Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : UN COMPLOT QUI NE DIT PAS SON NOM

Les informations qui nous arrivent aujourd’hui de CENTRAFRIQUE sont toutes des messages porteurs de deuil national. En effet, il ne se passe plus un jour sans que des affrontements en tous genres ne se manifestent çà et là, pour continuer à mettre la vie de la nation en branle-bas.

Aujourd’hui, c’est Fatima qui est en effervescence, une tourmente dans laquelle on déplore des dizaines de pertes en vies humaines à cause, semble-t-il, d’un affrontement entre des éléments de la Seleka et les Antibalaka.

Le pouvoir de BOZIZE est tombé voilà un peu plus d’une année, et tout comme la chute de M. KADHAFI a fait de la LYBIE un pays ingouvernable, le coup de force de la SELEKA, suivi de sa déroute, a fait du CENTRAFRIQUE un pays où personne ne peut plus dire vers quel horizon il s’achemine.

Les forces internationales ont beau être présentes dans le pays, elles ont beau mener des missions çà et là sur le territoire, l’impression qui se dégage de leurs actions et des résultats obtenus nous fait comprendre qu’on assiste à un jeu de cache-cache, entre les éléments armés et ces forces dites internationales, qui pourtant, vu leur nombre et la force de frappe qui peut être la leur, auraient pu venir, depuis bien longtemps, à bout de ces bandes irrégulièrement armées et certainement moins aguerries.

Quand il s’agissait de délester les SELEKA de leurs armes lourdes pour les escorter vers l’est et le nord du pays, l’opération s’était déroulée sans la moindre anicroche. Pas un seul coup de feu ne fut tiré, pas un seul mort déploré, pas le moindre incident inscrit dans l’agenda. Une opération menée de main de maître, tellement l’accord entre les parties concernées avait l’allure d’une danse nuptiale.

Aujourd’hui le KM5, le QG des seleka qui ne tient à peine que sur un kilomètre carré, est une véritable poudrière où les forces internationales ne peuvent même pas s’aventurer, un coupe-gorge qui empêche les centrafricains de circuler en toute quiétude et de dormir tout leur soûl.

Encore aujourd’hui, les antibalaka sont une force insaisissable, dont la coalition internationale armée ne peut freiner les élans.

Entre ces deux positions, se trouve coincé, le peuple centrafricain, dont le sang doit désormais grossir les ruissellements des eaux de Kokolo si ce ne sont celles du canal de Miskine ou de Yapéré.

Ailleurs, en province, dans certaines villes comme dans certains villages, le peuple est pris en sandwich, dans un étau qui ne desserre pas ses griffes.

Comment peut-on continuer à accepter de prolonger, certainement volontairement, une telle situation, si ce n’est pas à cause de certaines raisons cachées qu’on ne voudrait pas dévoiler à tout le monde ?

Comment ne peut-on pas décider de mettre un terme à une situation qui n’honore personne – que ce soit les forces internationales qui se ridiculisent de jour en jour en n’étant pas capables de neutraliser les groupes d’hommes armés qui sèment la terreur dans les deux camps – que ce soit le gouvernement centrafricain qui fait montre d’un laxisme insolent pour ne pas dire perfide quand il ne peut pas être assez ferme, assez convaincant pour montrer que la seule mesure à prendre pour résoudre assez rapidement le problème des bandes armées consiste tout simplement à équiper et à armer les FACA, pour les rendre opérationnelles sur le terrain, car elles constituent le seul bataillon connaissant le mieux le terrain et pouvant avoir une action plus efficace pour venir à bout des forces du mal – que ce soit les seleka ou les antibalaka qui, tôt ou tard, finiront par se rendre à l’évidence ?

Le complot consiste-t-il à laisser pourrir la situation pour n’avoir plus, en fin de compte, qu’à déclarer la partition du CENTRAFRIQUE et se couvrir ensuite de tout le ridicule qui cette fois-ci pourrait tuer, quand on sait que le Secrétaire Général de l’O.N.U. s’était rendu à l’évidence pour s’opposer à toute partition du CENTRAFRIQUE, position adoptée par François HOLLANDE, chef de l’État français, compte tenu de ce que la majorité des centrafricains eux-mêmes étaient loin, mais alors très loin d’imaginer une telle forfaiture, très loin d’accepter une manipulation éhontée venue de l’extérieur pour diviser une maison commune ?

Les centrafricains auraient dû faire preuve de beaucoup plus de perspicacité pour comprendre l’enjeu, qui se revêt aujourd’hui des oripeaux du complot.

En effet, en mettant en place un Conseil National de Transition composé d’individus acquis à sa cause ou de myopes incapables de voir plus loin que le bout de leur nez, la SELEKA n’a jamais perdu le pouvoir en CENTRAFRIQUE depuis qu’elle a chassé BOZIZE de son siège et depuis que leur enturbanné de chef a plié ses bagages pour l’Afrique de l’ouest.

La mascarade d’élection du Président de Transition, conduite sous l’égide du CNT, un organe mis en place par la SELEKA, n’était que de la poudre de Perlimpinpin car l’homme ou la femme qui devait sortir d’un tel scrutin, ne pouvait raisonnablement pas avoir des vues bien lointaines de celles de son « géniteur ». Ainsi, si NDJOTODIA est parti, rien n’a changé de la situation sécuritaire centrafricaine car la violence continue et quand bien même le nombre de tués aurait baissé, ce qu’il faut savoir, c’est que la vie d’un seul homme vaut tout autant que celles d’un millier.

Et dans ce méli-mélo de tueries, de laisser-faire, de « je vois, j’entends, je ne dis rien et je ne fais rien », l’odeur qui se dégage d’une telle cuisine est celle d’un repas empoisonné, un complot dont le CENTRAFRIQUE et son peuple sont les victimes expiatoires.

Adolphe PAKOUA

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