  de défendre, à n’importe quel prix, n’importe quel  rejeton, fut-il,  fils ou fille d’une Présidente de la République. D’ailleurs, les Centrafricains,  moi le premier, sont tous échaudés par les réalités d’un passé très récent. Chacun  conserve encore en mémoire,  et porte un tant soit peu en lui, sur son  corps et dans son cœur, les terribles stigmates des souffrances, laissées par « les fils à papa » et autres « sais-tu qui je suis ? » ou « tu me connais ?» de la République,  naguère et toujours livrée aux appétits  des criminels en tout genre.

Aussi, exactement comme font les personnes de mauvaise foi,  quand parviennent  à leurs oreilles, une « rumeur », je me suis décidé à examiner « la rumeur Stéphane Sappot » d’un autre point de vue, en posant la question suivante : « après tout, qu’est ce qui prouve que ce qui a été dit n’est pas vrai ? ». Ce à quoi, je veux répondre, en m’adressant  directement à Mme Cathérine Samba-Panza, Fille-sœur-Femme-Epouse-Mère Maman de tous les Centrafricains, comme elle aime à se nommer elle-même. A ce titre, je puis me permettre de me passer du « vouvoiement »  entendu et protocolaire, pour  livrer  le message simple et  sans fioritures aucune,  que voici :

« Bien chère Catherine, Sœur et Fille aînée de la République,  tu ne vas pas, tu ne peux pas, tu n’as pas le droit, de faire ce coup au peuple centrafricain qui a tant souffert,  s’il te plaît, et je t’en prie ! Franchement, personne, aucun Centrafricain  ne croit, ne peut croire, ce que comme beaucoup d’autres, mes oreilles ont entendu et mes yeux ont lu : 35.000 euros soit exactement 22.958.250 FCFA pris aux Centrafricains,  et retrouvés dans les poches de ton fils à Roissy ? Un fils que tu t’apprêterais à parachuter, à sacrifier, à exposer, à afficher  comme INSOLENCE aux yeux des Centrafricains ? Personnellement, je te dis que je ne crois rien, et rien de chez rien,  à cette terrible rumeur. Je ne crois pas. Dans l’absolu, « je ne crois pas », signifie simplement,  j’ignore si c’est  une  vérité, ou  un mensonge. Autrement dit, vrai ou faux, saura-t-on jamais peut-être ! Et c’est justement pour cette raison,  que je t’écris pour te le dire directement à toi,  Fille-sœur-Femme-Epouse-Mère Maman de tous les Centrafricains, toi seule, à qui  le peuple dans sa souveraineté totale, a  fait l’honneur,  à travers le CNT,  de désigner Présidente de la Transition , et te confier ainsi, de fait et de droit,  la direction du trouble destin de la Centrafrique tout entière. Tiens et écoute!

  • Une  première fois, tu as annoncé haut et fort devant le  peuple, un gouvernement de 18 membres. A l’arrivée, on a décompté un total de 20 Ministres ; le peuple n’a pas voulu en faire grand cas.
  • Une seconde fois, ceux à qui, toi et le Premier Ministre (PM), avez bien voulu faire confiance,  vous ont aligné, le maximum de noms de ministrables  de l’ethnie  Gbanziri et apparentés ;  le peuple te l’a reproché, sans  t’en tenir absolument rigueur.
  • En troisième lieu, toi et le PM, avez constitué,  chacun au niveau de son cabinet à la Présidence et à la Primature, son petit gouvernement autonome, de « Ministres-Conseillers », Conseillers et Experts, et autres Chargés de Mission « sans portefeuille ; le peuple a préféré retenir son souffle.
  • Au nom de tes relations et amitiés  personnelles, tu as cru devoir imposer à la République et céder ton fauteuil de Maire, à Hyacinthe  Wodebode,  une ancienne collègue de l’UCAR (Union Centrafricaine des Assurances et Réassurances) ; le peuple feint de fermer l’œil gauche,  mais rassure-toi, le côté droit, restera grand ouvert.
  • Le peuple a appris, que  tu as appelé ta propre fille pour venir  partager ton bureau de la Présidence, comme chez toi à la maison ; il s’est souvenu de Mitterrand et son fils Christophe « Papa m’a dit », Chirac et sa fille Claude chargée de sa communication personnelle, les Bongo,  SassouWadeDébyEyadéma,  Bozizé, Kabila, Kéïta et autres ;  et le peuple s’est  dit, tu n’es pas la première, et il n’y a  là, aucun crime contre la République .

Je m’arrêterai là pour l’instant.

Aujourd’hui, le peuple  veut te dire  simplement : si les rumeurs qui circulent, venaient à se confirmer, ce qu’il  n’ose même pas s’imaginer,  il  te déclarera une guerre sans fin, jusqu’à la fin du  régime de transition, qu’il est  pourtant engagé  à soutenir,  à la seule et unique condition que ce régime se convertisse absolument au Centrafricanoptimisme rigoureux et sans faille: Pour la Centrafrique d’abord, toute la Centrafrique, rien que la Centrafrique !

Heureusement pour toi, comme pour moi, Cathérine, une rumeur, quelle qu’elle soit, reste une rumeur, même si elle fait des victimes au passage : Le Centrafricain n’aime pas le Centrafricain et, moi-même, simple citoyen, pour avoir  été victime des propos calomnieux les plus fâcheux, des insanités les plus désagréables, des médisances les plus inattendues, je sais de quoi je parle, et peux témoigner  du chagrin que cela peut causer. Tu n’es ni la première personne en RCA, ni la dernière, à être ainsi traitée. Chacun a connu ses heures de « matraquage moral ». Il faut vaincre le signe indien.

Pour conclure, rappelons le plus grand respect que tous,  nous devons à la démocratie,  comme le témoignent certaines personnalités et hommes politiques épris de justice et de paix.

Martin Ziguélé,  l’Aîné et Ancien des bords de la Tomi,  Président du MLPC qui semble mieux te connaître, t’a rendu,   à travers sa  grande interview réalisée à Bamako le 18 février 2014, le plus grand hommage qu’un  homme politique centrafricain vivant,  n’ait jamais  rendu à « un » autre : « Madame Samba-Panza est une femme très forte, sur le plan mental. Elle s’est toujours battue jusqu‘à être cadre dans le secteur privé et dans d’autres postes de direction. Ensuite, elle a créé sa propre entreprise, s’est investie dans le champ social en participant à plusieurs reprises dans les mécanismes de suivi du dialogue en Centrafrique. Elle a été présidente de l’association des femmes juristes en Centrafrique, défenseur des droits de l’homme avant d’être maire de Bangui jusqu‘à la présidence de la transition. Je lui fais confiance et il faut qu’elle réussisse sa mission. Si elle échoue, c’est le pays qui va sombrer. »Comprenne qui veut.

En définitive, plus haut  on se situe sur l’escalier, plus exposé on se retrouve, et si l’on y prend pas garde, plus brutale et fracassante  est la chute. C’est pourquoi, «Quand tu  montes  à l’échelle,  souris à tous ceux que tu dépasses, car tu croiseras les mêmes en redescendant ».

Puisse Dieu te garder de tes enfants, ta famille, ta belle famille, et particulièrement  tes nombreuses amies subitement « revenues à la vie »  et remises en selle. Quant à tes ennemis, tu peux  t’en charger, et le peuple avec toi (paraphrase de Voltaire).

A bon entendeur, avançons ! »

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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