EN VEDETTETribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : QUELLE GOUVERNANCE ?

Par Adolphe PAKOUA

Un abbé, deux enseignants, un agronome, trois militaires. La mangue centrafricaine semble se faire partager entre l’armée et l’éducation nationale.

L’armée car la force, quand elle veut s’exprimer, fait usage de toute sa puissance, pour ne plus tenir compte de la faiblesse de celui ou de ceux qui sont en face, mais pour faire régner sa volonté.

L’éducation nationale, parce que c’est le flambeau, la lumière qui doit indiquer son chemin à un peuple, pour faire le jour dans les ténèbres.

Avec les militaires, nous avons connu le régime le plus dur qui nous a amenés la dictature, l’empire et qui a désarmé l’armée, pour ne conserver qu’une ossature destinée à la protection des intérêts de la famille et d’un clan d’amis. La Séléka a vu la brèche qui s’est ouverte pour entrer avec des mercenaires et prendre le pays en otage.

Des élections « régulières » ont vu le jour, pour permettre au peuple de se choisir des dirigeants dignes de défendre ses intérêts, de protéger ses biens et d’assurer sa sécurité.

Après près de deux années d’exercice du pouvoir, les hommes chargés d’assurer ces prérogatives étatiques ont fait leurs preuves, pour faire qu’aujourd’hui et depuis un peu plus d’une année, les groupes armés ont fleuri dans le pays, pour en occuper 14 des 16 préfectures que compte le pays. Les deux autres préfectures, qui apparemment semblent en paix, sont exploitées par des entreprises privées pour la plupart forestières, qui mènent leurs affaires comme bon leur semble, l’État étant très éloigné pour suivre leurs cahiers des charges.

Conclusion : l’État n’existe pas car BANGUI, où le pouvoir réside et exerce le peu de prérogatives qui lui restent, n’est pas le CENTRAFRIQUE.

Des cris se sont élevés depuis Avril 2017 pour demander un changement radical de gouvernement, des rumeurs de remaniement ont couru depuis cette date, et comme une femme qui doit accoucher après neuf mois de port de son embryon, un nouveau gouvernement a vu le jour, pour bluffer le peuple et lui faire croire qu’il va y avoir du renouveau dans la gestion des affaires centrafricaines. Et dans ce renouveau, seule la mise en touche du ministre de la Défense semble avoir retenu l’attention de tous, avec une petite intrusion de deux hommes d’affaires, qui pourraient tout changer dans la nouvelle gouvernance.

Le Président centrafricain est un universitaire, le Premier ministre aussi, et l’attelage aurait fait rêver plus d’un pays africain.

Malheureusement le bilan des résultats obtenus n’est pas au rendez-vous des attentes, et le pouvoir demande la patience au peuple, la tâche étant trop rude.

Quand on compte chaque jour des morts dans le pays, à cause de mercenaires incontrôlés mais bien connus, bien localisés qui auraient dû être cantonnés pour avoir des mouvements réduits et contrôlés, est-ce au peuple de faire ces tâches pour vivre en sécurité sur ses propres terres ? On nous dit qu’il y a la MINUSCA sur le terrain. Alors quel est son rôle quand elle déclare qu’elle n’est pas venue faire la guerre à la place des centrafricains ? Le message peut-il être entendu des autorités centrafricaines ou faut-il le leur livrer en sangho pour qu’il soit compris ?

En tant qu’enseignant et ayant des collègues aux commandes de ce pays, je ne peux que ressentir une certaine amertume quand on sait que l’avenir d’un pays repose sur sa jeunesse, donc sur l’éducation de cette jeunesse dont les enseignants ont une part prépondérante.

Et quand les enseignants aux commandes d’un pays échouent, c’est le désespoir qui s’instaure dans l’esprit du peuple.

Comment ne peut-on pas comprendre ce simple constat de bon sens ?

Chers dirigeants de ce Centrafrique qui m’est si cher, prenez-moi pour un opposant comme c’est la règle dans le pays, et vous aurez tout faux, comme il en est des remarques sensées de certains compatriotes, qui ne faisaient que dire la vérité.

Et si la vérité doit nous fâcher au point de nous amener à réduire notre pays à l’esclavage qui n’a pas encore dit son nom et qui semble pourtant frapper à notre porte, alors, bon vent à nous tous.

Par Adolphe PAKOUA

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