Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : LE POUVOIR DE TRANSITION ET SA POUDRE DE PERLIMPINPIN

Par Adolphe PAKOUA

Une vague de violences à Bangui, émaillée d’une lourde perte en vies humaines, un retour précipité de New York pour venir essayer d’éteindre le feu à la maison, une déclaration expéditive au perron de l’Elysée pour confirmer que les élections, qu’elles soient mal organisées ou plutôt mauvaises, auront bien lieu avant la fin 2015, voilà les ingrédients d’une cuisine qui vont donner l’idée au pouvoir de transition de Bangui, d’organiser à la hussarde une concertation avec ce qu’il est convenu d’appeler « forces vives de la nation ».

Si l’on s’arrête un peu sur ce terme forgé de toutes pièces par la classe politique souvent dirigeante, on s’aperçoit très vite que c’est une expression vide de sens, qui n’a de sens que parce qu’on veut faire croire à certains naïfs, qu’ils jouent un rôle de premier plan dans la construction du pays et qu’ils constituent donc les forces vives de la nation. Mais qu’est-ce donc une force vive de la nation si ce n’est pas tout cet ensemble d’hommes et de femmes encore vivants, qui utilisent la force de leurs bras pour continuer à vivre sur cette terre où leur existence est un véritable combat ? Alors, comment est-ce possible de faire une concertation avec tout cet agglomérat si important d’hommes et de femmes comprenant très mal le fonctionnement d’un gouvernement si ce n’est pas pour choisir entre eux, les quelques têtes favorables au pouvoir en place et qui peuvent l’aider à conduire sa barque, quand bien même le cap serait mal fixé ou fixé avec des orientations calculées et savamment camouflées ?

Dans le pic de sa crise, le CENTRAFRIQUE avait besoin d’une concertation nationale qu’on a habillé des oripeaux d’un Grand Forum de Bangui.

Cette conférence, bien que convoquée à bon escient et incluant quelques rares sommités de la classe éclairée de la vie publique centrafricaine pour produire des résolutions fortes en vue de sortir le pays de son marasme, a vite rejoint la poubelle des conférences nationales, sans que cela puisse interpeller les acteurs et participants majeurs de ce  rassemblement aux allures faussement démocratiques.

Les autorités de la transition, qui ne semblent en rien gênées par le manque d’applications des différentes résolutions passées, ont compris qu’elles n’avaient qu’à ouvrir leur boîte de poudre, pour aveugler une fois de plus les centrafricains avec une « concertation des forces vives de la nation », manipulation supplémentaire qui n’a pas échappé à la vigilance de certains, qui l’ont balayée d’un revers de main.

Le drame dans toute cette affaire, est que les autorités de la transition n’ont rien compris, elles n’ont pas compris ce qu’est une transition et se laissent aller à caresser le rêve qu’elles sont de vrais personnages politiques, élus par le peuple et pouvant agir en son nom, en oubliant en toute « impunité », le fait qu’elles ne font qu’assurer un service intérimaire, avec une feuille de route bien définie au début de cette mission. Elles ont oublié cette feuille de route pour se mettre à improviser des « assemblées concertatives et participatives » en vue de trouver des échappatoires  à leur navigation aléatoire et défaillante, pour faire croire à une adhésion massive de leurs orientations calculées, par un grand nombre.

Aujourd’hui que la fin de la récréation a été sonnée par d’autres, les autorités de la transition convoquent leurs « forces vives », pour leur déclarer qu’en dépit de la démission des autorités de l’ANE, qu’en dépit du peu de temps qui reste, ajouté au fait qu’il ne reste plus qu’une infime somme d’argent pour couvrir le budget des futures élections, ces élections pourront bien se tenir avant la fin de l’année de 2015. Voilà la méthode qu’emploient les autorités pour noyer leur poisson.

Là où il ne suffit que d’un discours clair, suivi des actes, on préfère réunir du monde pour le prendre comme témoin, complice de ce qu’on voudrait ou qu’on ne voudrait pas faire.

La seule issue qui reste à la transition est de faire les élections le plus tôt possible car elle n’est plus crédible, elle n’est plus audible et tout ce qu’elle fera pour prolonger son existence sera mis au crédit de toutes ses défaillances transitionnelles qui ont tant coûté au pays.

Adolphe PAKOUA

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